Un édito d'un investisseur qui me fait bien rire en fait. Et c'est plutôt pertinent avec un certain sarcasme.
C’est officiel, tous les Bears ont été contaminé par le Coronavirus
On le sait, l’ours hiberne en hiver et cela semble se confirmer en cette fin de mois de février, puisqu’il n’y a plus que des acheteurs qui interviennent dans les marchés. Ce n’est pas une hausse stratosphérique – je le conçois – mais ça monte tous les jours et on a presque l’impression que tous les vendeurs ont disparu- à moins que finalement le COVID19 soit un virus ciblé qui ne s’attaque qu’aux vendeurs, aux dépressifs et autres avocats de la fin du monde boursier.
Sous-estimé ou surestimé ?
Plus sérieusement, la plupart des marchés ont vécu une journée de hausse presque sans tache et malgré le fait que l’on est en droit de s’inquiéter sur les conséquences du Coronavirus sur l’économie chinoise et –in extenso – sur le reste du monde ; ABSOLUMENT TOUT EST EN TRAIN DE MONTER. Goldman Sachs eux-mêmes commencent à se dire que l’on est en train de sous-estimer quelque peu l’impact de la fermeture des usines chinoises sur le reste du monde et que, finalement le « profit warning » d’Apple de lundi soir pourrait être le « canari dans la mine charbon », sauf que tout le monde s’en fout, puisque TOUT MONTE.
La question que l’on peut se poser, c’est de savoir si finalement nous sommes dans cette phase euphorique dont je vous parle depuis des mois, puisque si l’on regarde la tronche du marché, il devient de plus en plus difficile de trouver des endroits où ça ne monte pas. Sauf peut-être le pétrole parce que ce n’est pas « politiquement correct », pas « politiquement Greta » pour les investisseurs. Par contre, pour ce qui est du reste, tout ce que l’on trouvait surévalué il y a trois semaines ne l’est plus du tout – on a encore vu Tesla qui prend 10% par jour et qui a terminé la séance au plus haut de tous les temps hier soir. Sans compter qu’on a même trouvé mieux comme titre, puisque Virgin Galactics a été multiplié par 3 en l’espace de 3 semaines. Oui, parce qu’il semble évident que le voyage touristique spatial est LE PROCHAIN business qui va exploser. À Genève on peine à faire fonctionner le CEVA en respectant le programme, en France, la SNCF est la compagnie de chemins de fer la plus clownesque de la planète, mais nous, dans la finance, on mise tout sur des navettes qui vont emmener 3 milliardaires faire mumuse dans la stratosphère pendant 5 minutes.
The only way is up, baby…
Non parce qu’en plus ce n’est pas que Virgin Galactics va vous emmener au boulot plus rapidement, ils vont seulement vous emmener faire des selfies dans l’espace histoire que votre profil Facebook soit clairement plus fun que les autres et que vous puissiez augmenter facilement le nombre de vos followers sur Instagram, ce qui vous permettra peut-être un jour de vous acheter un sac à main en croco de chez Hermès. Comme Nabilla.
En tous les cas, quand on regarde le marché ces derniers jours, ce qui frappe c’est que ça monte absolument partout. Le cas le plus frappant, c’est l’or qui termine sa séance quasiment au plus haut depuis des années alors que le marché termine lui au plus haut de tous les temps. Ce genre de « double whammy » ne correspond en rien à ce que l’on nous apprend dans les écoles de bourse. C’est un peu comme si on avait enlevé la touche « SELL » sur les claviers des traders du monde entier et qu’ils n’avaient plus qu’un seul choix : celui de raconter n’importe quoi pour acheter n’importe quoi, puisque de toutes façons, ils ne peuvent pas vendre.
Depuis des mois je vous parle de la citation de Sir Templeton qui dit que les bulls markets ne peuvent se terminer que dans l’euphorie. Depuis des moi je m’évertue à dire que les krachs annoncés n’existent pas –sauf dans la tête de Roubini – et aujourd’hui, rien qu’aujourd’hui, je suis tombé sur deux articles sur deux sites de finance américains (dont un commence à s’intéresser à la hausse et moins au Coronavirus), qui parle de la fameuse citation et se demande si – par hasard – nous ne serions pas en plein dans cette euphorie dont Templeton parlait.
Le problème avec l’euphorie, c’est comme avec la stratosphère : on ne la voit pas, on ne peut pas la toucher, la palper, la saisir. Ce n’est pas une ligne blanche avec deux douaniers suisses avec les mains dans les poches qui vous : « Bonjour, vous avez vos papiers ? Ah mais vous avez pas la vignette ? Vous savez que vous êtes sur l’autoroute de l’euphorie et que pour rouler sur l’autoroute de l’euphorie, il vous faut une vignette Et comme vous avez pas la vignette, c’est 250 frs d’amende. Vous avez le choix entre payer maintenant ou payer tout de suite »
Il nous faut donc la jouer au feeling. Ce que l’on peut dire c’est qu’il y a quand même de gros indices comme quoi nous sommes entrés dedans – et je ne citerais que des histoires à la Tesla ou à la Virgin Galactics. Sans parler du fait que tout le monde nous ramène l’argument sur la table qui dit que « de toute façon, ça peut plus baisser parce que les banques centrales sont là pour nous faire des piqures d’anabolisant directement dans nos egos de gens qui doutent. En tous les cas, dans un but de recherche uniquement, je suis allé chez le coiffeur hier, histoire de voir si ce dernier ne s’était pas mis au trading et n’avait pas une opinion sur ce qu’il fallait acheter en bourse et à voir son regard d’incompréhension – je peux clairement dire que nous ne sommes pas encore COMPLÈTEMENT dans l’euphorie – il y a même encore une petite marge.
Les banques centrales à la rescousse
Et puis il est vrai que la théorie des banques centrales semble continuer à fonctionner. Celle d’Europe continue d’injecter allégrement son QE qui n’en est pas un juste pour donner bonne conscience à Draghi depuis sa plage grecque. Les Américains l’ont dit hier ; ils ne touchent pas les taux, mais surveillent attentivement ce qui se passe du côté du Coronavirus –ce qui veut clairement dire qu’au moindre signe de génuflexion de la part de l’économie US, Powell va dégainer l’artillerie et faire feu pour soutenir le Casino Trump jusqu’au mois de novembre en tous cas. Et puis en Chine, eh bien en Chine ils ont tout appris de nos banques centrales occidentales et sont prêts à faire beaucoup mieux et beaucoup plus fort pour empêcher COVID19 de venir jouer les trouble-fête dans un plan qui se déroulait sans accroc jusque-là.
Si l’on pense que Draghi avait sorti le bazooka en son temps, on peut se dire que Powell a utilisé des Tomahawks et que la Chine va utiliser l’arme nucléaire et instaurer la peine de mort pour les vendeurs, si nécessaire. Ça sera le prix à payer pour que le marché ne baisse plus jamais et que l’on puisse vivre heureux dans une économie florissante. Artificielle, soit, mais florissante. Et puis dans trois générations de traders, on aura oublié que ça peut baisser.
https://www.investir.ch/2020/02/cest-of ... ronavirus/
Le fait qu'il demande à son coiffeur s'il s'est mis au trading, c'est lié au fait qu'il y a beaucoup de traders grand public. J'ai d'ailleurs des pubs sur youtube, et c'est visiblement quelque chose qui est à la mode. Certains ont commencé par les cryptos, souvent en utilisant de l'analyse technique (l'évolution des courbes), et maintenant ils misent sur les marchés boursiers avec les mêmes notions qu'ils ont acquises avec le bitcoin.
La citation de Templeton:
Bull markets are born in pessimism, grow on scepticism, mature on optimism and die on euphoria.
John Templeton est considéré comme l'un des plus grand gestionnaire de fond du 20ème siècle, qui misait surtout sur les fondamentaux... Ce qui n'est clairement pas le cas ici, l'analyse technique est à la fête. Avec des échelles logarithmiques histoire de mieux observer les courbes hyperboliques à la hausse.
Ce qu'il dit, c'est que ce n'est pas quand le pessimisme ou le scepticisme hantent le marché qu'il va se casser la gueule. En septembre dernier, le pessimisme était bien trop présent pour. Non, c'est au contraire quand rien ne semble arrêter la hausse, que l'optimisme domine et que tous les "bears" doivent couvrir leurs short et n'osent plus en placer de nouveaux tellement la tendance est haussière.
Les investisseurs ne sont pas complètement cons non plus, et tout comme l'auteur de cet article, ils se rendent bien compte de cette euphorie. Ils en profitent, évidemment, mais arment leur "Stop-Loss" et autres outils de trader pour se retirer le plus rapidement possible en empochant leurs gains en cas de retournement du marché. C'est en général dans ce genre de situation que la porte de sortie se dérobe et que les prix s'effondrent. Il faut vendre tant que l'euphorie est présente (et les pigeons achètent), après c'est trop tard.
La grande question est: Sommes-nous vraiment dans cette euphorie? Et à quelle échelle? Le bull-market né du pessimisme de septembre 2019, ou celui né de décembre 2018... Ou encore celui né en 2009? J'en sais évidemment rien. Seule l'histoire le dira. Mais c'est surtout ce bull-market récent qui va d'abord faire mal, avant qu'un autre bull-market ne le suive.