par energy_isere » 19 nov. 2025, 19:17
Le Japon sur le point de redémarrer partiellement la plus grande centrale nucléaire du monde
Connaissance des Énergies avec AFP le 19 novembre 2025
Le gouverneur de la préfecture de Niigata, Hideyo Hanazumi, devrait annoncer cette semaine son accord au redémarrage partiel de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, selon plusieurs médias japonais. Cette décision constituerait une première pour l’exploitant Tepco, plus de dix ans après l’accident de Fukushima Daiichi.
Une centrale à l’arrêt depuis l'accident de Fukushima
Située sur la côte de la mer du Japon, à cheval sur les communes de Kashiwazaki et Kariwa (préfecture de Niigata), la centrale de Kashiwazaki-Kariwa compte sept réacteurs à eau bouillante d'une capacité cumulée d’environ 8 212 MW, ce qui en fait la plus grande centrale nucléaire du monde en puissance installée. Tous ses réacteurs sont à l’arrêt depuis la mise hors service progressive du parc nucléaire japonais après le tsunami de 2011 et la catastrophe de Fukushima Daiichi.
Selon l'agence Kyodo News et le quotidien économique Nikkei (citant des sources anonymes), l’accord du gouverneur porterait sur un redémarrage très partiel, limité à un réacteur, et doit encore être entériné par l’assemblée préfectorale.
Sur le plan réglementaire, Kashiwazaki-Kariwa a déjà obtenu l’essentiel des approbations techniques de l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) au titre des normes renforcées adoptées après Fukushima. Mais le site a aussi fait l’objet de critiques sévères : en 2021, une série de défaillances dans les dispositifs de protection physique (intrusion, contrôle des accès) a conduit la NRA à classer l’incident au niveau de gravité maximal (« rouge ») pour la sûreté et à interdire à Tepco tout mouvement de combustible sur la centrale. Après des inspections complémentaires, cette interdiction a été levée fin 2023, la centrale repassant dans la catégorie de suivi la plus favorable et pouvant reprendre ses préparatifs en vue d’un redémarrage.
Le retour progressif du nucléaire dans le mix électrique japonais
Après avoir mis à l’arrêt l’ensemble de ses 54 réacteurs à la suite de Fukushima, le Japon a engagé une remise en service progressive du parc. Quatorze des 33 réacteurs encore opérationnels ont aujourd’hui redémarré commercialement, pour une puissance cumulée d’environ 13 GW, principalement dans l’ouest et le sud du pays.
La production d’électricité d’origine nucléaire au Japon depuis la catastrophe de Fukushima est ainsi repartie à la hausse après avoir été quasi nulle au milieu des années 2010, même si l’atome fournit encore moins de 10% de l’électricité de l’archipel.
Dans sa planification énergétique, Tokyo maintient un objectif de 20 à 22% de nucléaire dans sa production d’électricité d’ici 2030, un niveau jugé difficile à atteindre sans remettre en service des sites de grande taille comme Kashiwazaki-Kariwa. Le redémarrage d’une ou plusieurs tranches de cette centrale renforcerait significativement la contribution du nucléaire à court terme.
Parallèlement, le pays a relevé ses ambitions climatiques : le gouvernement s’est engagé à réduire de 60% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 par rapport à 2013, avec un objectif de neutralité carbone en 2050. Dans le projet de nouveau plan énergétique stratégique, les énergies renouvelables, principalement le solaire et l’éolien, devraient fournir 40 à 50% de la production électrique à l’horizon 2040, tandis que l’atome conserverait un rôle important de production pilotable pour répondre à la demande croissante liée notamment aux centres de données et aux semi-conducteurs (ce projet prévoit que les énergies renouvelables représentent la première source d’électricité du pays d’ici 2040, en complément du nucléaire).
Effets attendus
Pour Tepco, qui supporte toujours les coûts liés à la gestion du site accidenté de Fukushima Daiichi, la remise en service de Kashiwazaki-Kariwa est un enjeu financier majeur. Le redémarrage souhaité par le groupe de deux tranches (unités 6 et 7) pourrait améliorer le résultat annuel du groupe d’environ 100 milliards de yens, selon des estimations relayées par la presse japonaise, en réduisant la facture de combustibles fossiles.
À l’échelle nationale, la disponibilité de plusieurs gigawatts nucléaires supplémentaires contribuerait à diminuer les importations de gaz naturel liquéfié (GNL), très utilisées dans le système électrique japonais depuis 2011.
La décision du gouverneur de Niigata ne constitue toutefois qu’une étape : l’assemblée préfectorale doit encore se prononcer, et Tepco devra poursuivre ses échanges avec les collectivités locales et les riverains, dans un contexte de confiance encore fragile après l’accident de Fukushima et les défaillances de sûreté relevées à Kashiwazaki-Kariwa en 2021.
Le calendrier précis de redémarrage restera donc dépendant des ultimes inspections, de l’achèvement des équipements anti-terrorisme et de l’acceptation locale du retour de l’atome dans cette région côtière du centre-ouest du Japon.
https://www.connaissancedesenergies.org ... nde-251119
[quote] [b][size=110]Le Japon sur le point de redémarrer partiellement la plus grande centrale nucléaire du monde[/size][/b]
Connaissance des Énergies avec AFP le 19 novembre 2025
Le gouverneur de la préfecture de Niigata, Hideyo Hanazumi, devrait annoncer cette semaine son accord au redémarrage partiel de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, selon plusieurs médias japonais. Cette décision constituerait une première pour l’exploitant Tepco, plus de dix ans après l’accident de Fukushima Daiichi.
[b]Une centrale à l’arrêt depuis l'accident de Fukushima[/b]
Située sur la côte de la mer du Japon, à cheval sur les communes de Kashiwazaki et Kariwa (préfecture de Niigata), la centrale de Kashiwazaki-Kariwa compte sept réacteurs à eau bouillante d'une capacité cumulée d’environ 8 212 MW, ce qui en fait la plus grande centrale nucléaire du monde en puissance installée. Tous ses réacteurs sont à l’arrêt depuis la mise hors service progressive du parc nucléaire japonais après le tsunami de 2011 et la catastrophe de Fukushima Daiichi.
Selon l'agence Kyodo News et le quotidien économique Nikkei (citant des sources anonymes), l’accord du gouverneur porterait sur un redémarrage très partiel, limité à un réacteur, et doit encore être entériné par l’assemblée préfectorale.
Sur le plan réglementaire, Kashiwazaki-Kariwa a déjà obtenu l’essentiel des approbations techniques de l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) au titre des normes renforcées adoptées après Fukushima. Mais le site a aussi fait l’objet de critiques sévères : en 2021, une série de défaillances dans les dispositifs de protection physique (intrusion, contrôle des accès) a conduit la NRA à classer l’incident au niveau de gravité maximal (« rouge ») pour la sûreté et à interdire à Tepco tout mouvement de combustible sur la centrale. Après des inspections complémentaires, cette interdiction a été levée fin 2023, la centrale repassant dans la catégorie de suivi la plus favorable et pouvant reprendre ses préparatifs en vue d’un redémarrage.
[b]Le retour progressif du nucléaire dans le mix électrique japonais[/b]
Après avoir mis à l’arrêt l’ensemble de ses 54 réacteurs à la suite de Fukushima, le Japon a engagé une remise en service progressive du parc. Quatorze des 33 réacteurs encore opérationnels ont aujourd’hui redémarré commercialement, pour une puissance cumulée d’environ 13 GW, principalement dans l’ouest et le sud du pays.
La production d’électricité d’origine nucléaire au Japon depuis la catastrophe de Fukushima est ainsi repartie à la hausse après avoir été quasi nulle au milieu des années 2010, même si l’atome fournit encore moins de 10% de l’électricité de l’archipel.
Dans sa planification énergétique, Tokyo maintient un objectif de 20 à 22% de nucléaire dans sa production d’électricité d’ici 2030, un niveau jugé difficile à atteindre sans remettre en service des sites de grande taille comme Kashiwazaki-Kariwa. Le redémarrage d’une ou plusieurs tranches de cette centrale renforcerait significativement la contribution du nucléaire à court terme.
Parallèlement, le pays a relevé ses ambitions climatiques : le gouvernement s’est engagé à réduire de 60% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 par rapport à 2013, avec un objectif de neutralité carbone en 2050. Dans le projet de nouveau plan énergétique stratégique, les énergies renouvelables, principalement le solaire et l’éolien, devraient fournir 40 à 50% de la production électrique à l’horizon 2040, tandis que l’atome conserverait un rôle important de production pilotable pour répondre à la demande croissante liée notamment aux centres de données et aux semi-conducteurs (ce projet prévoit que les énergies renouvelables représentent la première source d’électricité du pays d’ici 2040, en complément du nucléaire).
[b]Effets attendus[/b]
Pour Tepco, qui supporte toujours les coûts liés à la gestion du site accidenté de Fukushima Daiichi, la remise en service de Kashiwazaki-Kariwa est un enjeu financier majeur. Le redémarrage souhaité par le groupe de deux tranches (unités 6 et 7) pourrait améliorer le résultat annuel du groupe d’environ 100 milliards de yens, selon des estimations relayées par la presse japonaise, en réduisant la facture de combustibles fossiles.
À l’échelle nationale, la disponibilité de plusieurs gigawatts nucléaires supplémentaires contribuerait à diminuer les importations de gaz naturel liquéfié (GNL), très utilisées dans le système électrique japonais depuis 2011.
La décision du gouverneur de Niigata ne constitue toutefois qu’une étape : l’assemblée préfectorale doit encore se prononcer, et Tepco devra poursuivre ses échanges avec les collectivités locales et les riverains, dans un contexte de confiance encore fragile après l’accident de Fukushima et les défaillances de sûreté relevées à Kashiwazaki-Kariwa en 2021.
Le calendrier précis de redémarrage restera donc dépendant des ultimes inspections, de l’achèvement des équipements anti-terrorisme et de l’acceptation locale du retour de l’atome dans cette région côtière du centre-ouest du Japon.
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https://www.connaissancedesenergies.org/afp/le-japon-sur-le-point-de-redemarrer-partiellement-la-plus-grande-centrale-nucleaire-du-monde-251119