par energy_isere » Hier, 13:53
Terres rares : l’Afrique, potentielle gagnante des prix planchers étudiés par l’Europe
Une mise en place de prix planchers par l’Union européenne et le G7 pour contrer la domination chinoise sur les terres rares pourrait créer une nouvelle vague d’opportunités pour les projets africains dans le secteur.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Publié le 17/10/25
L’UE poursuit ses efforts pour réduire sa dépendance à la Chine en matière d’approvisionnement en terres rares et développer des alternatives. Bruxelles et les pays du G7 envisagent dans ce cadre, de proposer des prix planchers pour soutenir la production de terres rares en dehors du géant asiatique. Une telle décision pourrait soutenir les plans de plusieurs compagnies occidentales présentes dans ce secteur en Afrique.
Les terres rares constituent un groupe de 17 métaux allant du néodyme et du praséodyme utilisés dans les aimants pour véhicules électriques et les éoliennes, au dysprosium et au terbium, essentiels pour l’aéronautique et la défense. Contrairement à ce que leur nom laisse entendre, elles sont disponibles sur tous les continents et sont extraites dans des dizaines de pays.
Guerre commerciale
La Chine est toutefois le plus grand détenteur de réserves prouvées, avec 36,7% des réserves mondiales. L’empire du Milieu représente jusqu’à 70% de la production mondiale de terres rares, 90% des capacités de raffinage et 92% de la production d’aimants à base de terres rares.
Pour l’Union européenne, cette domination chinoise se traduit par une dépendance à Pékin allant jusqu’à 100% pour les terres rares lourdes. Une situation que le gouvernement chinois exploite comme arme dans sa guerre commerciale contre les États-Unis, en imposant des restrictions à l’exportation qui affectent les industriels européens.
Selon des informations relayées le 23 septembre par Reuters, l’UE et les pays du G7 envisagent ainsi la mise en place de prix planchers afin d’éviter que la Chine pratique un dumping, c’est-à-dire la vente de terres rares à des prix artificiellement bas pour éliminer la concurrence.
« Plus de 96% des aimants en terres rares dans le monde sont produits en Chine. Cela signifie que le prix quotidien que vous voyez est essentiellement fixé par la Chine. Mais à mesure que de nouveaux projets voient le jour et que les tensions géopolitiques s'intensifient, nous nous attendons à l'émergence d'un mécanisme de fixation des prix distinct, non chinois », explique à notre rédaction William Izod, directeur commercial de la compagnie minière britannique Pensana.
Des pays africains bien positionnés
Pensana développe le projet Longonjo, prévu pour devenir la première mine de terres rares d’Angola, et dont l'entrée en production est planifiée pour 2027. La capacité annuelle de l'actif attendue à 20 000 tonnes de concentré de terres rares, devrait ensuite monter progressivement pour atteindre plus de 40 000 tonnes.
Comme l’Angola, plusieurs autres pays africains pourraient être les grands gagnants de la politique européenne. Le Malawi, avec la mine Songwe Hill (Mkango Resources), ou l’Afrique du Sud avec le projet Zandkopsdrift (Frontier Rare Earths) figurent déjà sur la liste stratégique publiée par la Commission européenne dans le cadre de la loi sur les matières premières critiques.
Songwe Hill doit notamment alimenter une usine de séparation en Pologne, tandis que Zandkopsdrift vise une production annuelle de 17 000 tonnes d’oxydes de terres rares. D’autres pays comme la Namibie et la Tanzanie abritent également des projets en cours de développement et qui intéressent l’Europe. L’instauration de prix planchers renforcerait l’attractivité de ces projets africains auprès des investisseurs et sécuriserait leurs débouchés vers l’Europe.
« Nous continuerons à bénéficier des investissements des États-Unis, de l'Union européenne et d'autres parties prenantes, ce qui renforcera la compétitivité des acteurs du secteur des terres rares », poursuit M. Izod. Reste à savoir si ces mécanismes soutiendront uniquement l’extraction ou s’ils contribueront aussi aux ambitions africaines de transformation locale, de plus en plus affirmées par les pays producteurs.
https://www.latribune.fr/article/afriqu ... r-l-europe
[quote][b] Terres rares : l’Afrique, potentielle gagnante des prix planchers étudiés par l’Europe[/b]
Une mise en place de prix planchers par l’Union européenne et le G7 pour contrer la domination chinoise sur les terres rares pourrait créer une nouvelle vague d’opportunités pour les projets africains dans le secteur.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Publié le 17/10/25
L’UE poursuit ses efforts pour réduire sa dépendance à la Chine en matière d’approvisionnement en terres rares et développer des alternatives. Bruxelles et les pays du G7 envisagent dans ce cadre, de proposer des prix planchers pour soutenir la production de terres rares en dehors du géant asiatique. Une telle décision pourrait soutenir les plans de plusieurs compagnies occidentales présentes dans ce secteur en Afrique.
Les terres rares constituent un groupe de 17 métaux allant du néodyme et du praséodyme utilisés dans les aimants pour véhicules électriques et les éoliennes, au dysprosium et au terbium, essentiels pour l’aéronautique et la défense. Contrairement à ce que leur nom laisse entendre, elles sont disponibles sur tous les continents et sont extraites dans des dizaines de pays.
[b]Guerre commerciale[/b]
La Chine est toutefois le plus grand détenteur de réserves prouvées, avec 36,7% des réserves mondiales. L’empire du Milieu représente jusqu’à 70% de la production mondiale de terres rares, 90% des capacités de raffinage et 92% de la production d’aimants à base de terres rares.
Pour l’Union européenne, cette domination chinoise se traduit par une dépendance à Pékin allant jusqu’à 100% pour les terres rares lourdes. Une situation que le gouvernement chinois exploite comme arme dans sa guerre commerciale contre les États-Unis, en imposant des restrictions à l’exportation qui affectent les industriels européens.
Selon des informations relayées le 23 septembre par Reuters, l’UE et les pays du G7 envisagent ainsi la mise en place de prix planchers afin d’éviter que la Chine pratique un dumping, c’est-à-dire la vente de terres rares à des prix artificiellement bas pour éliminer la concurrence.
« Plus de 96% des aimants en terres rares dans le monde sont produits en Chine. Cela signifie que le prix quotidien que vous voyez est essentiellement fixé par la Chine. Mais à mesure que de nouveaux projets voient le jour et que les tensions géopolitiques s'intensifient, nous nous attendons à l'émergence d'un mécanisme de fixation des prix distinct, non chinois », explique à notre rédaction William Izod, directeur commercial de la compagnie minière britannique Pensana.
[b]Des pays africains bien positionnés [/b]
Pensana développe le projet Longonjo, prévu pour devenir la première mine de terres rares d’Angola, et dont l'entrée en production est planifiée pour 2027. La capacité annuelle de l'actif attendue à 20 000 tonnes de concentré de terres rares, devrait ensuite monter progressivement pour atteindre plus de 40 000 tonnes.
Comme l’Angola, plusieurs autres pays africains pourraient être les grands gagnants de la politique européenne. Le Malawi, avec la mine Songwe Hill (Mkango Resources), ou l’Afrique du Sud avec le projet Zandkopsdrift (Frontier Rare Earths) figurent déjà sur la liste stratégique publiée par la Commission européenne dans le cadre de la loi sur les matières premières critiques.
Songwe Hill doit notamment alimenter une usine de séparation en Pologne, tandis que Zandkopsdrift vise une production annuelle de 17 000 tonnes d’oxydes de terres rares. D’autres pays comme la Namibie et la Tanzanie abritent également des projets en cours de développement et qui intéressent l’Europe. L’instauration de prix planchers renforcerait l’attractivité de ces projets africains auprès des investisseurs et sécuriserait leurs débouchés vers l’Europe.
« Nous continuerons à bénéficier des investissements des États-Unis, de l'Union européenne et d'autres parties prenantes, ce qui renforcera la compétitivité des acteurs du secteur des terres rares », poursuit M. Izod. Reste à savoir si ces mécanismes soutiendront uniquement l’extraction ou s’ils contribueront aussi aux ambitions africaines de transformation locale, de plus en plus affirmées par les pays producteurs.
[/quote]
https://www.latribune.fr/article/afrique/30717795905903/terres-rares-l-afrique-potentielle-gagnante-des-prix-planchers-etudies-par-l-europe