L’Ukraine a pratiquement épuisé le stock de missiles balistiques tactiques ATACMS livrés par les États-Unis
par Laurent Lagneau opex360 28 décembre 2024
En octobre 2023, après les avoir longtemps réclamés, les forces ukrainiennes finirent par obtenir auprès des États-Unis des missiles balistiques tactiques MGM-140 ATACMS [Army TACtical Missile System] pouvant être lancés par le système M142 High Mobility Artillery Rocket System [HIMARS]. Seulement, elles n’étaient alors pas autorisées à les utiliser pour viser des objectifs militaires situés sur le territoire russe. Pour Washington, il s’agissait d’éviter toute « escalade » avec Moscou.
Un an plus tard, alors que la Corée du Nord venait d’envoyer plus de 10 000 soldats en Russie, le président américain, Joe Biden, a levé toutes les restrictions relatives à l’emploi des ATACMS. Puis, le Royaume-Uni en a fait autant avec les missiles de croisière air-sol Storm Shadow, de même que la France avec les SCALP EG [mais de manière implicite].
En octobre 2023, après les avoir longtemps réclamés, les forces ukrainiennes finirent par obtenir auprès des États-Unis des missiles balistiques tactiques MGM-140 ATACMS [Army TACtical Missile System] pouvant être lancés par le système M142 High Mobility Artillery Rocket System [HIMARS]. Seulement, elles n’étaient alors pas autorisées à les utiliser pour viser des objectifs militaires situés sur le territoire russe. Pour Washington, il s’agissait d’éviter toute « escalade » avec Moscou.
Un an plus tard, alors que la Corée du Nord venait d’envoyer plus de 10 000 soldats en Russie, le président américain, Joe Biden, a levé toutes les restrictions relatives à l’emploi des ATACMS. Puis, le Royaume-Uni en a fait autant avec les missiles de croisière air-sol Storm Shadow, de même que la France avec les SCALP EG [mais de manière implicite].
Pour Kiev, ces armes de longue portée [au moins 300 km] devaient permettre de frapper les dépôts logistiques ainsi que les aérodromes utilisés par les forces russes pour mener leurs opérations en Ukraine ainsi que les usines d’armement.
En réponse, la Russie a effectué une démonstration de force en tirant un missile balistique de portée intermédiaire « 9M729-Orechnik » sur la ville ukrainienne de Dniepr. Pour autant, les forces ukrainiennes ont continué à frapper le territoire russe avec les missiles de longue portée mis à leur disposition. Selon Moscou, 31 ATACMS et 14 Storm Shadow auraient ainsi été utilisés.
Président du comité militaire de l’Otan, l’amiral Rob Bauer a récemment estimé que ces frappes avaient « gravement touché un certain nombre » de dépôts et d’usines en Russie…
Les Russes « n’aiment pas que les ATACMS frappent leur pays. Ces missiles sont efficaces. Ils limitent leur capacité à se battre efficacement sur le front et c’est ce que nous souhaitons », a dit l’amiral Bauer. Cependant, a-t-il ajouté, « la question est de savoir si cela suffit pour gagner ».
Car, en effet, le cours de la guerre n’a pas changé. En outre, excepté le tir du missile Orechnik sur Dniepr, l’escalade militaire tant redoutée n’a pas eu lieu. Comme le souligne le New York Times, le cas des ATACMS est « comparable à ce qui s’est passé avec d’autres armes occidentales », à savoir que l’Ukraine ne les a obtenues qu’après avoir perdu du terrain.
Quoi qu’il en soit, si les ATACMS et SCALP EG / Storm Shadow ont été efficaces, des responsables de l’Otan confié au journal américain que les forces ukrainiennes auraient pu être « plus judicieuses » dans le choix des cibles en raison du nombre limité de missiles qui leur avaient été livrés.
Résultat : le stock de missiles ATACMS est désormais pratiquement épuisé. Quand le président Biden a autorisé Kiev à les utiliser contre des cibles d’intérêt militaire situées en Russie, les forces ukrainiennes n’en comptaient plus qu’une cinquantaine sur les 500 reçus. S’agissant des Storm Shadow, le Royaume-Uni a déjà prévenu qu’il ne lui en restait plus beaucoup à fournir.
Aussi, avec les changements à venir dans la politique extérieure des États-Unis, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les forces ukrainiennes doivent économiser les missiles ATACMS qui leur restent. « Nous devons préserver ces capacités et les utiliser judicieusement et très intelligemment », a confié Mykola Bielieskov, analyste militaire à l’Institut national d’études stratégiques [qui relève du gouvernement ukrainien, ndlr], au New York Times.
À noter que, lors d’un entretien accoré au Journal du Dimanche, en novembre, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a dit avoir signé « une nouvelle cession d’une dizaine de missiles SCALP » à l’Ukraine, en plus des quarante qui ont déjà été fournis.