http://www.lesechos.fr/industrie-servic ... 192300.phpLes Etats-Unis deviennent exportateurs de gaz
LUCIE ROBEQUAIN / Les Echos CORRESPONDANTE À NEW YORK | LE 13/01
Un premier bateau vient d’accoster au terminal de Sabine Pass, un site flamblant neuf, destiné à exporter les excédents américains de gaz.Il marque un revirement spectaculaire dans la stratégie énergétique du pays.
Le bateau Energy Atlantic a accosté mardi sur les côtes de Louisiane. Parti de l’océan indien deux mois plus tôt, il représente un immense symbole pour les Etats-Unis : il marque la mise en service du terminal de Sabine Pass, un site flambant neuf destiné à expédier vers l’étranger du gaz produit aux Etats-Unis.
Le groupe Cheniere, à l’origine du projet, espère débuter les exportations dès ce début d’année, à l'issue d’une phase de test qui commencera cette semaine. Situé à l’embouchure de la rivière Sabine, qui sépare la Louisiane du Texas, son terminal permettra de déverser aux quatre coins du monde les excédents que le pays accumule depuis le début de la décennie. « La production aux Etats-Unis augmente deux fois plus vite que la consommation. Les producteurs du pays ont besoin de nouveaux débouchés », expliquait l’an dernier Tyler Pedersen, un ingénieur ayant supervisé la construction du terminal.
Quasi-monopole
Le site est le meilleur témoin du virage que les Etats-Unis ont accompli en matière d’énergie ces dix dernières années. Il avait été conçu comme un port d’importation au début des années 2000. Mais il était déjà totalement obsolète au moment de son inauguration, en 2008. Car, entre ces deux dates, la révolution du gaz de schiste a transformé l’Amérique d’importateur de gaz en premier producteur mondial, devant la Russie. Le pays produit 700 milliards de mètres cubes par an désormais, ce qui le rend totalement indépendant de l’étranger. Le PDG de l’époque de Cheniere, Charif Souki, a ainsi fait un pari terriblement osé : il a transformé un port d’importation en port d’exportation, et renversé le cours des pipelines pour faire converger vers la Louisiane les excédents de gaz.
Son pari a payé : Cheniere est la première entreprise à devoir exporter du gaz américain. En demandant un permis d’exporter dès 2010, elle a même pris deux ans d’avance sur ses concurrents. Cinq autres terminaux sont en train d’être construits dans le pays aujourd’hui, tel celui de Dominion sur la côte Est (Maryland). Mais parce qu’il a été plus visionnaire que les autres, Cheniere disposera d’un quasi-monopole sur les exportations jusqu’à la fin 2017. Si tout se passe comme prévu, il deviendra même l’un des vendeurs de gaz les plus importants du monde, capable d’expédier jusqu’à 6 % de la production américaine.
La mise en service du terminal n’intervient toutefois pas au meilleur moment : très dépendant du cours du pétrole, le prix du gaz a lourdement chuté ces derniers mois. Heureusement, Cheniere a négocié des contrats d’exportation pour les vingt prochaines années, qui lui assurent un forfait minimum de revenus garantis, quelles que soit les fluctuations du marché mondial. Le français Total, l’un de ses plus gros partenaires, a ainsi l’obligation de lui verser 6 milliards de dollars sur les vingt prochaines années. Il pourra lui acheter, en contrepartie, 3 milliards de m3 de gaz par an.
Ce type de contrat garantit l’accès à une offre de gaz qui est à la fois stable et régulière. Mais il est peu attractif au regard du prix auquel se négocie le gaz aujourd’hui. Pour un volume équivalent (1 million de BTU), le gaz américain se monnaie 7,50 dollars (coûts de transports et de liquéfaction compris) alors que celui en Europe se vend 5,20 dollars. Les partenaires de Cheniere n’ont pas forcément fait le bon choix à court terme. Mais cela peut rester un excellent calcul sur 20 ans.
le titre devrait étre ''Les Etats-Unis deviennent exportateurs de gaz liquéfié'', car les exportation de Gaz par gazoduc se font vers le Mexique.