Louis Gallois : «Nous sommes devenus un bon citoyen américain»
Et quelques extraits:
Dieu merci que l'UE a quelques politiciens qui ont suivi l'Ecole des Amérique!Ensuite, nous avons pu démontrer que nous étions un bon citoyen américain en créant de l'emploi : le contrat va générer 25000 emplois aux États-Unis, sous-traitance incluse. Et nous allons construire une usine d'assemblage, à Mobile en Alabama, pour assembler le ravitailleur mais aussi la version fret de l'A330. Enfin, le climat politique entre la France et les États-Unis est devenu plus favorable. Ces bonnes relations ont créé de la confiance et ont permis que nous soyons traités de façon équitable.

Et la réponse du site DeDefensa:Nous n'installons pas cette usine aux États-Unis en raison du dollar faible. Elle va nous aider un peu mais l'assemblage ne représente qu'entre 6 et 7% de la valeur ajoutée d'un avion. En revanche, ce site s'inscrit dans la vision 2020, notre plan stratégique, qui prévoit qu'à cette échéance nous soyons présents aux États-Unis dans la défense. C'est une étape majeure.
L’exclamation aimablement ironique de Louis Galois («Nous sommes devenus un bon citoyen américain», dans Le Figaro du 3 mars) est compréhensible mais un peu trop fine, un peu trop “française” (cartésienne). Nous avons déjà connu de ces vertiges sur la coopération transatlantique, – car, contrairement à la fable aveuglément répandue sur leur prétendue supériorité exclusive et leur supposée jalousie nationaliste, les USA achètent à l’extérieur. Simplement, quand ils achètent, ils annexent et, bientôt, on oublie qu’ils achetèrent. Le produit acheté devient américaniste, étiqueté américain, et l’on passe à autre chose.
Les USA firent cela avec le Canberra (Martin B-57), le Harrier (McDonnell Douglas AV-8). Il leur arriva d’utiliser des pseudo-Mirage prestement américanisés (12 IAI Kfir, version israélienne piratée et updated du Mirage M-5, redésignés F-21). On crut à la coopération transatlantique hors UK-USA lorsque l’U.S. Army faillit choisir le Leopard allemand plutôt que le coûteux Abrams, lorsqu’elle choisit le missile sol-air franco-allemand Roland ou le système de transmission français RITA. Chaque fois nous en fûmes pour nos frais d’enthousiasme, l’achat non-US étant prestement américanisé et disparaissant dans le trou noir de l’étalage virtualiste de la puissance US. La seule chose qui était prouvée et à nouveau prouvée pour chaque achat, qui est à nouveau prouvée aujourd’hui, c’est la part importante de mythe dans l’affirmation de la supériorité technologique US sur l’Europe. La notable médiocrité de l’offre Boeing par rapport à celle de Northrop Grumman-EADS en est un signe de plus, en même temps que la persistance du très lourd complexe de supériorité US. (Boeing n’a pas cru une seconde que les capacités technologiques et de gestion de la proposition concurrente pourraient suffire à emporter l’adhésion de l’USAF, parce qu’il est par définition incroyable qu’un fournisseur non-US puisse prétendre à cela.)