Pour l'anecdote Georges Vendryes était n Inde à Mumbaï (Bombay) lors de l'attentat contre un grand hôtel. Il était dans l'hôtel, invité par le CEA Indien pour la remise d'un diplôme d'honneur...Depuis il se porte bien..
@+
5 Mars 2010
Mr Béhar, bonjour
J'ai lu avec grand intérêt dans le Monde et dans le Figaro un compte rendu de votre conférence de presse sur Astrid. Je me réjouis de constater que la presse présente aujourd'hui sous un jour positif la reprise en France de la filière à neutrons rapides au sodium, sous la signature de journalistes qui, encore récemment, n'hésitaient pas à la dénigrer en déformant systématiquement les faits. Que 650 millions d'euros soient affectés à Astrid dans le cadre du futur grand emprunt est une décision majeure qui me comble de satisfaction. Mais que de travail reste à faire, que de difficultés à surmonter! Vous en êtes le premier conscient
La malédiction de Superphénix pèse toujours. Si le projet Astrid ressemblait trop à son malheureux prédécesseur, on peut imaginer qu'aucun gouvernement ne soit disposé à lui donner son aval. Si j'en crois les termes du Figaro, la R&D en cours à la DEN en vue d'élaborer les principales caractéristiques futures d'Astrid est guidée par la volonté d'introduire des "ruptures fortes" par rapport à Phénix et Superphénix, Je vois certes tout l'intérêt d'expérimenter en vraie grandeur des options techniques différentes, afin de faire des comparaisons, mais pas à n'importe quel prix. En règle générale je, trouve foncièrement dangereux et malsain de faire dépendre des choix techniques à longue portée de considérations politiques (pour ne pas dire électorales) à court terme
Quand je vois Mr Le Hir débuter son article du Monde en présentant Superphénix comme un fiasco techologique, cela me révolte, C'est une véritable insulte à l'égard des milliers de scientifiques, d'ingénieurs, e techniciens, d'ouvriers qui ont donné le meilleur d'eux mêmes, pendant des dizaines d'années, pour mettre au point des techniques qui en sont arrivées à servir de modèle au plan international. Certes Superphénix a connu de trop nombreuses maladies de jeunesse, comme c'est souvent le cas dans des entreprises qui mettent en oeuvre des technologies difficiles et nouvelles (je souhaite vivement qu'Astrid en soit exempt) mais aucune n'a mis en cause sa sûreté. Si Superphénix est demeuré si longtemps arrêté, vous en connaissez comme moi la raison. Ce fut le résultat du harcèlement systématique d'organisations antinucléaires très médiatisées qui ne cessèrent d'engager des procédures auprès du Conseil d'Etat pour obtenir, par des arguments de pure forme, l'annulation les uns après les autres des textes donnant une existence légale à la centrale. Tout au long de l'année 1996, la dernière où elle ait été autorisée à fnctionner, sa marche a été exemplaire.(3,'4 millions de Kwh fournis au réseau, disponibilité 95% du temps hors arrêts programmés, un seul incident de niveau 1 sur l'échelle INES). J'aimerais qu'à l'occasion des dirigeants du CEA aient le courage d'en faire état publiquement.
Je crois comprendre que certains mettent maintenant en avant des arguments de sûreté pour s'écarter sinon pour prendre le contre-pied de Superphénix. Si tel est le cas, je me permets d'attirer votre attention sur les risques que comporte une telle démarche. Je vous rappelle qu'à la fin de 1997, malgré toutes les pressions exercées sur lui par le cabinet de Mr Jospin, Mr Lacoste a tenu bon en affirmant que Superphénix respectait entièrement les exigences formulées par l'Autorité de Sûreté et que l'autorisation de le faire fonctionner ne soulevait aucune objection de sa parta (alors que ce n'était pas le cas de Phénix). Il me l'a lui-même confirmé longtemps après. Je sais bien que les critères de sûreté évoluent avec le temps, et toujours dans le sens d'une sévérité accrue,.Mais il faut raison garder. Je crois comprendre que les études préliminaires d'Astrid commencent par une consultation de l'IRSN afin de définir les règles du jeu à appliquer. Cette démarche ne manque ni de logique ni de cohérence, mais attention! Assurez-vous qu'elle ne se traduira pas in fine par des exigences qui rendront le coût d'investissement prohibitif. (En disant cela je ne puis m'empêcher de songer au cas d'EPR)
Je me rappelle souvent l'intérêt que j'ai pris à la réunion d'information où vous m'avez fait le plaisir de m'inviter au début de cette année. Je serai toujours heureux d'échanger des points de vue avec vous et vos collaborateurs, si l'occasion s'en présente.
Avec mes meilleurs voeux pour Asrtrid et la DEN.,
Georges Vendryes .