par energy_isere » 01 déc. 2021, 20:06
Au prix actuel, l'éthanol intéresse plus que le sucre
29/11/2021 RFI Par : Marie-Pierre Olphand
Avec un éthanol qui pulvérise les prix, la production de sucre baisse et les stocks sont au plus bas depuis dix ans.
Cette année, le quart des betteraves françaises devrait être transformé en éthanol. Au Brésil, c'est 55 % de la canne à sucre qui est alloué aujourd'hui à sa fabrication alors que l'Inde, où la production de ce biocarburant était jusqu'ici quasi inexistante, a dédié pour la première fois cette année 7 % à la filière et vise trois fois plus d'ici 2 ans.
Si l'éthanol séduit, c'est pour son prix, poussé par une demande en hausse, l'éthanol étant une alternative en période de pétrole cher comme c'est le cas aujourd'hui.
Les stocks de sucre au plus bas depuis dix ans
À 120 euros par hectolitre sur le marché spot, c'est-à-dire pour une vente immédiate – alors qu'en moyenne, il est à 60/70 euros – son pouvoir d'attraction pour les sucreries est énorme. Automatiquement, tout ce qui part en éthanol, c'est du sucre en moins... Résultat : les stocks de sucre en Europe et dans le monde sont à leur plus bas niveau depuis dix ans. Et les prix forcément sont au plus haut – au-dessus de 20 cents par livre – car la demande, elle, ne faiblit pas.
Ce qui pourrait faire bouger les prix, c'est une baisse du pétrole qui entraînerait une baisse d'intérêt pour l'éthanol et donc plus de sucre sur le marché. Ou alors l'annonce en avril prochain par le Brésil d'une campagne sucrière exceptionnelle.
Et encore, cela ne suffira peut-être pas à inverser la tendance, car les coûts de l'énergie, qui sont, eux aussi, très hauts, perturbent également le marché. S'ils représentent un vrai frein dans les pays betteraviers, l'impact est moindre chez les producteurs de canne, car la bagasse – le résidu fibreux issu de la canne à sucre – sert lui-même à produire de l'électricité. En revanche, les cannes sont très gourmandes en engrais et comme leur prix a été multiplié par trois, les coûts de production restent là aussi élevés.
« L’aberration » européenne
Conséquence : la plupart des producteurs ne gagnent pas plus malgré les prix affolants du moment. Et en Europe, beaucoup ne sèmeront pas plus de surface l'année prochaine, voire un peu moins, déplore Timothé Masson, secrétaire général de l’Association mondiale des producteurs de betteraves et de canne à sucre, qui parle même « d'aberration » au vu du marché. Car en Europe, le sucre est vendu de gré à gré, avec des contrats conclus il y a plusieurs mois, qui ne sont pas indexés sur les cours actuels. Et donc peu motivants.
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chroniqu ... e-le-sucre
[quote] [b][size=120]Au prix actuel, l'éthanol intéresse plus que le sucre[/size][/b]
29/11/2021 RFI Par : Marie-Pierre Olphand
Avec un éthanol qui pulvérise les prix, la production de sucre baisse et les stocks sont au plus bas depuis dix ans.
Cette année, le quart des betteraves françaises devrait être transformé en éthanol. Au Brésil, c'est 55 % de la canne à sucre qui est alloué aujourd'hui à sa fabrication alors que l'Inde, où la production de ce biocarburant était jusqu'ici quasi inexistante, a dédié pour la première fois cette année 7 % à la filière et vise trois fois plus d'ici 2 ans.
Si l'éthanol séduit, c'est pour son prix, poussé par une demande en hausse, l'éthanol étant une alternative en période de pétrole cher comme c'est le cas aujourd'hui.
Les stocks de sucre au plus bas depuis dix ans
À 120 euros par hectolitre sur le marché spot, c'est-à-dire pour une vente immédiate – alors qu'en moyenne, il est à 60/70 euros – son pouvoir d'attraction pour les sucreries est énorme. Automatiquement, tout ce qui part en éthanol, c'est du sucre en moins... Résultat : les stocks de sucre en Europe et dans le monde sont à leur plus bas niveau depuis dix ans. Et les prix forcément sont au plus haut – au-dessus de 20 cents par livre – car la demande, elle, ne faiblit pas.
Ce qui pourrait faire bouger les prix, c'est une baisse du pétrole qui entraînerait une baisse d'intérêt pour l'éthanol et donc plus de sucre sur le marché. Ou alors l'annonce en avril prochain par le Brésil d'une campagne sucrière exceptionnelle.
Et encore, cela ne suffira peut-être pas à inverser la tendance, car les coûts de l'énergie, qui sont, eux aussi, très hauts, perturbent également le marché. S'ils représentent un vrai frein dans les pays betteraviers, l'impact est moindre chez les producteurs de canne, car la bagasse – le résidu fibreux issu de la canne à sucre – sert lui-même à produire de l'électricité. En revanche, les cannes sont très gourmandes en engrais et comme leur prix a été multiplié par trois, les coûts de production restent là aussi élevés.
« L’aberration » européenne
Conséquence : la plupart des producteurs ne gagnent pas plus malgré les prix affolants du moment. Et en Europe, beaucoup ne sèmeront pas plus de surface l'année prochaine, voire un peu moins, déplore Timothé Masson, secrétaire général de l’Association mondiale des producteurs de betteraves et de canne à sucre, qui parle même « d'aberration » au vu du marché. Car en Europe, le sucre est vendu de gré à gré, avec des contrats conclus il y a plusieurs mois, qui ne sont pas indexés sur les cours actuels. Et donc peu motivants.
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https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chronique-des-mati%C3%A8res-premi%C3%A8res/20211128-au-prix-actuel-l-%C3%A9thanol-int%C3%A9resse-plus-que-le-sucre