Limites de l'évaluation des réserves de pétrole - 27/11/2007

Conférences et réunions en rapport avec le pic pétrolier et l'épuisement des ressources naturelles.

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Limites de l'évaluation des réserves de pétrole - 27/11/2007

Message par Tiennel » 24 oct. 2007, 23:17

Une conférence d'Yves Mathieu (IFP), qui avait annoncé un fracassant pic pétrolier probable sur la période 2006-2009 il y a un an et demi dans le grand amphi de l'IFP.

Lieu : Palais de la Découverte (Paris)

Date et heure : 27 novembre 2007 à 18h30

Inscription obligatoire à petrole@palais-decouverte.fr

Je me suis inscrit, je ferai un compte-rendu ;)
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Lansing
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Message par Lansing » 25 oct. 2007, 13:36

Sympa, merci, je note.

Patrick

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Message par Tiennel » 27 nov. 2007, 20:35

J'en sors.

Nombreuses remarques intéressantes de la part de l'assistance, notamment E2100, qui ont permis à Yves Mathieu de repartir plus savant qu'il n'était en arrivant ;)

Je caricature un peu, mais l'orateur était aphone, le barco n'a marché qu'en fin de session et on n'a pas appris vraiment grand-chose sur le PO ou sur les réserves ultimes. Quelques (trop rares) chiffres sur les coûts de production et les limites de l'exploration en mer très profonde.

Pas de négation du PO, mais aucune date de toute façon.
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Message par Saratoga Elensar » 27 nov. 2007, 21:20

Merci pour ce compte rendu. :)

Et pour ce " pas grand chose appris " on peut avoir éventuellement quelques détails ?
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Message par Environnement2100 » 27 nov. 2007, 22:00

Au total, vu l'audience, je l'ai trouvé assez clair. J'ai bien apprécié les deux diapos avec la planète vue la nuit, une photo prise en 1970, et l'autre en 2005 : effet boeuf. Faudrait faire pareil avec les villes de plus de 5 millions d'habitants.

A la sortie j'ai discuté avec un Ecolo Plein Pot : un peu genre Y. Paccalet, bientôt la guerre et 2 milliards de morts, très gentil. Il m'a trouvé "plus ouvert que la moyenne". Comme quoi... :)
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Message par Tiennel » 27 nov. 2007, 22:05

Bon, voilà mes notes, elles sont loin d'être exhaustives car j'ai zappé toute la partie introductive : le pétrole, les réserves, les ressources, 1P, 2P, 3P toussa que vous trouverez bien expliqué ailleurs sur ce site ou sur wikipédia.

Quelques chiffres intéressants sur l'exploration-production
  • Sur terre, un forage sur 4 est fructueux (du pétrole de qualité, et avec un débit suffisant) malgré tout le travail de cartographie sismique des sous-sols. En mer (offshore), un sur deux car la cartographie est paradoxalement de meilleure qualité alors qu'elle est effectuée depuis la surface et non au contact direct du sol (les fonds marins sont moins accidentés et parasitent moins l'imagerie). Pour le gaz, presque tous les forages sont bons car on sait mieux "prévoir" l'emplacement des bons gisements.
  • coûts de production : $10 le baril au Moyen-Orient, $20 en Europe, $30-40 en offshore
  • mer très profonde : les gisements se trouvent à 300 km des côtes maximum, sauf au large des "systèmes deltaïques" (non, ce n'est pas une contrepèterie) où les sédiments se déposent loin au large. En profondeur, on est aujourd'hui à 2300 m et la technologie bute sur la barre des 3000 m à cause du "riser" (prononcer comme Reiser) qui relie la tête de puits au fond avec la "Tour Eiffel" (la plateforme). Ce tuyau malin doit être isolé thermiquement pour éviter que l'huile ne fige à la température fraîche (4° C) des grands fonds, mécaniquement résistant et... suffisamment léger pour ne pas entraîner par le fond la plateforme elle-même ! Selon Yves Mathieu, on n'ira jamais au-delà de 4000 m (pourquoi ???).
  • réserves 2200 Gbbl dont la moitié déjà extraites, plus 1100 Gbbl de ressources (120 Gbbl de découvertes non encore exploitées + le reste "à découvrir"). Des méthodes statistiques servent à définir cette quantité en fonction de ce qu'on a déjà exploré, par extrapolations et similitudes diverses.
Quelques infos qualitatives intéressantes
  • il existe déjà des réseaux de transport de CO2 aux USA ! Initialement construits pour approvisionner Coca-Cola (plaisanterie ?), ils alimentent les puits américains car rien ne vaut le CO2 pour extraire l'huile restante : cela la fait gonfler et la fluidifie (et le CO2 remonte avec l'huile, alors ? j'ai oublié de poser la question, mais de toute façon le spécialiste du CO2 à l'IFP ce n'est pas lui :))
  • discours très anti-voitures : "il faut garder les dernières gouttes de pétrole pour l'agriculture, la pêche et le transport aérien. Les transports terrestres devront se rationner et les chauffages/centrales à mazout se reconvertir"
  • (sur question d'E2100) le torchage de CH4 a été divisé par 10 en 10 ans. Les torchères que l'on voit dans le Golfe de Suez brûlent des bitumes et des paraffines (question pollution, ça doit être top). Qatar n'aurait mis son méga-gisement en exploitation que depuis qu'il y a des clients qui vaillent l'investissement (1996) alors que le champ avait été découvert par Shell dans les années 1960. 92% du gaz découvert arrive chez le client, contre 90% pour le pétrole mais toute l'industrie travaille à améliorer ce ratio vu les gains que cela apportent.
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Message par Environnement2100 » 27 nov. 2007, 23:24

Tiennel a écrit : Selon Yves Mathieu, on n'ira jamais au-delà de 4000 m (pourquoi ???).
Toujours à cause de Wegener. La plaine abyssale (4000 m dans l'hémisphère nord) se forme par "étirement" au niveau des dorsales (type médio-atlantique) ; quand on regarde les cartes de près, on voit distinctement les "traînées" qui trahissent ce mouvement (environ 10 cm/an). C'est donc du matériel en fusion qui émerge le long de la dorsale, qui se solidifie pour en constituer le fond ; inutile de se demander s'il y a du pétrole à ce niveau ! Il semble que Y. Mathieu ait oublié que la profondeur de la plaine abyssale n'est pas la même partout, mais passons. En revanche, tout ce qui est plus proche de la surface est "susceptible" d'être du matériel beaucoup plus ancien, stratigraphique ; et là on sort les instruments.
[*]réserves 2200 Gbbl dont la moitié déjà extraites, plus 1100 Gbbl de ressources (120 Gbbl de découvertes non encore exploitées + le reste "à découvrir"). Des méthodes statistiques servent à définir cette quantité en fonction de ce qu'on a déjà exploré, par extrapolations et similitudes diverses.
[/list]
Quelques infos qualitatives intéressantes
  • il existe déjà des réseaux de transport de CO2 aux USA ! Initialement construits pour approvisionner Coca-Cola (plaisanterie ?),
Il me semble que j'avais publié la carte des canalisations CO2 sur ce forum l'an dernier ? je vais rechercher ça, il y en a des centaines de km.
ils alimentent les puits américains car rien ne vaut le CO2 pour extraire l'huile restante : cela la fait gonfler et la fluidifie (et le CO2 remonte avec l'huile, alors ? j'ai oublié de poser la question, mais de toute façon le spécialiste du CO2 à l'IFP ce n'est pas lui :))
Yes : rien de plus facile que de séparer à nouveau le CO2 à la surface, puis de le réinjecter dans un mouvement qui fait frémir tout ingénieur process :). En fait il a décrit Weyburn, que j'ai décrit l'an dernier dans le fil CCS.
[*]discours très anti-voitures : "il faut garder les dernières gouttes de pétrole pour l'agriculture, la pêche et le transport aérien. Les transports terrestres devront se rationner et les chauffages/centrales à mazout se reconvertir"
[*](sur question d'E2100) le torchage de CH4 a été divisé par 10 en 10 ans. Les torchères que l'on voit dans le Golfe de Suez brûlent des bitumes et des paraffines (question pollution, ça doit être top). Qatar n'aurait mis son méga-gisement en exploitation que depuis qu'il y a des clients qui vaillent l'investissement (1996) alors que le champ avait été découvert par Shell dans les années 1960. 92% du gaz découvert arrive chez le client, contre 90% pour le pétrole mais toute l'industrie travaille à améliorer ce ratio vu les gains que cela apportent.[/list]
J'ai effectivement été insatisfait de sa réponse. Si je me souviens bien, ce n'est qu'en 2005 que la Sonatrach a mis en place un plan pour supprimer le torchage ; sur le site de Total on lit partout qu'ils "mettent tout en oeuvre pour limiter le torchage" - ce qui signifie bien qu'il y en a encore beaucoup. Il me paraît clair que le monde du pétrole commence tout juste à se rendre compte que :
- l'exploitation pétrolière génère des fuites de gaz naturel à toutes les étapes de la production ; comme le méthane a un pouvoir d'effet de serre 21 fois supérieur au CO2, les résultats sont catstrophiques
- une bonne partie des puits fournit, peu ou prou, du gaz ; trois fois sur quatre, il coûte trop cher de poser un deuxième pipe pour le gaz ---> on le brûle sur place. Je ne trouve nulle part de statistiques sur ce point, ce qui ne signifie pas qu'on le cache, mais que jusqu'à maintenant personne ne s'en préoccupait.

Quand on va commencer à poser des taxes carbone sur les quantités gaspillées, mmmmmm :)

Y Mathieu a également projeté un planisphère montrant :
- les zones potentiellement fertiles
- les zones exploitées
ce qui met en lumière les zones potentiellement intéressantes : cela faisait beaucoup de km² ! il y avait également une zone non nulle pour l'offshore Antarctique :cry:
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Message par energy_isere » 27 nov. 2007, 23:39

Tiennel a écrit :Bon, voilà mes notes, elles sont loin d'être exhaustives .....
Merci pour ton compte rendu. :)

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Message par Environnement2100 » 27 nov. 2007, 23:57

Juste un exemple de canalisations de CO2 aux USA.

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Message par Tiennel » 27 nov. 2007, 23:59

Et où sont les usines à Coca-Cola ?

:-P
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Message par Saratoga Elensar » 28 nov. 2007, 00:00

Sur ta carte les canalisations mènent toutes vers des puits je présume ?
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Message par Environnement2100 » 28 nov. 2007, 00:24

Cette carte est moins jolie que celle de Y. M., mais les résultats sont les mêmes. Ce qui est coloré en blanc-cyan-vert laisse peu ou pas d'espoir d'y trouver du pétrole ; au contraire, ce qui est en orange-bleu-violet est fertile. Vous reconnaissez évidemment les zones pétrolifères classqiues, telles que le golfe du Congo, le golfe du Mexique, etc. Vous voyez également que l'offshore brésilienest évidemment un bon objectif ; remarquez que l'Afrique de l'Est n'attend que nous ; et que les Malouines pourraient très bien rendre leur propriétaire très riche, à condition d'arriver à forer dans les 50es Hurlants. On distingue bien les quelques zones intéressantes de "l'offshore" antarctique, mais on en parlera une autre fois.


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