GillesH38 a écrit :sans fossile, je ne vois que la biomasse.
Ou comment être hyper-réducteur !
Pour les usages énergétiques, il y a toutes les formes d'énergies renouvelables qui sont, faut-il le rappeler :
- le soleil : tout le monde l'utilise, pour la lumière naturelle et pour le "chauffage naturel", on fait trop souvent semblant de l'oublier. Allez passer Noël sous tente au pôle Nord, vous verrez que ce n'est pas négligeable ! Seulement ensuite, le solaire thermique et photovoltaïque.
- le vent : éoliennes électriques, éoliennes de pompage, bateaux à voile, etc.
- l'hydraulique : force et électricité (les scieries étaient souvent entraînées mécaniquement par l'eau il y a encore un demi-siècle).
- la géothermie profonde
- toute la biomasse.
Si on parle des ressources, il y a l'eau, la terre et la roche, qui ne sont pas prêts de manquer (donc aussi des matières premières pour la chimie et l'industrie : pigments, calcium, silice, etc.). Il y a l'ensemble de la biomasse : algues, plantes, arbres, animaux, etc.
Quand je parle de société industrielle, je parle d'une société dominée par la production de masse de machines, d'artefacts et de moyens de transport. Je ne pense pas qu'elle soit viable sans fossiles.
Précisemment. Il faudrait commencer par définir ce qu'on appelle la société industrielle. La définition est loin d'être monovalente :
http://www.cnrtl.fr/definition/industrie
Notez la différence entre la définition pré-industrielle : "Ensemble des activités, des opérations ayant pour objet la production et l'échange des marchandises ou la production de produits destinés à être utilisés ou consommés sans être vendus au préalable"
et la définition post-industrielle :
"Ensemble des activités économiques (caractérisées par la mécanisation et l'automatisation des moyens de travail, la centralisation des moyens de production et la concentration de la propriété des moyens de production), ayant pour objet l'exploitation des sources d'énergie et des richesses minérales du sol ainsi que la production de produits fabriqués à partir de matières premières ou de matières ayant déjà subi une ou plusieurs transformations."
Apparemment, tu prends cette seconde définition, d'une industrie moderne, mécanisée, automatisée, concentrée. Par exemple quand tu dis :
D'ailleurs il n'y a aucun exemple de développement économique de type industriel (pas post industriel , mais simplement industriel) qui ne s'accompagne pas d'une croissance de consommation de fossile, à ma connaissance !
Mais c'est emminemment discutable.
Premièrement, dans l'histoire, il y a eu des civilisations brillantes, avec des productions massives, sans recours aux fossiles. Les Romains, les Chinois, les Arabes, les Européens de la renaissance et de la période pré-industrielle avaient massifé et concentré un certain nombre de moyens de production. Les machines avaient déjà commencé à augmenter les rendements et à faciliter le travail des hommes. Je pense aux amphores, à l'acier, au charbon de bois, au transport par route et par mer avec de gros centres de transit, aux manufactures alimentées mécaniquement par l'eau des torrents alpins...
Deuxièmement, et c'est le point principal, on ne retournera pas au moyen-âge. Nous avons acquis des moyens fabuleux : des connaissances scientifiques et techniques très étendues, dans tous les domaines. L'informatique. etc.
Quelques exemples :
- entre la fin du moyen-âge et la révolution française, la forêt française avait été mise à genoux par la demande croissante de bois, entre autres pour le chauffage des maisons. Or, à l'époque, on brûlait du bois vert, dans des cheminées ouvertes, dans des maisons non isolées. Les déperditions des maisons ont été divisées par 5 ou 6. Les rendements des appareils de combustion ont été multiplié par 10 environ. En séchant qu'on doit brûler du bois sec, on en économise 1/3 à la moitié. Au total, on a donc progressé d'un facteur 100 dans l'efficacité du chauffage à bois. Bientôt encore plus avec les maisons passives et les maisons à énergie positive.
- Le vélo, les voiliers modernes et les transports en commun représentent des moyens de transport économes en énergie autrement plus efficaces que la marche à pied, les galères et gallions, et la charette à cheval ou à boeux ,qui prévalaient au moyen-âge.
- l'agriculture biologique moderne se base sur des connaissances physiques, chimiques et biologiques fines. Elle n'a rien à voir avec l'agriculture du moyen-âge.
Globalement, je suis assez d'accord avec mr largo : il y a la possibilité d'une civilisation "industrielle" nouvelle. Mais :
1) elle ne sera probablement pas capable d'entretenir le même nombre de personnes qu'aujourd'hui
2) il y aura certainement une tendance à la relocalisation, à la démassification ; néanmoins, l'état de la science et de la technique permet d'envisager des productions locales et à l'échelle artisanale, mais qui soient néanmoins "hi-tech".
3) les hommes ne sont pas raisonnables. Les évolutions à venir risquent de se faire dans le sang et la souffrance. Est-ce qu'on sera dans une société qui marie abondance, démocratie et écologie, comme dans le roman "Ecotopie" d'Ernest Callenbach, ou bien dans la guerre et le chaos de Mad Max ?
Pour résumer, ce ne sont pas les fossiles qui feront le plus défaut pour cette transition vers une société industrielle de l'après-pétrole, mais les qualités humaines de bon sens, de partage, et de respect des êtres humains, de la vie et de la nature.
Le fond de l'air est frais.