Interview de Conrad Gerber dans L'Illustré

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Daniel_Z
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Interview de Conrad Gerber dans L'Illustré

Message par Daniel_Z » 08 août 2006, 15:27

Un interview de Conrad Gerber, fondateur de Petro-Logistics, dans le magazine L'Illustré.
Aller dans archives (en haut à gauche) et saisir "pétrole" pour avoir la page en question.

M. Gerber est clairement convaincu que la technique nous sauvera.

Le point 3 concerne directement le pic.
L'analyse en quatre points

«Ceux qui annoncent une pénurie de pétrole mentent»

Texte: Christian Rappaz Photos: Philippe Dutoit
Le prix du baril de pétrole vole de record en record, une situation qui pèse sur la croissance et sur nos porte-monnaie. Où cette hausse s'arrêtera-t-elle? Le marché est-il manipulé? A qui profite cette envolée? Considéré comme l'un des plus grands spécialistes de l'or noir, le Genevois Conrad Gerber* répond et remet de l'ordre dans certaines idées reçues.

1 Perspectives à court terme

«100 dollars le baril avant la fin de l'année est vraisemblable»

Le baril à 78,5 dollars, record en cours. Record éphémère?

Je le crains, hélas! Compte tenu des tensions au Moyen-Orient, le prix n'est malheureusement pas près de baisser.

Comment voyez-vous l'évolution du marché?

Cela dépendra de plusieurs facteurs. Actuellement, c'est bien sûr l'offensive israélienne au Liban qui pèse le plus sur les marchés. Si les tensions devaient s'aggraver, il est vraisemblable que le baril atteindra 100 dollars avant la fin de l'année déjà. Et, à mon avis, tout est en place pour qu'elles s'aggravent.

Certains parlent de 120 dollars et même au-delà. Vos estimations les plus pessimistes?

Cent dollars est déjà une estimation pessimiste. Maintenant, si d'autres facteurs aggravants s'en mêlent, comme la météo par exemple, alors le prix du baril pourrait effectivement casser cette barrière.

Malgré les tensions, malgré la météo, l'OPEP assure que la production couvre parfaitement les besoins. Cela n'empêche pas les prix de grimper?

Le marché répond effectivement à la demande (86 millions de barils par jour). Mais cette production est optimale. Idem pour le raffinage. Il suffit donc d'un facteur négatif pour que les prix s'envolent. Ce n'est pas le prix du jour qui intéresse le négoce, mais ceux qui seront pratiqués dans trois mois. Voilà pourquoi le moindre avis de tempête sur une plate-forme pétrolière pousse le prix à la hausse. C'est le lot de tous les négoces. Quand on annonce un hiver rude au Brésil, le prix du jus d'orange prend l'ascenseur.

Dans ses prévisions, la Banque mondiale annonce pourtant le baril à 40 dollars en 2009...

Les grandes institutions et les gouvernements sont toujours optimistes. Cela rassure l'opinion mais, en l'occurrence, ce chiffre est sans fondement.

Vous ne croyez donc pas à une baisse?

Si toutes les conditions, géopolitiques, météo, stabilisation ou même légère régression de la demande sont réunies, pourquoi pas. Dans ce cas, je peux imaginer un baril à 55 dollars. Puis l'OPEP fermera les robinets pour maintenir artificiellement le prix du baril à ce niveau. Il faut savoir que, selon sa qualité et sa difficulté d'extraction, le coût de production d'un baril varie entre 2 et 15 dollars.

2 Qui encaisse le jackpot?

«Les Etats doivent baisser leurs taxes»

Trente-six milliards de bénéfice pour la compagnie pétrolière américaine Exxon Mobile en 2005 avec un bonus total de 350 millions de dollars pour son patron. Qu'en pensez-vous?

Je comprends tout à fait que les gens soient choqués et indignés par ces chiffres. Je travaille depuis plus de trente ans dans le pétrole et je trouve personnellement ces bénéfices absurdes.

Combien la Confédération encaisse-t-elle de taxe sur 1litre de sans-plomb à 1 fr. 80?

Le prix se décompose ainsi: 70,7centimes le produit fini, raffiné, sur le marché de Rotterdam; 1,4 centime pour le transport en Suisse; 17,7 centimes pour la distribution; 76 centimes d'impôt fédéral sur les huiles minérales; 12,5 centimes de TVA; 1,56 centime appelé «centime climatique» et 0,425centime de contribution aux stocks obligatoires.

Les Américains paient à peine 90 centimes le litre à la colonne...

Le gouvernement américain prélève moins de la moitié des taxes prélevées en Suisse. Au cas où le pétrole continuerait à augmenter, les Etats, européens en particulier, devront forcément baisser leurs taxes.

Avec le dossier de l'uranium et son soutien au Hezbollah, l'Iran contribue largement à aggraver les tensions au Moyen-Orient et encaisse joyeusement les bénéfices de sa politique, non?

Absolument. L'Iran a compris nos faiblesses et ne se gêne pas de jouer avec. Au vu de ce qui se passe en Irak, il se sait quasiment à l'abri d'une intervention militaire américaine et tire donc sur la corde.

3 La fin du pétrole

«Selon l'avancée des technologies, on ne verra peut-être jamais la fin»

Des géologues pétroliers ont récemment annoncé le pic pétrolier - le jour où il restera moins de pétrole à extraire que de pétrole extrait - pour 2010...

Je suis abasourdi qu'on puisse colporter de telles inepties. Les géologues dont vous parlez sont des types bien, de paisibles retraités qui, après avoir fait fortune avec le pétrole, travaillent maintenant pour des organisations écologistes. C'est donc leur rôle de produire des effets d'annonce alarmistes afin de pousser la recherche vers des énergies alternatives. Dans le fond, ils ont raison. Mais ils ne sont pas crédibles. Ce sont des statistes.

C'est-à-dire?

C'est-à-dire qu'ils réalisent des prévisions sur la base de la situation actuelle, figée, sans tenir compte des avancées technologiques, des découvertes de nouveaux gisements. A ce jour, le taux d'extraction d'un puits est de 34%. En améliorant ce rendement de 5%, ce qui arrivera fatalement, voire même mieux, il y aura du pétrole pour vingt ans supplémentaires sur les seules réserves connues. Voyez-vous, en 1970, certains annonçaient la fin des énergies fossiles, d'autres, en 1980, que les gisements de la mer du Nord étaient en fin de vie.

Selon vous, le pic pétrolier et la pénurie ne sont pas pour demain?

Ceux qui brandissent la menace d'une pénurie, même au nom d'une raison aussi louable que l'écologie, mentent. Personne n'est réellement en mesure d'estimer objectivement le niveau des réserves. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que celles-ci contiennent encore des milliards de barils. La question centrale est de savoir si des technologies permettront de les extraire. Personnellement, je ne vois pas de pic pétrolier avant 2030 à 2040. Peut-être ne le verra-t-on même jamais dès lors que nos sociétés se seront détournées du pétrole avant.

4 Quelle voiture, quel chauffage choisir?

«L'avenir appartient aux technologies hybrides»

Demain, j'achète une voiture et je construis une villa. Quel moteur et quel chauffage choisir?

L'avenir appartient aux technologies hybrides. Consommer de l'essence pour rester dans un embouteillage est absurde. Pour éviter ce gaspillage, le moteur hybride est idéal. Idem pour le chauffage que je conseillerai moitié mazout, moitié solaire. Au prix actuel du fioul, l'investissement consenti pour l'énergie solaire s'avérera vite rentable.

Le virage vers les énergies alternatives semble effectivement inéluctable?

Je crois qu'il est déjà bien amorcé. La récente déclaration du président Bush en faveur de ces énergies en atteste. Venant de lui, cet appel visant à se débarrasser de plus en plus de la dépendance au pétrole équivaut à mes yeux à l'annonce de John Kennedy évoquant l'idée d'envoyer un homme sur la Lune. En clair, c'est le début d'une immense révolution.


* Suisse né au Zimbabwe, Conrad Gerber a créé la société Petro-Logistics, à Genève, qui édite un bulletin confidentiel faisant le point sur l'état des livraisons de pétrole dans le monde. Des informations qui ne sont disponibles nulle part ailleurs et qui influencent directement le prix du brut. Ses clients sont les compagnies pétrolières, les banques, les instituts financiers ainsi que tous les acteurs du négoce pétrolier.


Démonstration

Avec une éponge et une pipette, Conrad Gerber explique qu'actuellement on n'extrait que 34% du pétrole contenu dans un puits et qu'à l'avenir les avancées technologiques devraient permettre de mieux tirer parti des gisements.
Espérez le meilleur, préparez-vous au pire

ecorage
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Message par ecorage » 08 août 2006, 16:09

Personne n'est réellement en mesure d'estimer objectivement le niveau des réserves.
Ce qui est sûr, en revanche, c'est que celles-ci contiennent encore des milliards de barils.
Il se trompe, il n'a pas vu qu'il était l'homme de la situation !
Il est capable d'évaluer le niveau des réserves, puiqu'il en indique le niveau. (J'ai l'impression d'entendre mon petit fils de 7 ans qui me donne des idées de grandeurs ... ça ne veut rien dire.
Dans le ciel, il y a des milliards de milliards d'étoiles ... bof !)

S'il se trompe, (ce qui est étonnant puisqu'il s'agit d'un expert), c'est qu'on risque d'être rapidement dans la m.. (modéré Schlumpf) pour le plus grand nombre : Plus de pétrole.

S'il ne se trompe pas, (ce qui est normal, puisqu'il s'agit d'un expert), c'est qu'on risque d'être rapidement dans la m.. (modéré Schlumpf) : Pollution et dérèglements climatiques.

Dans les 2 cas : :-D

Daniel_Z
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Message par Daniel_Z » 08 août 2006, 16:20

puisqu'il s'agit d'un expert
Un expert qui a des espions dans tous les ports du monde qui estiment la quantité de pétrole produit/exporté/stocké/etc, en observant la ligne de flottaison des pétroliers...

C'est ça sans doute les chiffres fiables!
Espérez le meilleur, préparez-vous au pire

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guino
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Message par guino » 08 août 2006, 16:53

Il n'y a pas non plus une petite contradiction entre "ceux qui parlent de pénurie" ( donc du pic) "mentent" et "je vois le pic en 2030 2040" ?

Vraiment...

Il confirme que la différence entre eux et lui, ce ne sont que quelques années ...
mai 2010. je passais de moins en moins, j'ai acheté mon terrain, commencé à le travailler. L'ambiance sur oléocène se dégrade d'une façon alarmante, peu réjouissant quant à la capacité de l'humanité à réagir à des crises.Je ne me sens plus à ma place ici.

koogan
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Message par koogan » 08 août 2006, 17:23

Daniel_Z a écrit :
puisqu'il s'agit d'un expert
Un expert qui a des espions dans tous les ports du monde qui estiment la quantité de pétrole produit/exporté/stocké/etc, en observant la ligne de flottaison des pétroliers...

C'est ça sans doute les chiffres fiables!
Il compte ce qui entre et sort des tankers, point barre.
Et puis ses prévisions sont fondées sur les réserves déclarées par l'OPEP dont on sait qu'elles sont faussées depuis - au moins - le milieu des années 80...
Bref, son business, c'est de vendre des chiffres sur le pétrole... il serait bien fou de se tirer une balle dans le pied.
CQFD : si on veut des infos fiables concernant le pétrole, c'est pas à ceux qui en vivent qu'il faut les demander.
Dernière modification par koogan le 10 août 2006, 08:01, modifié 1 fois.

Devenson
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Message par Devenson » 08 août 2006, 17:57

Je n'ai pas mon exemplaire sous la main, mais il me semble que Matt. Simmons dit de Petrologistics dans son bouquin "Twilight ..." :
"Pour autant que nous sachions, Petrologistics est un bonhomme tout seul à son épicerie de Genève, et qui tire au hasard les chiffres des mouvements des tankers".

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Message par ecorage » 08 août 2006, 18:30

Petrologistics est un bonhomme tout seul à son épicerie de Genève
J'espère qu'il a vue sur le lac pour voir passer les tankers !

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irinet
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Message par irinet » 08 août 2006, 19:28

Je trouve que c'est un petit joueur... moitié solaier moitié fioul???

Pourquoi pas complètement solaire, alors? Je comprends pas du tout sa position... Sa remarque sur les géologistes me paraît très exagérée... de même je trouve que sa position sur l'hybride montre à quel point ses chiffres sont fiables: d'un coté nous n'avons aucun souci à nous faire, mais de l'autre il faut réduire notre consommation.

En fait, c'est un message qui n'en n'est pas un parce qu'il porte en lui les deux positions opposées. On ne peut pas croire qu'il n'y a aucun problème puisque on a besoin d'une révolution et même Bush l'admet, et de l'autre coté sa position tellement rassurante rend complètement stupide sa conclusion sur les économies d'énergie...

En bref, j'ai trouvé ça nul. Et ne parlons même pas du "il faudra que les pays européens baissent leurs taxes".
"Tu vois, tu n'es pas assez optimiste, là. Moi j'envisage un monde plein de sagesse, de bonté, et de télétubbies qui gambadent dans les champs"

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Message par vincent128 » 10 août 2006, 00:45

irinet a écrit :Je trouve que c'est un petit joueur... moitié solaier moitié fioul???

Pourquoi pas complètement solaire, alors? Je comprends pas du tout sa position...
Renseignes toi sur le chauffage solaire et tu comprendras!

T'es-tu jamais fait la remarque que, s'il fait si froid en hiver, c'est parce qu'il y a peu de soleil pendant cette saison, et qu'en conséquence il est problématique et paradoxal de vouloir faire du chauffage solaire justement quand il y a si peu de soleil?

- Soit on fait du stockage intersaisonnier (on accumule de la chaleur l'été pour l'hiver suivant, avec une grosse citerne d'eau chaude sous la maison par exemple), mais c'est complexe et surtour très cher.

- Soit on fait un petit stockage, qui donne entre 12 et 72 heures de "réserve", simplement pour tamponner les variations de la météo, mais dans ce cas, on ne produit par le solaire que 30 à 50% des besoins de chauffage. Il faut un chauffage d'appoint pour les périodes froides et sans soleil : fioul, gaz ou bois le plus souvent. L'écrasante majorité des chauffages solaires fonctionnent selon ce principe, d'où sa remarque.

- Soit encore, on fait une maison tellement hyper isolée qu'elle n'a presque pas besoin de chauffage : c'est la "passiv haus". Mais les besoins sont si faibles qu'elle est chauffée presque autant par l'ordinateur et la télé que par le système que chauffage, qui pourrait éventuellement comporter du solaire! Ce nouveau concept est encore très très peu répandu.
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Message par irinet » 10 août 2006, 16:48

Ah d'accord, c'est vrai qu'avec les explications ça paraît logique.

Mais je ne comprends tout de même pas pourquoi on n'en fait pas plus du point de vue architectural pour le chauffage et le refroidissement...

Enfin je trouve que c'est quand même une position faible dans le sens où ses arguments vont un peu dans tous les sens... Cette remarque sur le chauffage est tout de même révélatrice de la façon de penser de beaucoup, qui voient l'intérêt de réduire la consommation mais ne partent pas du tout du principe qu'il faudrait s'en passer du tout au tout.

Les arguments de anti-peak sont toujours pareils ces temps-ci : d'abord, c'est faux, ensuite, ça sera dans longtemps, en plus on a des solutions de rechange qui sont très bien. En fait c'est fait pour maintenir la tête sous terre de tous ceux qui pourraient avoir une reflexion sur le sujet. La première partie capte les vieux réfractaires à toute idée remettant en cause la manière dont on a abordé l'énergie, la seconde se met dans la poche les bons pères de famille qui veulent maintenir le status quo pour leur vie confortable, et on verra après leur mort, et la dernière c'est pour les jeunes qui veulent croire qu'ils pourront consommer comme des dingues tout comme les générations d'avant...

En fait, il ne manque plus que la dernière partie "et d'ailleurs il en faut si peu pour être heureux" mais ça c'est anti-consommation de masse, alors forcément c'est moins porteur. Pourtant, quand Baloo le dit chez Disney, ça s'occupe de la dernière génération à convaincre ^^.
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