franck1968 a écrit :
Intéressant tu as des sources ? Pour l'Irak et l'Egypte ?
ici par exemple
As has informed Piebalgs, during a meeting the agreement on deliveris annually 7 billion cubic metre for Nabucco is reached by Egypt and Iraq. So, Iraq was obliged since 2011 to deliver annually 5 billion cubic metre, Egypt - after 2009 2 billion cubic metre.
On a aussi parlé d'y mettre du gaz russe non-gazprom mais on peut être dur que le gvt russe fera tout contre ça. Gazprom a manifestement pour but de devenir à lui tout seul "l'OPEP du gaz" : ils ont déjà acheté tout le gaz exportable de la Lybie et du Turkménistan, ils investissent ailleurs (Iran notamment). Ca va être difficile à contrer. Le gaz azéri, iraquien et egyptien peut nous y aider un peu, mais la seule vraiment solution est de passer à une économie post-fossile, nous avons besoin à termes d'électricité sans carbone, de mobilité sans carbone, de chauffage sans carbone, de matériaux sans carbone (et avec ça, le café et l'addition, merci).
Quand à l'opposition South Stream/nabucco je pense qu'elle n'est pas réelle. Enfin elle se borne à savoir lequel se fera en premier. Mais à terme, il y a largement de la demande pour les deux. Ce qui m'amène à partir en appartée sur la situation du gaz naturel européen, hop je décolle.
(chiffre BP) L'europe (UE27) a consommé 481 km3 (milliards de metres cubes) de gaz en 2007. Cette demande est sur le long terme orienté à la hausse, avec l'arrivé des voitures au gaz, le prix du pétrole, l'abandon du charbon noir et du nucléaire en Allemagne...
A coté de l'UE27, y'a aussi l'Ukraine qui a consommé par moins de 65 km3 (tout tourne au gaz là bas) et la Turquie 35. Ca fait donc 581 pour l'Europe et ses "amis".
La production de l'UE n'a été que 191 km3 sur 2007, en baisse de 6.4% en un an. Elle a piqué à 232 Mdm3. Les producteurs :
1- Royaume Uni 72, en baisse très rapide (presque 10% par an)
2- Pays Bas 65, baisse lente et maitrisée (de l'ordre de 1% par an, mais va s'accélérer, ils ont pas 6500 MdM3 de réserves, loin de là !)
3- Allemagne 14, baisse rapide (8% par an)
4- Roumanie 11, en baisse modérée long terme.
5- Danemark 9, Pic en 2006 et début de chute rapide (11% en un an- sans raison conjoncturelle)
6- Italie 9, en plein effondrement
7- Les 21 autres pays, 11.
De son coté l'Ukraine a produit 19 km3 et la Turquie à peu près rien.
Bref ca baisse partout
Il n'y a guère d'espoir d'inverser la tendance. Des nouveaux gisements peuvent se trouver dans les profondeurs de l'Apiennes et de l'Adriatique, dans le secteur allemand de la Mer du Nord, dans la zone britannique à l'ouest des Shetlands (seul le pétrole est exploité là bas pour le moment), ou au large de l'Irlande mais tout celà a toutes les chances d'être marginal.
Il n'y a guère d'espoir de nouvelles production UE27ennes - enfin y'en a un, fort peu probable : l'adhésion de la Norvège. Qui d'ailleurs ne changerait rien au problème.
Rien qu'en prolongeant les baisses tendancielles pour les différents pays, et celà est sans doute d'un optimisme éhonté pour les pays bas, l'UE27 produirait 100 km3 tout rond en 2020. Gardons ce chiffre de coté et regardons les importations.
En 2007, on a importé 481-191 = 290 km3 de gaz, ce qui est quand même
freaking huge. Ca équivaut grosso modo à 5 mb/j de pétrole.
86 Viennent par pipeline de la norvège, puisque toutes les exportations norvégiennes vont dans l'UE27 (à part un pouillième en suisse). Les gazoducs en question déboulent en Grande Bretagne (Aberdeen, Teeside), en Belgique (Zeebruges), en France (Dunkerque) et bientôt en Pologne.
32 viennent par pipeline d'Algérie. Deux gazoducs : le bon viel ami Transmed qui passe par la sicile (il a 25 ans) et le plus récent Maghreb-Europe par Gibraltar.
124 viennent de Russie (toutes les exportations russes moins ce qui va en Turquie). Le commerce entre la Russie et l'Ukraine n'est pas compté comme exportations par BP. C'est donc possible que le gaz qui va dans les pays baltes soit lui aussi exclus et donc le chiffre de 124 un peu sous estimé (les pays baltes sont dans l'UE27). Sans s'en rendre compte, on importe aussi du gaz turkmène (versé dans le réseau russe) dans cette histoire.
9 viennent de Lybie via le petit pipeline Greenstream qui débouche en Italie.
Carte des pipelines :
http://www.eia.doe.gov/cabs/Algeria/ima ... 111203.pdf
Le reste (un peu moins de 50 Mdm3) a été importé sous forme de gaz naturel liquéfié. Ce gaz vient des pays suivants : Algérie (15 Mdm3), Nigéria (12), Qatar (7), Egypte (5), Norvège (snohvit), Trinidad, Guinée Equatoriale, Oman, Emirats etc. De nouveau fournisseurs vont surgir : Angola, Yémen...
Ne comptons que 1% par an de hausse de consommation. C'est probablement conservateur, ça revient à compter une belle augmentation des prix. On consommerait 550 Mdm3 en 2020. Contre une production de 100, pour ceux qui ont suivi.
Soit 450 d'importations, 60% de plus qu'en 2007.
Donc 160 km3 d'importations supplémentaires dans 12 ans, deux nouvelles Norvèges, escusez du peu. Je ne compte pas sur une hausse importante des fournitures de l'Algérie et de la Norvège, peut être 5 à 10 km3/an de plus chacun, au mieux. Leurs réserves ne sont pas si énormes, et pour ces deux pays le gaz est une ressource très importantes, il n'ont pas intérêt à vider leurs gisements plus vite que maintenant.
Capacité de Nabucco : 31 km3 .
Capacité de South Stream : 31 aussi, quelle coincidence.
Y'a largement de la place pour les deux.
Il est aussi envisagé d'importer du gaz (20 à 30 km3 par an) du Nigéria en passant par l'Algérie. Ca aurait l'avantage de récupérer du gaz associé qui risque sinon d'être bulé en torchère, mais ça nécessite juste 3500 km de gazoduc à travers savanes et déserts, une broutille (après tout le gaz sibérien vient de plus loin!). Ce qui des questions : Le delta du niger est-il assez stable? Le Niger, qu'il faut traverser, n'est-il-pas un pays à haut risque politique? Les 150 millions de nigérians ne vont ils pas avoir un besoin d'énergie (électricité)énorme si l'économie du pays décolle? Quels seront les arbitrages dans l'attribution du gaz entre ce pipeline et d'autres projets (gas-to-liquids, gaz naturel liquéfié, pétrochimie).
On se sent alors contraint de se tourner vers la Russie pour nous fournir tjrs plus de gaz - en gros on aurait besoin d'un DOUBLEMENT des fournitures russes à l'UE27 -, mais le peut elle et le veut elle? La Russie a encore d'immenses réserves à développer, notamment dans les mers arctiques (mer de Kara, mer de Barents avec Shtokman), sur la péninsule de Yamal, en Sibérie orientale, à Sakhline, au Kamchatka, c'est hors de doute.
Mais d'un autre coté, le gros de leur production actuelle vient des quatre gisements mammouthesques du Tuymen (Nord ouest de la Sibérie), qui sont tous en déclin. Les nouveaux gisements coutent des sommes astronomiques à développer, chacun présenter des difficultés techniques gigantesques, et tout investissement des compagnies internationales est maintenant refusé.
Et encore des questions. Avec une économie en plein redressement, un prix intérieur du gaz extrêmement bas, un parc nucléaire qui arrive en fin de vie et ne sera probablement pas complètement renouvelé, des hivers russes conformes à la légende, comment la consommation de gaz de la Russie elle-même pourrait ne pas augmenter fortement?
Pire : alors que la Russie n'exportait jusqu'ici que vers l'Europe et la Turquie; elle est bien décidée à diversifier ses débouchés. Pour le gaz de sakhaline par exemple, l'Europe ne recevra pas une molécule. La production sera exportée par gazoduc et/ou gaz liquéfié vers les marchés japonais et chinois. De même, Kovytka en Sibérie Orientale fournira son gaz à la Chine (20 km3 par an) et la Corée (10).
Encore des questions lancinantes : Si la Chine commence à manquer de charbon et/ou veut réduire ses niveaux affolants de pollution, comment peut elle ne pas se tourner en masse vers le gaz pour la production d'électricité? Et à part un certain volume venant d'Australie par navire, qui d'autre que la Russie (et les pays d'Asie centrale, ce qui pour nous revient au même) peut lui en fournir en volume suffisant à ses besoins immenses? Au nom de l'amitié des deux pays (pacte de Shanghai) comment la Chine pourrait elle ne pas passer avant l'Europe dans l'attribution des réserves russes? Et la Chine ne risque elle pas de préférer importer le gaz russe par voie terrestre plutôt que du gaz Australien passant par des voies navales plus ou moins contrôlées par les Américains?
Du gaz liquéfié venant de la mer de Barents pourrait aussi prendre la route de l'Amérique du Nord, mais ça parait moins probable avec le regaindes tensions est-ouest.
Quand à l'hypothétique gaz groenlandais (qui ne fait pas partie de l'UE), même en supposant qu'il existe des ressources faisant du pays d'Eric le Rouge une nouvelle Mer du Nord, ce qui relève plus de la fantasmagorie narcotique que de l'hypothèse géologique crédible, il est illusoire d'espérer que les gisements puissent être identifié et développés, et une infrastructure d'exportation vers l'Europe construite (on imagine à quel prix!) avant 2020.
Considérons tout celà comme une démonstration par l'absurde. L'Europe n'aurait pas les 550 Mdm3 à sa disposition en 2020.
La première variable d'ajustement sera probablement le départ des industrie pétrochimiques (production de méthanol, phénol, engrais, explosifs, etc) pour qui le gaz est une matière première plus qu'une source d'énergie, vers des pays ayant du gaz naturel en abondance. Celà a déjà commencé depuis longtemps, il y a des usines de méthanol à capitaux européens à Trinidad et en Guinée équatoriale. C'est pour l'europe une perte d'emplois, de compétances, de revenus fiscaux.
Toujours moins.