La Russie retire à Shell sa licence pour le gisement Sakhaline 2
La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise est sommée par le Parquet général russe d'interrompre ses projets de développement sur l'île de Sakhaline, un gigantesque champ gazier et pétrolier de l'Extrême-Orient russe. Certains investissements du français Total et de l'américain ExxonMobil sont également sur la sellette.
Le ministère russe des Ressources naturelles a mis aujourd'hui ses menaces à exécution en décidant de retirer l'autorisation accordée à Shell d'exploiter le gisement de gaz naturel de Sakhaline 2. Le Parquet général a prononcé l'annulation par décret d'une expertise écologique qui donnait pourtant le feu vert à la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise pour développer ses activités sur cette île située sur la côte Pacifique du pays. Estimé à 20 milliards de dollars, il s'agit du plus important investissement privé jamais engagé dans le secteur énergétique dans le monde. C'est également le plus gros investissement étranger en Russie.
Selon le Parquet général, Shell n'a pas fourni aux auteurs de l'expertise écologique "de documents suffisamment approfondis et complets", estimant que le groupe ne satisfait pas aux garanties minimales requises par la loi russe. En cause notamment, le respect des normes sismiques et la prise en compte de l'érosion des sols dans la construction de ses infrastructures.
"Nous sommes obligés d'appliquer cette décision", indique un porte-parole du ministère des Ressources naturelles russe. De fait, le gouvernement reprend la main sur ce dossier sensible, alors qu'un tribunal de Moscou devait examiner le 21 septembre prochain une plainte du service de contrôle de l'environnement russe, qui ne disposait pas d'autres recours que la voie judiciaire pour contraindre le groupe Shell.
Dans un secteur hautement stratégique, cette décision est une façon pour le gouvernement de Vladimir Poutine "d'avoir plus de contrôle sur ses projets, plus de contrôle sur l'argent et sur les ressources", estime ainsi Andreï Gromadine, un expert du secteur gazier et pétrolier à la banque MDM interrogé par l'AFP. En mettant la pression sur les opérateurs pétroliers étrangers, il privilégie les intérêts de la compagnie gazière nationale OAO Gazprom qui serait désormais susceptible de s'inviter au projet.
Pour l'heure, le consortium d'exploitation Sakhaline 2 reste contrôlé à 55% par Shell, les autres 45% étant détenus par deux sociétés japonaises de négoce, Mitsui et Mitsubishi. Désormais en suspens, le projet vise à exporter par bateau, à partir de l'été 2008 et pour plus de 20 ans, du gaz naturel liquéfié (GNL) aux grandes compagnies japonaises d'électricité et de gaz. Décidé en 2003, il devait marquer l'entrée du gaz russe sur le marché en pleine expansion de la région Asie-Pacifique.
Plus tôt ce matin, le ministère russe des Ressources naturelles a également menacé de retirer leur licence d'exploitation à deux autres compagnies pétrolières dont les activités d'exploitation s'exercent "dans le cadre d'accords de partage de production avec l'Etat". Dans le collimateur, le groupe français Total et l'américain ExxonMobil, qui sont respectivement présents sur les sites de Khariaga (Grand Nord) et Sakhaline 1, et dont les projets d'installation sont jugés non-conformes sur le plan technique.
Contre Total, le ministère russe a ouvert une procédure administrative fin juin, pouvant conduire au versement d'indemnités financières au motif d'une mauvaise gestion du site de Khariaga. Par ailleurs, le service de contrôle de l'environnement dépendant du ministère a lancé le 6 septembre dernier des vérifications concernant la conformité du projet d'exploitation Sakhaline 1.
La Russie
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La Russie retire à Shell sa licence pour le gisement Sakhaline 2
Quelques nuances et précisions :
L'Etat veut tirer un bénéfice supplémentaire des accords sur le partage de la production
(Gazeta.ru)
12:28 | 19/ 09/ 2006
MOSCOU, 19 septembre - RIA Novosti. Le ministère russe des Ressources naturelles a menacé de révoquer la licence des sociétés qui exploitent les richesses du sous-sol dans le cadre d'un accord sur le partage de la production. Les fonctionnaires déclarent qu'aucun projet technique objet d'un tel accord n'est respecté. Les experts, eux, sont d'avis que le pouvoir est en quête de moyens de tirer un bénéfice supplémentaire.
D'après la loi, un accord sur le partage de la production peut être résilié dans deux cas: si l'opérateur du projet refuse d'exercer ses fonctions ou d'un commun accord entre les partenaires. Cependant, aux dires d'un représentant du ministère des Ressources naturelles, Sergueï Fedorov, tout écart par rapport au projet technique de mise en valeur d'un gisement ou tout manquement aux impératifs écologiques tombent sous le coup de la loi sur le sous-sol. "A l'heure actuelle, aucun projet technique n'est respecté dans les trois accords sur le partage de la production", a-t-il déclaré. Au ministère, on a confirmé que la décision définitive de révoquer la licence n'a pas encore été prise mais les propos du fonctionnaire ne reflètent pas son opinion personnelle.
Le ministère des Ressources naturelles a demandé officiellement la semaine dernière aux opérateurs des projets (Total, Exxon Neftegas Ltd et Sakhalin Energy) de l'informer des résultats techniques et économiques de la réalisation de leur projet.
Les experts estiment que la raison principale des déclarations catégoriques du ministère est que l'Etat n'est pas satisfait du bénéfice qu'il tire des gisements exploités en partage de la production. "Ces gisements peuvent coûter beaucoup plus cher aujourd'hui qu'au moment de la conclusion des accords dans les années 90. Il est possible que l'Etat ait décidé de revoir les conditions des accords à son avantage", estime Dmitri Manguilev, analyste de la société d'investissement Prospekt. "Peut-être le ministère des Ressources naturelles propose-t-il ainsi aux compagnies pétrolières de s'entendre", acquiesce Konstantin Tcherepanov, de Ray, Man & Gor Securities.
D'ailleurs, de l'avis des spécialistes, l'Etat et les compagnies en arriveront finalement à un compromis parce que la révocation de la licence ne profitera à personne. "La Russie serait alors entraînée dans un grand scandale. Les compagnies publiques sont capables de réaliser de façon autonome les actuels accords sur le partage de la production mais cela demanderait des injections financières considérables et la conclusion de nouveaux contrats de livraisons. Dans ces conditions, les gisements en question n'intéresseraient pas les compagnies publiques", conclut Dmitri Manguilev.
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Le Centre international d'enrichissement de l'uranium en Russie pourrait être créé à Angarsk (Sergueï Kirienko)
17:45 | 19/ 09/ 2006
VIENNE, 19 septembre - RIA Novosti. Le Centre international d'enrichissement de l'uranium en Russie pourrait être créé à Angarsk, a déclaré Sergueï Kirienko, directeur de Rosatom (Agence fédérale russe pour l'énergie atomique), lors d'une réunion dans le cadre de la Conférence générale de l'AIEA à Vienne.
"Nous achèverons toutes les procédures organisationnelles avant la fin de cette année, pour que ce centre commence à fonctionner l'année prochaine", a-t-il dit.
Selon lui, chaque pays participant à cette coentreprise recevra sa part de revenus provenant de l'enrichissement de l'uranium.
"Mais les participants à ce centre international n'auront pas accès aux technologies d'enrichissement de l'uranium", a souligné Sergueï Kirienko.
L'idée de créer ce Centre international peut être liée à d'autres initiatives internationales dans le domaine du nucléaire civil.
"Nous avons examiné hier avec le sénateur Sam Nunn la possibilité de créer auprès de ce Centre international une réserve garantie d'uranium", a précisé Sergueï Kirienko.
Le directeur de Rosatom est certain que toutes les propositions de la communauté internationale dans le domaine des services aux nouveaux pays en matière de cycle du combustible nucléaire doivent "revêtir un caractère multinational et se trouver sous le contrôle de l'AIEA".
L'initiative de créer un centre international d'enrichissement de l'uranium sur le territoire de la Russie appartient au président russe.
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Là la russie vient de faire un pas de plus dans ces déclaration sur le fait que gazprom doit être majoritaire dans les projets de développement des ressources énergétique.Il n'y aura pas d'"affaire Ioukos" à Sakhaline (Gazeta)
12:53 | 20/ 09/ 2006
MOSCOU, 20 septembre - RIA Novosti. La décision du ministère russe des Ressources naturelles d'annuler l'avis favorable de l'expertise écologique publique sur le projet Sakhaline-2 a été interprétée, par les experts et les médias occidentaux, comme un "signal pour revoir les accords sur l'extraction conjointe de ressources", voire comme une "nouvelle tentative de Moscou de reprendre le contrôle des actifs pétroliers et gaziers du secteur privé" pour "accorder à Gazprom une participation au projet". Les analystes russes appellent leurs collègues à garder le sang-froid et affirment qu'après un "marchandage qui ne durera pas" le projet continuera à se développer normalement.
Les médias japonais ont placé la décision du ministère russe sur le même plan que "le démantèlement de Ioukos et la coupure provisoire du gaz en Ukraine". Le secrétaire général du gouvernement nippon, Shinzo Abe, principal candidat à la succession du premier ministre sortant, a menacé Moscou de revoir complètement les relations bilatérales. D'autres pays se sont limités à faire savoir, au niveau non officiel, les conséquences négatives éventuelles qui frapperaient la Russie en cas d'ingérence de l'Etat dans l'économie.
Mitsui et Mitsubishi (qui détiennent respectivement 25% et 20% du capital social de Sakhalin Energy, opérateur du projet) ont déjà investi 4,7 milliards de dollars dans Sakhaline-2 et se gardent de faire des gestes brusques. Les deux ont pourtant déjà essuyé des pertes : hier, un jour après la décision du ministère russe des Ressources naturelles, l'action Mitsui a chuté à Tokyo de 3,1% et celle de Mitsubishi de 1,8%.
Sur ces entrefaites, Moscou n'est pas enclin à voir des dessous politiques dans la décision du ministère russe concernant le projet Sakhaline-2. "Je comprends que cette évolution des événements est de nature à provoquer des émotions au Japon. J'invite donc les hommes politiques et, bien entendu, les journalistes japonais à accueillir la nouvelle sans émotion et à s'efforcer de ne pas dépasser le cadre de l'enquête sur le fond du problème. Je compte que toutes les raisons de considérer ce problème comme politique seront supprimées", a déclaré hier le chef du comité des affaires internationales de la Douma, Konstantin Kossatchev.
Le directeur du Centre des relations russo-nippones de l'Institut de l'Extrême-Orient relevant de l'Académie des sciences de Russie, Viktor Pavliatenko, estime, lui, que "les déclarations violentes sont pour Shinzo Abe un coup de maître dans sa campagne électorale". "Il n'y aura pas d'autres "affaires Ioukos" et pas plus que de guerre russo-japonaise. Après un marchandage qui ne prendra pas beaucoup de temps Gazprom sera admis à participer au projet avec les Japonais. Il est donc inutile de se tracasser pour la réalisation du projet", a estimé l'expert.
Les régles se resserrent.
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Logique après tout... Les occidentaux se sont jeté sur les ressources naturelles soviétiques après la chute du mur comme des hyènes sur une carcasse et Poutine a clairement exprimé sont intention de redonner à la Russie la place qui était jadis la sienne.franck1968 a écrit : Là la russie vient de faire un pas de plus dans ces déclaration sur le fait que gazprom doit être majoritaire dans les projets de développement des ressources énergétique.
Les régles se resserrent.
Ca inclu bien évidement le contrôle de ses secteurs économiques les plus stratégiques.
Je crois que la fête est terminé pour les charognards occidentaux, le gouvernement Russe les a dans le colimateur...
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Je viens de relire la déclaration de poutine qu'il avait fait au G8 en juillet 2006.
ici comme tu dis MathBreizh "Les occidentaux se sont jeté sur les ressources naturelles soviétiques après la chute du mur comme des hyènes sur une carcasse et Poutine a clairement exprimé sont intention de redonner à la Russie la place qui était jadis la sienne.
Ca inclu bien évidement le contrôle de ses secteurs économiques les plus stratégiques.
Je crois que la fête est terminé pour les charognards occidentaux, le gouvernement Russe les a dans le colimateur..."
ici comme tu dis MathBreizh "Les occidentaux se sont jeté sur les ressources naturelles soviétiques après la chute du mur comme des hyènes sur une carcasse et Poutine a clairement exprimé sont intention de redonner à la Russie la place qui était jadis la sienne.
Ca inclu bien évidement le contrôle de ses secteurs économiques les plus stratégiques.
Je crois que la fête est terminé pour les charognards occidentaux, le gouvernement Russe les a dans le colimateur..."
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Après Shell, la Russie s'attaque au cas Total
Après avoir retiré une licence à Shell, (voir la brève concernant Shell : Hydrocarbures : la Russie change les règles du jeu) la Russie poursuit ses attaques contre les compagnies pétrolières étrangères en mettant la pression cette fois ci sur le français Total.
Le ministère des Ressources naturelles a dit jeudi disposer de "bases légales" pour un éventuel retrait au géant Total de sa licence de développement du champ pétrolier de Khariaga, dans le nord de la Russie.
Le champ de Khariaga produit actuellement environ 20.000 barils par jour et fait l'objet depuis plusieurs années d'âpres disputes, le gouvernement russe accusant Total de retards excessifs dans l'avancement du projet.
Le groupe britannique BP pourrait également voir ses projets menacés.
Bon là c'est clair si les compagnies pétroliéres veulent investir en Russie cela sera aux conditions de Poutine.
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Bonjour,
J'y pensais justement à l'instant en écoutant ceci sur Bloomberg.
Un certain Alexandre Paillard, du ministère de la défense, expliquait à l'instant que Gasprom n'investissait pas assez actuellement dans ses champs gaziers. Gasprom allait donc vraisemblablement rencontrer de gros, gros problème de production à l’horizon 2010-2011. De plus, dans le même temps, le Kremlin, en retirant des concessions aux compagnies étrangères, n'encourageait pas les investissements en Russie.
Il prétend que la Russie n'a plus que deux secteurs économiques qui peuvent permettre l'entrée de devises en Russie : l'exploitation des ressources (pétrole, gaz, charbon) et l'armement.
Dans ces conditions, il nous dit que l'Europe risque de manquer de gaz à l'horizon 2010-2011 puisqu'il n'y a pas vraiment d'alternative à une baisse de production du gaz Russes.
Donc en résumé, Poutine prendrait ainsi le risque intérieur de limiter les entrées futures de devises en Russie et le risque extérieur de mettre ses clients Européens dans la m……
Sur la toile on trouve que Christophe-Alexandre Paillard est administrateur civil, chef du bureau « prospective technologique et industrielle » de la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la Défense et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris en questions internationales et en économies de la sécurité
J'y pensais justement à l'instant en écoutant ceci sur Bloomberg.
Un certain Alexandre Paillard, du ministère de la défense, expliquait à l'instant que Gasprom n'investissait pas assez actuellement dans ses champs gaziers. Gasprom allait donc vraisemblablement rencontrer de gros, gros problème de production à l’horizon 2010-2011. De plus, dans le même temps, le Kremlin, en retirant des concessions aux compagnies étrangères, n'encourageait pas les investissements en Russie.
Il prétend que la Russie n'a plus que deux secteurs économiques qui peuvent permettre l'entrée de devises en Russie : l'exploitation des ressources (pétrole, gaz, charbon) et l'armement.
Dans ces conditions, il nous dit que l'Europe risque de manquer de gaz à l'horizon 2010-2011 puisqu'il n'y a pas vraiment d'alternative à une baisse de production du gaz Russes.
Donc en résumé, Poutine prendrait ainsi le risque intérieur de limiter les entrées futures de devises en Russie et le risque extérieur de mettre ses clients Européens dans la m……
Sur la toile on trouve que Christophe-Alexandre Paillard est administrateur civil, chef du bureau « prospective technologique et industrielle » de la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la Défense et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris en questions internationales et en économies de la sécurité
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Après Sakhaline-2, Moscou s'en prend à Sakhaline-1
par Mikhaïl Ienoukov
MOSCOU (Reuters) - L'offensive de la Russie contre les gros projets d'investissement étranger dans le secteur de l'énergie a pris pour cible Exxon Mobil et Sakhaline-1 jeudi, Moscou interdisant un dépassement de coûts de 4,2 milliards de dollars au motif qu'il réduirait sa part de bénéfice.
En début de semaine, les autorités avaient suspendu le gigantesque projet Sakhaline-2 confié à Royal Dutch Shell, officiellement pour des infractions environnementales, ce qui avait provoqué la colère de l'Union européenne et du Japon.
Les décisions visant Shell et Exxon s'inscrivent manifestement dans le cadre des efforts du Kremlin pour resserrer son emprise sur le secteur de l'énergie, une campagne qui devrait aller en s'intensifiant à l'approche de la fin du mandat du président Vladimir Poutine en mars 2008.
Selon les analystes, Moscou cherche à contraindre les grandes compagnies pétrolières internationales à renoncer à tout ou partie des généreux accords de partage de production conclus dans les années 1990, quand la Russie était considérée comme un pays à risque pour les investissements et que les cours du brut végétaient loin de leurs niveaux actuels.
"Si les coûts continuent d'augmenter sans contrôle, la Russie se retrouvera avec seulement 6% de royalties car tous les bénéfices du pétrole iront au remboursement des coûts", explique Sergueï Fiodorov, un responsable du ministère des Ressources naturelles, au sujet des projets d'Exxon et de Shell sur l'île extrême-orientale de Sakhaline.
LOURDS RETARDS
Les autorités ont aussi fait savoir à Exxon qu'il ne pourrait pas démarrer ses livraisons de brut à des raffineries asiatiques d'ici le 15 novembre, comme il le prévoyait, en raison de contrôles supplémentaires à effectuer à son terminal.
Une troisième source a indiqué que le ministère des Ressources naturelles avait mis aux enchères en juillet un petit dépôt de pétrole qu'Exxon revendique comme faisant partie de Sakhaline-1.
Fiodorov, qui a la haute main sur la politique d'utilisation du sous-sol au ministère, a expliqué à Reuters avoir été informé que les coûts d'Exxon pourraient atteindre 17 milliards de dollars au lieu des 12,8 milliards initialement projetés.
Ce dépassement de coûts, non encore confirmé selon Fiodorov, ferait suite au doublement de ceux de Sakhaline-2 que Shell chiffre maintenant à 20 milliards de dollars, ce qui a provoqué la colère de la Russie.
Sakhaline Energy, l'opérateur du projet de Sakhaline-2, a vivement dénoncé jeudi l'annulation du permis écologique qui est à l'origine de la suspension du projet.
"Les conséquences de cette révocation pourraient être la suspension des opérations entraînant de lourds retards, des coûts supplémentaires et des dommages irréparables à la réputation de ce projet (...) et de la Fédération russe dans son ensemble pour son incapacité à honorer ses contrats de fourniture de gaz", a-t-il affirmé.
Fiodorov a déclaré que le dépassement des coûts et la lenteur des opérations pourraient servir de motifs à un retrait des licences d'exploitation. "Nos juristes pensent que cela est possible et ne serait pas en contradiction avec les accords", a-t-il dit.
DES CONDITIONS PLUS AVANTAGEUSES
L'accord de partage de production signé en 1993 ne permet pas à la Russie de mettre fin unilatéralement au projet, mais selon les analystes de Deutsche UFG elle va probablement faire en sorte d'obtenir des conditions plus avantageuses.
"L'annulation des licences serait une solution trop extrême et qui entraînerait probablement un arbitrage international", observent-ils dans une note. Deutsche UFG s'attend plutôt à ce que les opérateurs étrangers finissent par assumer une part plus importante des coûts pour satisfaire Moscou et, dans le cas de Shell, que la "major" anglo-néerlandaise accepte de partager Sakhaline-1 avec le monopole russe Gazprom.
Shell extrait déjà du pétrole de Sakhaline-2 et entend y construire d'ici 2008 le plus important site mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) pour fournir des clients asiatiques, japonais notamment, et les Etats-Unis.
Exxon de son côté prévoit d'extraire 250.000 barils par jour de pétrole brut à Sakhaline-1 d'ici la fin de l'année, les exportations devant débuter à la fin septembre. Ce sera le plus important apport de brut dans la région depuis des années et les raffineurs l'attendent avec impatience comme alternative aux fournitures du Moyen-Orient.
Mais Alexandre Polechtciouk, responsable des normes techniques pour l'industrie pétrolière en Extrême-Orient russe, a expliqué à Reuters que seuls deux pétroliers seraient autorisés à quitter le terminal De Kastri avant le 15 novembre, et dans le cadre d'essais, alors qu'Exxon voulait le départ de cinq bateaux.
"Nous avons beaucoup de remarques à faire concernant l'achèvement et la mise en service du terminal", a-t-il dit.
Michael Allen, le porte-parole d'Exxon Neftegaz, a affirmé que le groupe entendait toujours charger le premier pétrolier avant la fin septembre.
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La politique de développement énergétique de la Russie
Cet article ( http://www.kommersant.com/page.asp?id=705782 ) présente les orientations futures de la Russie en ce qui concerne la production d'électricité et de façon plus générale de l'évolution du "mix" énergétique. Il semblerait que la production de gaz naturel ne soit pas suffisante pour répondre à la fois à la demande intérieure et à la demande extérieure. L'option choisie serait de privilégier l'usage du gas-oil et surtout du charbon, aussi bien pour la génération d'électricité que pour les utilisations domestiques. Cela permettrait à Gazprom de maintenir le niveau de ses exportations de gaz naturel.
Ma première idée - idée fixe - a été de publier cette information dans le fil "Ethanol". Mais il y a d'autres possibilités.
Ma première idée - idée fixe - a été de publier cette information dans le fil "Ethanol". Mais il y a d'autres possibilités.
- Russie : c'est le choix logique.
- Tous les fils sur le gaz naturel, Gazprom, le prix du gaz, les pics gaziers ... : les approvisionnements de gaz naturel de l'Europe dépendent en partie importante de la Russie. "Jerome a Paris" nous rappelle souvent que les Russes (Gazprom) ont été, sont et seront probablement des fournisseurs fiables. Mais cela n'empêche pas de se poser les questions suivantes :
- est-ce que leurs arbitrages se feront toujours dans le futur en faveur des exportations ?
- sachant que l'Europe dépend de plus en plus de l'extérieur pour sa fourniture d'énergie ( http://www.chron.com/disp/story.mpl/ap/fn/4203631.html ), est-ce que les Russes pourront longtemps augmenter leurs fournitures de gaz ?
- conséquence des 2 points précédents, est-ce que les prix du gaz ne vont pas augmenter inexorablement et substantiellement dans les années à venir ?
- Tous les fils sur la production, l'exportation de pétrole, le pic lui-même : si les Russes augmentent leur utilisation de pétrole pour remplacer le gaz et fabriquer de l'électricité et si leur croissance économique continue au rythme actuel, leurs exportations vont diminuer, même si leur production reste constante. C'est la théorie chère à Westexas de theoildrum qui pense que l'on va assister à une chute des exportations mondiales plus prononcée (en pourcentage) que la chute de la production elle-même (et que cela commencera avant le pic).
- Et bien sur, les fils concernant le bio-éthanol. Ma conviction est que ce type de biocarburants (lorsqu'il est à base de céréales ou de betterave) n'est guère plus qu'un procédé sophistiqué de conversion d'énergie fossile en carburants liquides ( CTL et GTL ). J'ai lu ou parcouru un assez grand nombre d'études sur les bilans en émission de CO2 des biocarburants. Il est curieux de constater que le mot "charbon" n'apparaît jamais, le gaz naturel étant le combustible "propre" utilisé lors des opérations de transformation. Dans la pratique, on sait que les chinois et les américains utilisent de plus en plus le charbon, tout simplement pour une question de prix de revient et de disponibilité. Je supposais que les Européens passeraient au charbon lorsque le gaz naturel deviendrait plus rare, plus cher et serait réservé à d'autres usages plus vitaux. Mais, d'ores et déjà, augmenter notre production d'éthanol, comme le prévoient les plans européens, signifierait donc augmenter globalement notre consommation de charbon. Les vilains petits compteurs de Mauna Loa ( http://www.cmdl.noaa.gov/ccgg/trends/ ) mesurent le CO2 de façon globale et se moquent totalement de savoir si nous respectons ou non localement le protocole de Kyoto.
- Cette information aurait donc aussi sa place sur les fils traitant de "développement durable", du changement climatique, de la globalisation, géopolitique, etc...
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- Hydrogène
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lienPétrole: "Les négociations en Russie vont donner le ton des années à venir"
John Thieroff, analyste crédit et spécialiste du secteur des hydrocarbures chez Standard & Poor's, estime que l'offensive menée par la Russie contre les compagnies pétrolières étrangères s'inscrit dans un mouvement d'ampleur mondiale, qui amorce un rééquilibre du partage de la manne de l'or noir.
latribune.fr.- Les menaces de retrait de licence d'exploitation brandies par le gouvernement russe à l'égard de Shell, Total, ExxonMobil ou BP constituent-elles une tendance de fond?
John Thieroff.- L'attitude des autorités russes est loin d'être isolée dans le monde, elle procède d'un mouvement d'ampleur internationale qui concerne bon nombre de pays exportateurs de brut. Car avec l'envolée des prix du pétrole, ces derniers n'ont pas manqué d'observer la rentabilité enviable des compagnies étrangères qu'ils ont invitées sur leur territoire. Ainsi ces dernières années, pas moins de six pays, le Venezuela, l'Algérie et la Russie en tête, ont rehaussé leurs taxes et le niveau de leurs royalties. En 2006, le rythme auquel augmentent ces diverses rentes pétrolières s'est même considérablement accéléré. A titre d'exemple, Hugo Chavez a, en l'espace de deux ans, très significativement augmenté le montant de la redevance sur l'extraction du brut en la passant de 1%... à 33%.
Quelles motivations animent ces décisions?
Si le gouvernement russe se penche avec beaucoup plus d'attention sur les accords de production partagée, c'est de façon à traquer les infractions qui mettront les opérateurs étrangers en défaut. On peut l'interpréter comme un moyen de ramener les compagnies pétrolières autour de la table des négociations et de les conduire à revoir les conditions des contrats d'exploitation pour équilibrer les arrangements conclus par le passé. Au-delà de cet aspect, l'augmentation constante des prix du brut a constitué ces trois dernières années une aubaine inattendue pour la Russie, renforçant considérablement la puissance de producteurs domestiques comme Gazprom ou Loukoïl. Les agissements récents du gouvernement russe semblent destinés à favoriser les champions nationaux au détriment des compagnies étrangères. Il sera intéressant d'observer comment les négociations en cours avec Shell, Total ou encore BP vont évoluer, car elles pourraient donner le ton des années à venir.
De quels moyens dispose la Russie pour faire pression sur les opérateurs étrangers?
Dans les pays occidentaux, nombreux sont ceux qui pensent que des pays comme la Russie manquent de structures juridiques. Bien au contraire! Elles sont peut être plus développées et complexes qu'on a tendance à le croire. Le problème de fond, c'est que les recours juridiques sont employés de manière soudaine, arbitraire et opaque. La nature très politique de l'industrie pétrolière et gazière dans ce pays crée un terrain sur lequel il est difficile aux différents opérateurs étrangers de naviguer.
Les litiges en cours vont-ils avoir un impact financier sur les compagnies pétrolières concernées?
Cela semble probable. A lui seul, le projet d'exploitation Sakhaline 2 (dont Shell détient 55% du capital, NDLR) nécessite un investissement de 20 milliards de dollars. Par ailleurs, le gisement voisin de Sakhaline 1, dont l'extraction est principalement financée par l'américain ExxonMobil, compte pour beaucoup dans la croissance attendue par le groupe dans les prochaines années. Au regard des enjeux et des sommes engagées, ces compagnies ne peuvent pas imaginer tirer totalement une croix sur la Russie et ce, quelles que soient les exigences de son gouvernement.
Quelle est leur marge de manoeuvre?
Le problème aujourd'hui, c'est que le pétrole est une ressource limitée et qu'il est de plus en plus difficile à trouver. Les zones d'exploitation autrefois simples d'accès comme la mer du Nord ou les Etats-Unis sont désormais saturées. Les grands opérateurs n'ont donc plus d'autre choix qu'aller prospecter et s'implanter dans des pays en dépit de leur caractère instable. D'une certaine manière, le facteur du risque politique est devenu presque inévitable.
"saturées" comme c'est joliment dit.