Ah ben voilà des questions qu'elles sont bonnes.
GillesH38 a écrit :Techniquement :
a) la courbe de croissance du nucléaire est-elle techniquement réalisable compte tenu des contraintes des réserves d'uranium et du rythme maximal de développement des surgénérateurs ?
Je suis resté prudemment en dessous de la limite des 5 Gtoe, citée par certains comme posant de nouveaux problèmes de faisabilité : est-ce que tu voudrais nous apporter un éclairage sur ce point ?
b) quelle sera la part d'énergie consacrée au transport et avec quelle technique et quel rendement?
Bonne question , mais c'est pas prêt pour le moment. J'envisage de le faire sur la France seule, c'est un peu lourd à faire sur le monde entier.
En première approximation, tu peux considérer que 2% du parc automobile basculera chaque année de la zone Oil au reste des zones, selon le panel énergétique du pays concerné.
En France, les chiffres approximatifs seraient :
- destruction de la demande de 2% de 45 Mtoe chaque année
- création correspondante d'une demande évaluée à 1/3 de ceci dans les autres filières, par application du principe de "l'énergie vertueuse".
1/3* 0,02 * 45 = 0.3 Mtoe = 3.48 10^12 Wh
soit une puissance supplémentaire de 400 MW/an, ou un EPR tous les trois ans, largement dans nos possibilités, on a construit dix fois plus que ça dans les années 80.
Je n'envisage pas de CTL en France, considérant que nous ferons directement le saut à la bonne technologie - le CTL + moteur à explosion est un gouffre énergétique, justifiable uniquement pour les technologies irremplaçables.
Economiquement:
c) quel sera le surcoût du remplacement d'une énergie par une autre?
Le seul surcoût est le différentiel de coût entre deux filières ; par exemple, basculer du charbon vers charbon + CCS multiplie par un coeff 2 aujourd'hui, 1,5 dans le futur ; du charbon vers le nucléaire, facteur 3-4.
quel sera son impact sur la croissance?
Globalement aucun : dans ce scenario, on ne détruit aucun investissement
avant qu'il soit amorti.
En revanche, les mutations provoqueront leur lot habituel de remous. Si le basculement vers le VE se fait en 2025, tout fabricant d'automobiles qui n'aurait pas un modèle viable à ce moment-là aurait de gros problèmes ; tout producteur d'électricité qui ne maîtriserait pas le CCS aurait des difficultés ; le renchérissement de l'énergie consécutif à l'obligation de séquestrer rendra les EnR compétitives.
il me semble que ce sont des questions importantes, puisque tout l'argumentaire du PO vient de là finalement...
L'argumentaire du PO est parfois beaucoup plus simple, pour ne pas dire simpliste, et lourdement influencé par le mode de vie américain.
A force de tourner autour des chiffres, on se rend compte que les trois grandes économies sont impactées de façon très variable :
- les USA se sont effectivement basés, structurellement, sur un pétrole bon marché. Il se trouve que, comme ils ont aussi la première réserve mondiale de charbon, ils se dirigent soit vers du CTL à outrance, mauvaise solution, soit vers un dominant Charbon (avec ou sans CCS) + VE : aucune difficulté autre que préserver les acquis des uns et des autres. Ils peuvent même gaspiller demain leur charbon comme ils ont gaspillé leur pétrole hier.
- l'Asie a en fait devancé le mouvement d'environ 25 ans, en misant sur le tout-charbon : elle va donc continuer comme par le passé, et simplement s'adapter au problème CCS à un moment, tout en continuant à parsemer de nucléaire et d'EnR
- l'Europe n'a pas de ressources, mais elle n'en avait déjà pas : une fois le coût (modéré) de reconversion vers charbon+CCS+nucléaire, elle va juste voir sa facture pétrolière diminuer.
Ah ben voilà des questions qu'elles sont bonnes.
[quote="GillesH38"]Techniquement :
a) la courbe de croissance du nucléaire est-elle techniquement réalisable compte tenu des contraintes des réserves d'uranium et du rythme maximal de développement des surgénérateurs ?[/quote]
Je suis resté prudemment en dessous de la limite des 5 Gtoe, citée par certains comme posant de nouveaux problèmes de faisabilité : est-ce que tu voudrais nous apporter un éclairage sur ce point ?
[quote]b) quelle sera la part d'énergie consacrée au transport et avec quelle technique et quel rendement?[/quote]
Bonne question , mais c'est pas prêt pour le moment. J'envisage de le faire sur la France seule, c'est un peu lourd à faire sur le monde entier.
En première approximation, tu peux considérer que 2% du parc automobile basculera chaque année de la zone Oil au reste des zones, selon le panel énergétique du pays concerné.
En France, les chiffres approximatifs seraient :
- destruction de la demande de 2% de 45 Mtoe chaque année
- création correspondante d'une demande évaluée à 1/3 de ceci dans les autres filières, par application du principe de "l'énergie vertueuse".
1/3* 0,02 * 45 = 0.3 Mtoe = 3.48 10^12 Wh
soit une puissance supplémentaire de 400 MW/an, ou un EPR tous les trois ans, largement dans nos possibilités, on a construit dix fois plus que ça dans les années 80.
Je n'envisage pas de CTL en France, considérant que nous ferons directement le saut à la bonne technologie - le CTL + moteur à explosion est un gouffre énergétique, justifiable uniquement pour les technologies irremplaçables.
[quote]Economiquement:
c) quel sera le surcoût du remplacement d'une énergie par une autre? [/quote]
Le seul surcoût est le différentiel de coût entre deux filières ; par exemple, basculer du charbon vers charbon + CCS multiplie par un coeff 2 aujourd'hui, 1,5 dans le futur ; du charbon vers le nucléaire, facteur 3-4.
[quote]quel sera son impact sur la croissance?[/quote]
Globalement aucun : dans ce scenario, on ne détruit aucun investissement
avant qu'il soit amorti.
En revanche, les mutations provoqueront leur lot habituel de remous. Si le basculement vers le VE se fait en 2025, tout fabricant d'automobiles qui n'aurait pas un modèle viable à ce moment-là aurait de gros problèmes ; tout producteur d'électricité qui ne maîtriserait pas le CCS aurait des difficultés ; le renchérissement de l'énergie consécutif à l'obligation de séquestrer rendra les EnR compétitives.
[quote]
il me semble que ce sont des questions importantes, puisque tout l'argumentaire du PO vient de là finalement...[/quote]
L'argumentaire du PO est parfois beaucoup plus simple, pour ne pas dire simpliste, et lourdement influencé par le mode de vie américain.
A force de tourner autour des chiffres, on se rend compte que les trois grandes économies sont impactées de façon très variable :
- les USA se sont effectivement basés, structurellement, sur un pétrole bon marché. Il se trouve que, comme ils ont aussi la première réserve mondiale de charbon, ils se dirigent soit vers du CTL à outrance, mauvaise solution, soit vers un dominant Charbon (avec ou sans CCS) + VE : aucune difficulté autre que préserver les acquis des uns et des autres. Ils peuvent même gaspiller demain leur charbon comme ils ont gaspillé leur pétrole hier.
- l'Asie a en fait devancé le mouvement d'environ 25 ans, en misant sur le tout-charbon : elle va donc continuer comme par le passé, et simplement s'adapter au problème CCS à un moment, tout en continuant à parsemer de nucléaire et d'EnR
- l'Europe n'a pas de ressources, mais elle n'en avait déjà pas : une fois le coût (modéré) de reconversion vers charbon+CCS+nucléaire, elle va juste voir sa facture pétrolière diminuer.