
Merkwiller-Pechelbronn
Création d'armes illustrant l'industrie principale de la région, inspirées des armes de la Basse Alsace dont les cotices flammées symbolisent la matière inflammable que représente le pétrole.
Une armoiries médiévale avec flamme et P comme pétrole, c’est originale et originelle en plus.
L'histoire du village est très étroitement liée avec celle du pétrole et du thermalisme ; mentionnée pour la première fois en 1498, l'industrie minière de Pechelbronn est la doyenne de toutes les sociétés pétrolifères du monde. C’est là, pourtant qu’en 1813 on fit le premier forage de recherche à la tarière à mains, que fut créé en 1919 l’école technique des pétroles, préfiguration de l’actuelle Institut Français du Pétrole, et là aussi qu’en 1927, Conrad Schlumberger fit effectué le premier log électrique.
Aujourd’hui, le pétrole n’est plus exploité dans cette région (ou si peu). Mais cela ne met pas un terme à l’exploitation des ressources énergétiques de la région .
Il faudrait plutôt dire qu’elle a changé de cible. La géothermie.
On sait depuis longtemps qu’à mesure que l’on s’enfonce dans le sol la température augmente en moyenne à raison d’un degré pour trente mètres. Cette élévation de température est due à l’influence du magma terrestre composé de roches en fusion à grande profondeur et à la radioactivité interne. Pour donner un ordre de grandeur des températures atteintes à très grandes profondeurs, on notera qu’elles peuvent atteindre les 1000°C à 40 km de profondeur. La croissance de la température à mesure qu’on s’enfonce dans le sol, appelée encore gradient de température, n’est pas uniforme et varie suivant les régions et la nature géologique de leur sous-sol. Dans la région rhénane, particulièrement dans sa partie alsacienne, ce gradient de température paraît très intéressant. En effet, comparée à la température de 700C atteinte vers 2 000 m de profondeur dans le bassin parisien, à cette même profondeur la température atteint 140 à 1450 C dans la région de Soultz-sous-Forèts, Pechelbronn, et Kutzenhausen (Bas-Rhin). Des forages expérimentauxà 3 600 m et 3 900 m ont permis d’obtenir des températures de 160 à l650C, pour atteindre 2000C lors de forages à 5 000 m.
Par énergie géothermique on entend l’exploitation de la chaleur terrestre interne. Jusqu’ici, l’exploitation de la chaleur terrestre ne se faisait que dans les régions où se trouvait de l’eau chaude. Mais il existe des endroits où certaines roches profondes, dites roches chaudes sèches (ou selon la terminologie technique HDR, c’est-à-dire «Hot Dry Rocks »), sont portées à haute température. Ces roches forment un réseau fracturé naturel préexistant. Cependant, au cours des millénaires ce système de fractures s’est vu peu à peu naturellement colmaté rendant difficile, sinon impossible toute circulation d’eau. Le mode d’exploitation de la chaleur grâce à l’existence de ces réseaux, a été baptisé ‘concept de Soultz’. Il consiste à injecter sous forte pression de l’eau dans le système des roches fracturées puis à relâcher cette pression de sorte à dé-colmater le réseau de fractures et à recréer ainsi un nouveau système perméable qui permettra à l’eau de circuler à travers celui-ci, portant l’eau à haute température. Cette eau chaude, récupérée par pompage passe ensuite à travers des échangeurs thermiques pour libérer les calories recueillies. Ce procédé permettrait d’obtenir une grande quantité de chaleur convertible en énergie, par exemple en énergie électrique, mais aussi en énergie directement utilisable par les industries ou encore au chauffage domestique des localités avoisinantes. Les rendements seraient élevés. On calcule qu’à 200°C, cette énergie thermique permettrait de produire 10 MW (millions de Watt) électriques pendant 20 ans à raison de 8000 heures/an, distribuant, pendant cette période, plus de 90 MW thermiques. A titre d’exemple, on calcule que la baisse de température de 20°C d’un bloc rocheux de 1 km3 fournirait une énergie équivalente à 1 275 000 tonnes de pétrole. Ce qui représente les besoins annuels en chauffage de 350 000 logements en Europe continentale. On estime à 110 000 MW électriques le potentiel des sites favorables à ce type d’exploitation. Pour avoir un point de comparaison, cela représente la puissance actuelle du parc français de production d’électricité.
Ce type d’exploitation, qui appartient à l’ensemble de ce qu’il est convenu à d’appeler mode d’exploitation des énergies renouvelables, offrirait l’avantage de l’automatisation, d’une pollution quasiment nulle, et de sources d’énergie quasiment illimitées.
Les alsaciens ont salopé le monde en inventant l’industrie pétrolière, mais ils se rachètent en offrant une alternative crédible.