DominiqueBoscher a écrit :...En clair cela signifie encore une fois que les pays riches qui pourront s'adapter rapidement en créant des bassins de rétentions, des protections contre les incendies, des zones humides... s'en sortiront mieux que les pays pauvres...
Nos moyens d'action ne sont hélas pas proportionnés à l'ampleur du changement.
Prenons l'exemple du Midi de la France, région dont la géographie et le climat sont bien connus depuis 2000 ans.
Le midi est une région au relief accidenté, souvent difficile d'accès à pied et impossible avec des engins automoteurs. Le climat méditerranéen ariginal est caractérisé par des températures douces et une pluviométrie asymétrique, régime sec en été, pluies intenses l'hiver.
Ce climat dépend de la température moyenne du globe, mais aussi de la cellule climato atlantique, avec en particulier l'irruption du célèbre anticyclone des Ascores pendant l'été, empêchant le passage des perturbations pluvieuses, et favorisant au contraire un régime de Mistral, vent sec et contribuant au déssèchement.
La géographie et le type d'essences ont peu changé depuis 2000 ans ; s'il y avait eu des incendies de forêt réguliers au début de l'ère chrétienne, toutes ces essences potentiellement combustibles auraient disparu depuis longtemps. On pense qu'il y avait plus de feuillus il y a 2000 ans, mais les pins étaient déjà présents.
Force est de constater que les incendies de forêts dans cette région sont une malédiction du 20e siècle; le fait qu'ils soient fréquemment allumés par malveillance n'explique pas leur intensité.
Au 20e siècle, nous avons gagné 0.6°C ; cette variation apparemment minime provoque les modifications suivantes :
- les étés sont plus chauds, et déssèchent les essences plus vite, favorisant les incendies
- l'anticyclone des Ascores s'installe plus tôt dans la saison, favorisant le régime de Mistral aggravant le déssèchement
- les deux phénomènes ci-dessus rallongent la période sèche, diminuant ainsi la pluviométrie totale
- l'élévation de la température devrait intensifier les pluies d'hiver ; ce n'est pas constaté pour le moment.
En conséquence, nous avons un triple phénomène conduisant à une diminution des ressources en eau et à un déssèchement simultané de la végétation.
Dans le paysage accidenté du midi, la prévention classique anti-incendie de forêt est quasiment impossible : l'entretien des sous-bois, les zones coupe-feu ne peuvent être réalisés. Devant la recrudescence d'incendies mettant en péril les habitations, les pouvoirs publics ont opté pour un total laisser-faire des permis de construire, contrebalancé par l'apport d'équipes de pompiers plus nombreuses et du matériel aérien ("Canadairs").
La température continuant de grimper, nous sommes maintenant confrontés à des épisodes caniculaires tous les 5 ans, pendant lesquels c'est toute la région qui risque de s'embraser. Encore une fois, la conformation du terrain ne permet pas de stocker l'eau, sous quelque forme que ce soit.
Quand nous aurons atteint +1°C, le nombre et l'intensité des feux de forêts seront tels que nous ne pourrons plus lutter. Certaines communes trop isolées devront être officiellement abandonnées ; certaines parties de communes deviendront inconstructibles. Quand on voit l'urbanisation de l'arrière-pays Niçois, on est contraint d'admettre que certaines parties, bien que proches de la ville, ne peuvent matériellement être défendues s'il n'y a plus d'eau disponible.
Nous n'avons pas les moyens de créer des bacs de rétention d'eau pour des départements entiers ; et quand bien même nous le ferions, il ne pleut plus suffisamment.
Nous allons donc, peu à peu, être contraints d'abandonner certaines parties de ces départements.
Les incendies de forêt vont donc continuer dans ces zones ; la végétation disparue ne pouvant contribuer à la régulation hygrométrique, le déficit d'humidité va s'aggraver dans toute la zone, au point que l'auto-suffisance en eau potable sera remise en question, accélérant l'exode.
Le Midi "bénéficie" actuellement de l'implantation d'une partie des retraités de l'Hexagone ; cette population allochtone va finir par comprendre que l'endroit est inhospitalier, et va quitter les lieux facilement.
A partir d'une augmentatioon de 2 °C, le Midi bascule en régime semi-aride, incapable de soutenir, toujours à cause de l'eau potable, ses actuels millions d'habitants.
Comment voulez vous que les pays du tiers monde ne se révoltent pas et que les migrants climatiques et économiques soient de plus en plus nombreux...
Est-ce que tu vois maintenant qui seront les migrants climatiques ?