Alter Egaux,
Le chiffre de 70% du territoire est exagéré. La procédure d’attribution des permis passe par diverses publications (pas forcément dans l’ordre) :
1. Publication au Journal officiel de la République française (JORF)
2. Publication au Journal officiel de l’Union européenne (JOUE)
3. Publication au Bulletin mensuel du Bureau Exploration-Production des Hydrocarbures
Ce dernier document peut être consulté au lien
http://www.developpement-durable.gouv.f ... t-les.html. Il permet de tenir soi-même la carte à jour entre les deux mises à jour officielles semestrielles. Le rapport de janvier 2011, le dernier publié, donne, aux pages 12 à 14, la liste des demandes de permis pour lesquelles la préfecture a prononcé la « recevabilité », qui est la première étape menant vers les publications aux Journaux officiels de France et d’Europe. Les dates de ces publications sont figurées, et il est facile de les retrouver sur le site du JORF et sur celui du JOUE (
http://eur-lex.europa.eu/RECH_mot.do, taper « hydrocarbons » comme mot-clé).
Une fois la « recevabilité » prononcée, la demande de permis a le droit d’apparaître en gris sur la carte, tenue à jour deux fois par an, des permis en demande :
http://www.developpement-durable.gouv.f ... 1_2011.pdf. Seules les zones en gris sont susceptibles d’une attribution en 2012. En effet, la procédure dépasse toujours douze mois, et les demandes que l’on va voir apparaître en 2012 aboutiront, ou non, à une attribution en 2013 ou au-delà.
Bien évidemment, l’offshore ne verra probablement jamais d’exploitation d’hydrocarbures de schistes. Les débits, et plus encore les volumes récupérables avec un puits, sont insuffisants pour justifier les lourds investissements de l’offshore.
Il reste à préciser que toutes ces demandes ne concernent pas nécessairement les huiles et gaz de schistes. Il existe des zones, en périphérie de bassins notamment, où la roche concernée (les argiles du Lias pour la partie occidentale du Bassin de Paris) n’est pas suffisamment profondément enfouie pour avoir engendré des hydrocarbures. La matière organique est bien là, mais les conditions de température et de pression n’ont pas permis sa « maturation » en hydrocarbures. L’Institut Français du Pétrole a rédigé d’impressionnants rapports comprenant, entre autres informations, la profondeur d’enfouissement de ces roches (à 4 000 euros le rapport, il n’est cependant pas à la portée de tous). On peut ainsi considérer comme stériles, pour les hydrocarbures de schistes, tout ce qui est en bordure sud du Bassin Parisien : demandes numérotées 1620, 1645, 1650, 1583, 1602, 1615, 1637, ainsi que dans les Yvelines : demandes 1552 et 1566. Le Pays-de-Bray est dans le même cas : demandes 1594 et 1598. Les Ardennes sont dans le même cas : le Dévonien, stérile, est à moins de 1000 mètres, et le Lias est presque en surface (il n’a pas atteint le stade de maturation de la matière organique). Je pense que le Bas-Rhin est également à exclure. Pour les autres régions, je n’ai pas de compétences et je ne peux pas me prononcer.
Enfin, je doute qu’il y ait des expropriations. Cela fait bien longtemps que la profession pétrolière négocie le foncier avec les élus, les propriétaires et les exploitants de terrains, de façon à prendre en compte les intérêts des uns et des autres. L’excellent papier signalé par energy_isere le 2 mars (plus précisément le gros fichier pdf de 73 pages auquel ledit papier renvoie) montre que la profession essaie de drainer une superficie maximale à partir d’un seul site en surface, pour à la fois lutter contre le « mitage des paysages » et réduire les besoins de construction de gazoducs. La société APACHE, en Colombie-Britannique, a ainsi foré 16 puits à partir d’un même emplacement de surface (on ne parlera pas de la consommation d’eau, qui est, effectivement, effarante, avec 55000 mètres cubes par puits). J’ignore le « pattern » des puits, mais la logique veut qu’ils soient tous forés dans la même direction, et donc que les drains horizontaux soient parallèles entre eux. On sait que les drains horizontaux font 1600 mètres de longueur chacun, et que les prochains en feront 2200, mais on ignore la largeur du faisceau. En supposant un espacement de 100 mètres entre drains horizontaux (je pense que c’est plus) on draine donc une superficie rectangulaire d’environ 3200 mètres (1600 mètres dans chaque sens) de longueur sur 800 mètres de largeur, soit 2,56 kilomètres carrés (1 square mile). C’est donc faisable, et c’est certainement plus rentable que ce qui se faisait dans les débuts, avec très peu de puits par plate-forme, et donc un grand nombre de plates-formes, comme on le voit sur certaines images satellite.