par fabinoo » 22 mai 2006, 09:35
Pour ceux qui ont vu "Massoud l'Afghan", cette mauvaise nouvelle :
http://passouline.blog.lemonde.fr/livre ... r_pon.html
Pour saluer Ponfilly
Gageons que la disparition de Christophe de Ponfilly sera annoncée par la presse sans que rien ne soit dit des causes de sa mort. Comme si elles étaient nécessairement honteuses. Une bonne vieille tradition, bien respectée, qui parfois tue un homme ou une femme une seconde fois, lorsque sa mort a l'éclat d'un geste ou d'un appel. Alors disons-le puisque cela a son importance : il s'est tiré une balle dans la tête vendredi au moment où ses confrères du jury du prix Albert Londres, auquel il appartenait de longue date en sa qualité d'ancien lauréat, remettait leur prix à Marseille. Il y était attendu ; au lieu de quoi, on y annonca la tragique nouvelle à ses amis. Il a laissé une lettre expliquant son geste. Ceux qui le connaissent n'ont pas eu besoin de la lire pour comprendre : outre des problèmes dans sa vie privée, la perte récente d'un ami et le refus par le jury du festival de Cannes de sélectionner son premier long-métrage, Ponfilly ne s'était jamais remis de l'assassinat du commandant Massoud. L'empathie de l'un pour l'autre avait abouti à une solidarité sans faille. Cette disparition l'avait plongé dans une mélancolie dont il n'était jamais sorti ; elle se nourrissait de ses violentes critiques à l'endroit des Occidentaux, coupables, selon lui, de n'avoir pas soutenu Massoud avec les moyens nécessaires quand il le fallait. Celui qu'il avait surnommé "le lion du Panshir" était son ami de longue date. Il avait consacré films, articles et livres (Lettre ouverte à Joseph Kessel sur l'Afghanistan, Poussière afghane, Massoud l'Afghan, Le clandestin, Les gobeurs de lune, Poussières de guerres, Vies clandestines) à défendre sa cause et à louer haut et fort sa personne.
Avec discrétion mais fermeté, il avait mis les choses au point lors de la polémique au cours de laquelle BHL avait abusivement excipé de ses liens privilégiés avec l'âme de la résistance afghane. Grand reporter, écrivain, documentariste et cinéaste, Christophe de Ponfilly, 55 ans, avait avant tout un regard et une éthique. Vendredi matin, il a raté le rendez-vous de Marseille. Lundi, il devait se rendre dans les studios de la télévision suisse romande à Genève pour y enregistrer l'émission Singulier, à lui consacrée à l'occasion de la parution de son nouveau livre, L'Etoile du soldat, dans lequel il raconte le destin d'un jeune soldat russe libéré par ses amis afghans puis tué par les Pakistanais lors d'une tentative d'évasion de sa prison. Entre temps, il s'est donné la mort, ce qu'on dit généralement quand on le dit, comme si c'était un cadeau.
Pour ceux qui ont vu "Massoud l'Afghan", cette mauvaise nouvelle :
http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/2006/05/pour_saluer_pon.html
[quote][b]Pour saluer Ponfilly[/b]
Gageons que la disparition de Christophe de Ponfilly sera annoncée par la presse sans que rien ne soit dit des causes de sa mort. Comme si elles étaient nécessairement honteuses. Une bonne vieille tradition, bien respectée, qui parfois tue un homme ou une femme une seconde fois, lorsque sa mort a l'éclat d'un geste ou d'un appel. Alors disons-le puisque cela a son importance : il s'est tiré une balle dans la tête vendredi au moment où ses confrères du jury du prix Albert Londres, auquel il appartenait de longue date en sa qualité d'ancien lauréat, remettait leur prix à Marseille. Il y était attendu ; au lieu de quoi, on y annonca la tragique nouvelle à ses amis. Il a laissé une lettre expliquant son geste. Ceux qui le connaissent n'ont pas eu besoin de la lire pour comprendre : outre des problèmes dans sa vie privée, la perte récente d'un ami et le refus par le jury du festival de Cannes de sélectionner son premier long-métrage, Ponfilly ne s'était jamais remis de l'assassinat du commandant Massoud. L'empathie de l'un pour l'autre avait abouti à une solidarité sans faille. Cette disparition l'avait plongé dans une mélancolie dont il n'était jamais sorti ; elle se nourrissait de ses violentes critiques à l'endroit des Occidentaux, coupables, selon lui, de n'avoir pas soutenu Massoud avec les moyens nécessaires quand il le fallait. Celui qu'il avait surnommé "le lion du Panshir" était son ami de longue date. Il avait consacré films, articles et livres (Lettre ouverte à Joseph Kessel sur l'Afghanistan, Poussière afghane, Massoud l'Afghan, Le clandestin, Les gobeurs de lune, Poussières de guerres, Vies clandestines) à défendre sa cause et à louer haut et fort sa personne.
Avec discrétion mais fermeté, il avait mis les choses au point lors de la polémique au cours de laquelle BHL avait abusivement excipé de ses liens privilégiés avec l'âme de la résistance afghane. Grand reporter, écrivain, documentariste et cinéaste, Christophe de Ponfilly, 55 ans, avait avant tout un regard et une éthique. Vendredi matin, il a raté le rendez-vous de Marseille. Lundi, il devait se rendre dans les studios de la télévision suisse romande à Genève pour y enregistrer l'émission Singulier, à lui consacrée à l'occasion de la parution de son nouveau livre, L'Etoile du soldat, dans lequel il raconte le destin d'un jeune soldat russe libéré par ses amis afghans puis tué par les Pakistanais lors d'une tentative d'évasion de sa prison. Entre temps, il s'est donné la mort, ce qu'on dit généralement quand on le dit, comme si c'était un cadeau.[/quote]