Ca y est la BCE remonte son taux de 2.0 % à 2.25 %.
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La BCE relève ses taux mais promet de la modération
par Krista Hughes
FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne a relevé ses taux d'intérêt pour la première fois en cinq ans, mais son président Jean-Claude Trichet a assuré que tout resserrement futur serait modéré.
Résistant aux appels des dirigeants politiques et des milieux d'affaires en faveur d'un statu quo pour soutenir la croissance dans la zone euro, la BCE a, comme elle l'avait clairement laissé entendre en novembre, relevé son taux de refinancement d'un quart de point à 2,25%.
La dernière modification des taux directeurs dans la zone euro remontait au 5 juin 2003. La BCE les avaient alors abaissés d'un demi-point, ramenant le taux "refi" à un plus bas historique de 2%.
Lors de sa conférence de presse mensuelle, Trichet a expliqué que l'institution restait préoccupée par les risques inflationnistes dans la zone euro, en conséquence notamment de l'envolée des prix des produits pétroliers.
Les dernières données disponibles confirment le scénario de la poursuite de la reprise économique au deuxième semestre, même si des risques demeurent, a-t-il ajouté.
Il a présenté à cette occasion les dernières projections de la BCE en matière de croissance et d'inflation, relevées dans les deux cas pour 2005 et 2006.
Pour autant, Trichet a assuré que la BCE ne s'embarquait pas dans un cycle agressif de resserrement monétaire comme l'a fait la Réserve fédérale américaine en procédant à 12 hausses de taux depuis la mi-2004.
"Il n'y a pas eu de décision prise ex-ante, avant la réunion d'aujourd'hui du conseil des gouverneurs, de nous engager dans une série de hausses de taux", a-t-il dit, expliquant que la banque centrale "continuerait de suivre de près tout ce qui se passera en matière de risques pour la stabilité des prix".
Ces propos, qui donnent à penser que la BCE adoptera désormais une approche au coup par coup, relevant ses taux à un rythme modéré en fonction de l'évolution de l'inflation et de la croissance, ont propulsé le future sur le Bund à un plus haut de cinq semaines tandis que l'euro reculait face au dollar.
Les marchés avaient intégré le scénario de deux hausses de taux supplémentaires en 2006.
"C'est la hausse de taux la moins assumée que j'aie jamais connue", affirme Kevin Gaynor, économiste chez Royal Bank of Scotland. "Fondamentalement, la BCE nous dit aujourd'hui qu'il n'y aura pas d'autres (hausses de taux). Nous allons sans doute devoir attendre un trimestre supplémentaire avant qu'elle ne fasse quoi que ce soit d'autre".
"DEBAT PROFOND" MAIS VOTE UNANIME
Trichet a noté que différents points de vue coexistaient au sein du conseil des gouverneurs mais que les 18 banquiers centraux s'étaient prononcés à l'unanimité sur la hausse de taux, après un débat "profond".
Les taux, a-t-il souligné, restent à un bas niveau, contribuant ainsi à la croissance et à l'emploi dans la zone euro.
A ses détracteurs qui estimaient qu'une hausse de taux risquait de faire dérailler la reprise, il a répondu que "311 millions de personnes dans la zone euro" attendaient de la BCE qu'elle respecte son mandat de préservation de la stabilité des prix. "Parce que nous respectons notre mandat, nous sommes à même de renforcer la confiance de ces 311 millions de personnes, cela nous a permis de mettre en place des taux plus bas que les plus bas de notre prédécesseur le plus crédible", a-t-il ajouté en faisant allusion à la Bundesbank.
Les ministres des Finances qui avaient multiplié les appels contre une hausse de taux ont réagi avec résignation ou dépit.
Thierry Breton, le ministre français, a estimé que la hausse des taux de la BCE coûterait "environ 250 millions d'euros l'an prochain à nos finances publiques", via l'alourdissement de la charge de la dette.
"Je note que la BCE a indiqué que ce mouvement des taux ne préfigurait pas une série de hausses", a-t-il dit au Sénat. "Je n'ai donc pas de raison de changer mon pronostic favorable sur l'évolution de notre économie dans les 12 prochains mois".
A Berlin, son homologue allemand Peer Steinbrück a aussi estimé que son pays pouvait faire face à condition que ce relèvement ne marque pas le début d'une série. "Je ne pense pas que cela aura un gros impact négatif", a-t-il dit.
Le ministre autrichien Karl-Heinz Grasser, en déplacement à Rome, a affirmé que la hausse de taux "n'aiderait ni la lutte contre l'inflation ni la croissance économique en Europe".
Du côté des entreprises, Ernest-Antoine Seillière, président de la fédération patronale européenne Unice, a critiqué la BCE. "Ce n'est pas la bonne décision et nous espérons qu'il n'y aura pas d'impact négatif", a-t-il dit.
La BCE a revu en hausse sa projection de croissance pour 2005, à 1,4% contre 1,3% prévu en septembre, et celle pour 2006 a été rehaussée à 1,9% contre 1,8%.