par energy_isere » 29 mars 2025, 16:43
Les raids américains en Mer Rouge rendent la reprise du trafic au canal de Suez incertaine
Agence Ecofin 24 mars 2025 L
Les récentes frappes des USA contre les rebelles Houthis ravivent les tensions en Mer Rouge et accentuent l’incertitude sur la reprise du trafic au canal de Suez.
La reprise du transit via le canal de Suez espérée par l’Égypte semble hypothéquée par la reprise des hostilités en Mer Rouge. Les USA ont lancé ces derniers jours plusieurs raids contre les rebelles houthis pro-Palestine qui ont attaqué des mois durant (depuis novembre 2023) les navires liés à Israël et ses alliés dans cette zone. Le président Donald Trump a affirmé que des représailles seraient menées en réponse à toute attaque de ce groupe armé yéménite contre des vaisseaux américains.
Ces événements surviennent alors qu’une paix relative était revenue dans ces eaux depuis l’accord de cessez-le-feu signé le 15 janvier entre Israël et le Hamas. Une accalmie en laquelle plusieurs acteurs de l’industrie maritime mondiale avaient placé des attentes.
La reprise du trafic tuée dans l’œuf ?
L’apaisement de la crise avait notamment vu une timide reprise du trafic en février, selon Rabie Osama, le directeur de la Suez Canal Authority (SCA). Plus d’une quarantaine de navires ont ainsi été redirigés de la route du Cap de Bonne Espérance vers le canal égyptien au cours de ce mois. Un chiffre encourageant, même s’il est encore loin de prendre la voie des performances des années précédentes.
Les flux sont en effet passés de 26 400 navires en 2023 à 13 200 en 2024 (soit une perte de plus de 50% du trafic), établissant la moyenne mensuelle de volumes à récupérer à plus de 1000 navires. La situation affecte également assez les recettes perçues par l’État égyptien, qui perd environ 800 millions USD chaque mois selon des déclarations faites par le président Abdel-Fattah al-Sissi, le lundi 17 mars.
Pour l’exercice 2023-2024 (clôturé le 1er juillet 2024), la voie navigable avait rapporté 7,2 milliards USD à l’Égypte qui prévoyait de porter ces recettes à 13 milliards USD en 2025.
Des pressions qui augmentent les coûts des expéditions
En 2023, ce couloir qui permet la liaison entre l'Europe et l'Asie sans contourner l'Afrique a enregistré entre 12% à 15% des expéditions commerciales mondiales d’après la CNUCED. Les détours obligés via le point austral de l’Afrique rallongent quant à eux le trajet de 12 jours, ce qui influe sur les délais de livraison et le taux de fret (frais de transport maritime).
En juillet 2024, la CNUCED rapportait ainsi que le taux de fret avait augmenté de plus de 100% sur certaines liaisons. Sur la route SCFI Shanghai - Afrique de l'Ouest par exemple, le tarif moyen d’une expédition a augmenté de 137% depuis janvier 2024 pour atteindre 5563 USD en juillet 2024, soit son niveau le plus élevé depuis août 2022.
La taxe carbone sur les routes vers l’Europe a aussi grimpé. Un voyage effectué par un grand porte-conteneurs de 20 000 à 24 000 EVP sur l’itinéraire Extrême-Orient-Europe encourt par exemple 400 000 USD supplémentaires de coûts dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission (ETS) de l’Union européenne.
La situation a aussi entraîné une flambée des frais d’assurance maritime pour les voyages via la Mer Rouge et Suez. En septembre dernier, Reuters a rapporté des déclarations d’experts qui indiquaient que les primes pour risques de guerre, payées lorsque les navires empruntent la Mer Rouge, ont augmenté à jusqu’à 2% de la valeur du navire, contre 0,7% début septembre.
Une situation à l’issue incertaine
Alors que les tensions demeurent vives, les avis restent incertains quant à l’issue de ce conflit et un retour à la normale de la navigation au canal de Suez. Selon certains observateurs, les initiatives offensives américaines pourraient être renforcées par l’Europe, leur allié depuis le début des tensions.
L’Union européenne, où sont basés certains des principaux armateurs mondiaux, avait lancé en février 2024 la mission navale « Aspides » pour préserver la liberté de navigation dans le Golfe d’Aden et la Mer Rouge. Dans un scénario où la mutualisation des puissances de feu de ces alliés parvient à repousser les rebelles et à garantir la sécurité des bâtiments commerciaux, la reprise de la navigation sur cette route pourrait être effective.
L’aboutissement des pourparlers en cours pour un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie pourrait néanmoins soulager la chaine d’approvisionnement globale. La reprise des exportations russes frappées d’embargo dans plusieurs pays pourrait contribuer à atténuer la pression inflationniste sur certains produits comme le pétrole, le gaz et les céréales.
https://www.agenceecofin.com/actualites ... incertaine
[quote] [b][size=110]Les raids américains en Mer Rouge rendent la reprise du trafic au canal de Suez incertaine[/size][/b]
Agence Ecofin 24 mars 2025 L
Les récentes frappes des USA contre les rebelles Houthis ravivent les tensions en Mer Rouge et accentuent l’incertitude sur la reprise du trafic au canal de Suez.
La reprise du transit via le canal de Suez espérée par l’Égypte semble hypothéquée par la reprise des hostilités en Mer Rouge. Les USA ont lancé ces derniers jours plusieurs raids contre les rebelles houthis pro-Palestine qui ont attaqué des mois durant (depuis novembre 2023) les navires liés à Israël et ses alliés dans cette zone. Le président Donald Trump a affirmé que des représailles seraient menées en réponse à toute attaque de ce groupe armé yéménite contre des vaisseaux américains.
Ces événements surviennent alors qu’une paix relative était revenue dans ces eaux depuis l’accord de cessez-le-feu signé le 15 janvier entre Israël et le Hamas. Une accalmie en laquelle plusieurs acteurs de l’industrie maritime mondiale avaient placé des attentes.
[b]La reprise du trafic tuée dans l’œuf ?[/b]
L’apaisement de la crise avait notamment vu une timide reprise du trafic en février, selon Rabie Osama, le directeur de la Suez Canal Authority (SCA). Plus d’une quarantaine de navires ont ainsi été redirigés de la route du Cap de Bonne Espérance vers le canal égyptien au cours de ce mois. Un chiffre encourageant, même s’il est encore loin de prendre la voie des performances des années précédentes.
Les flux sont en effet passés de 26 400 navires en 2023 à 13 200 en 2024 (soit une perte de plus de 50% du trafic), établissant la moyenne mensuelle de volumes à récupérer à plus de 1000 navires. La situation affecte également assez les recettes perçues par l’État égyptien, qui perd environ 800 millions USD chaque mois selon des déclarations faites par le président Abdel-Fattah al-Sissi, le lundi 17 mars.
Pour l’exercice 2023-2024 (clôturé le 1er juillet 2024), la voie navigable avait rapporté 7,2 milliards USD à l’Égypte qui prévoyait de porter ces recettes à 13 milliards USD en 2025.
[b]Des pressions qui augmentent les coûts des expéditions[/b]
En 2023, ce couloir qui permet la liaison entre l'Europe et l'Asie sans contourner l'Afrique a enregistré entre 12% à 15% des expéditions commerciales mondiales d’après la CNUCED. Les détours obligés via le point austral de l’Afrique rallongent quant à eux le trajet de 12 jours, ce qui influe sur les délais de livraison et le taux de fret (frais de transport maritime).
En juillet 2024, la CNUCED rapportait ainsi que le taux de fret avait augmenté de plus de 100% sur certaines liaisons. Sur la route SCFI Shanghai - Afrique de l'Ouest par exemple, le tarif moyen d’une expédition a augmenté de 137% depuis janvier 2024 pour atteindre 5563 USD en juillet 2024, soit son niveau le plus élevé depuis août 2022.
La taxe carbone sur les routes vers l’Europe a aussi grimpé. Un voyage effectué par un grand porte-conteneurs de 20 000 à 24 000 EVP sur l’itinéraire Extrême-Orient-Europe encourt par exemple 400 000 USD supplémentaires de coûts dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission (ETS) de l’Union européenne.
La situation a aussi entraîné une flambée des frais d’assurance maritime pour les voyages via la Mer Rouge et Suez. En septembre dernier, Reuters a rapporté des déclarations d’experts qui indiquaient que les primes pour risques de guerre, payées lorsque les navires empruntent la Mer Rouge, ont augmenté à jusqu’à 2% de la valeur du navire, contre 0,7% début septembre.
[b]Une situation à l’issue incertaine[/b]
Alors que les tensions demeurent vives, les avis restent incertains quant à l’issue de ce conflit et un retour à la normale de la navigation au canal de Suez. Selon certains observateurs, les initiatives offensives américaines pourraient être renforcées par l’Europe, leur allié depuis le début des tensions.
L’Union européenne, où sont basés certains des principaux armateurs mondiaux, avait lancé en février 2024 la mission navale « Aspides » pour préserver la liberté de navigation dans le Golfe d’Aden et la Mer Rouge. Dans un scénario où la mutualisation des puissances de feu de ces alliés parvient à repousser les rebelles et à garantir la sécurité des bâtiments commerciaux, la reprise de la navigation sur cette route pourrait être effective.
L’aboutissement des pourparlers en cours pour un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie pourrait néanmoins soulager la chaine d’approvisionnement globale. La reprise des exportations russes frappées d’embargo dans plusieurs pays pourrait contribuer à atténuer la pression inflationniste sur certains produits comme le pétrole, le gaz et les céréales.
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