[Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par krolik » 17 déc. 2009, 10:37

La troisème décennale de Fessenheim avance..
Et l'AFP fidèle à sa position rappelle.... des fois que l'on aurait oublié..
@+
AFP - 16 décembre 2009 - FESSENHEIM (Haut-Rhin) - La visite décennale de la centrale nucléaire de Fessenheim est entrée dans sa deuxième phase avec l'examen de la cuve par un robot sophistiqué, a annoncé mercredi le directeur du site, Jean-Philippe Bainier.

"Depuis mardi matin, ce robot de douze tonnes sonde les parois de la cuve du réacteur numéro un", a-t-il indiqué à la presse à mi-parcours d'un check-up décennal déterminant pour la doyenne des centrales en France.

Il a estimé que le planning prévoyant la remise en activité du réacteur, début février sera tenue, avec la fin de cette seconde phase le 24 décembre. Le second réacteur sera soumis quelques mois plus tard au même examen de passage.

Le robot contrôle l'état du revêtement interne en envoyant ses observations à des ordinateurs ayant déjà intégrés les données de la dernière auscultation de la cuve en 1999. Fixé sur la cuve ouverte, profonde de 10 mètres, il passe au crible les deux centimètres d'inox et les 20 centimètres d'acier noir de ses parois. Il est doté d'une technique par ultrasons et utilise la gammagraphie, des rayons traversant le métal pour y détecter d'éventuels défauts. Un examen par des caméras vidéo parachève l'opération.

Auparavant, il avait été procédé à "l'épreuve hydraulique" qui teste la résistance et l'étanchéité du circuit primaire. "On l'a soumis à une pression de 207 bars alors qu'en période normale d'exploitation elle n'est que de 155 bars. Edf et Areva ont vérifié l'ensemble des soudures, l'épreuve est réussie, il n'y a pas eu de problèmes identifiés", a affirmé le directeur du site.

La troisième et dernière étape sera de soumettre le "bâtiment réacteur" à une pression 5 fois supérieure à la pression atmosphérique, à l'aide de onze compresseurs géants. Il s'agit de confirmer le bon comportement de la structure en béton haute de 55 mètres, réputée anti-sismique et résistante à une collision aérienne.

Au terme de ces évaluations, l'Autorité de sûreté nucléaire fera son rapport au gouvernement. Il devra décider si la centrale, qui a produit 330 milliards de KWH en 32 ans, peut poursuivre son activité où si elle doit être démantelée comme le réclament régulièrement des anti-nucléaires français, allemands et suisses.

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par krolik » 28 déc. 2009, 14:15

Arrête d'urgence à la centrale de Feissenheim tranche 2.

@+

Par IRSN

Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 décembre 2009, le réacteur n°2 de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) était en cours de redémarrage, en état d’arrêt à chaud, après un arrêt de production. La perte du système de refroidissement du réacteur a conduit au déclenchement du plan d’urgence interne (PUI) de la centrale à 05h55, et à la mise en place de l’organisation nationale d’urgence par l’ASN, dont le gréement du Centre technique de crise (CTC) de l’IRSN. Une trentaine d’experts de l’Institut se sont rapidement mobilisés sur le site de Fontenay-aux Roses et au Vésinet.


Lors du redémarrage d’une pompe de refroidissement du condenseur, un tambour filtrant, alimenté par le canal d’Alsace, a été endommagé. Cet endommagement a entraîné l’arrivée de débris qui ont progressivement colmaté les échangeurs de chaleur de la source froide de sûreté assurant notamment le refroidissement du circuit de refroidissement intermédiaire.

Les deux voies du circuit de refroidissement n’étant plus disponibles, EDF a appliqué la procédure prévue pour gérer ce type de situation. A cet effet, certains équipements utilisateurs du circuit de refroidissement ont été délestés. Par ailleurs, le réacteur a été passé de l’état d’arrêt à chaud (286°C – 155b) à l’état d’arrêt aux conditions voisines de celles de mise en service du circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt (177°C – 25b) à l’aide des générateurs de vapeur restés disponibles.


Cet incident est similaire à celui de Cruas le 2 décembre dernier. Toutefois, son traitement a été différent du fait de la conception différente du système de refroidissement de la centrale de Fessenheim.


En fin d’après-midi, l’IRSN a estimé que d’une part l’état de sûreté du réacteur était satisfaisant et que d’autre part les actions (remise en état du tambour filtrant et nettoyage des échangeurs encrassés) et la surveillance mises en place par EDF étaient adaptées.


L’organisation nationale de crise été levée par l’ASN à 17h15. EDF maintient son PUI jusqu’au retour à une situation normale.


> Télécharger la note d'information de l'IRSN au format PDF:
http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse ... 091227.pdf

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par Remundo » 28 déc. 2009, 14:21

y'en a qui disent que Fessenheim est une centrale vieillissante en très mauvais état...

On risque de finir par le croire... :?

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par krolik » 28 déc. 2009, 17:44

Remundo a écrit :y'en a qui disent que Fessenheim est une centrale vieillissante en très mauvais état...

On risque de finir par le croire... :?
Oh c'est à peu près le même problème qui s'est passé à Cruas qui n'est pas si vieille que Fessenheim. D'autant qu'à Cruas cela s'était déjà passé plusieurs fois, car la prise d'eau est mal fichue. A chaque fois le réacteur a été arrêté. Mais chacun a fait son boulot suivant les procédures qui prévoient explicitement le cas; et ça n'intéressait personne.

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par Remundo » 28 déc. 2009, 18:43

Sur ce coup, je pense que vous avez raison :-P

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par Lansing » 08 janv. 2010, 12:10

Un article intéressant dans Ouest France sur les nomades du nucléaire, c'est ICI.

Patrick

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par kercoz » 08 janv. 2010, 20:35

Insidieux , dirait on !
http://www.rue89.com/planete89/2010/01/ ... ion-132571

//////////
Avis défavorable de l'Autorité de sûreté

L'arrêté ouvre la possibilité d'introduire des substances radioactives dans tout, sauf les aliments, les cosmétiques, les bijoux et les produits en contact avec les aliments.

Certes, comme le reconnaît Corinne Castagnier, des substances radioactives étaient déjà disséminées dans le domaine public :

« Il y a du radium 226 dans les paratonnerres, de l'américium 241 dans des millions de détecteurs de fumée âgés ; et chez les particuliers on trouve du radium ou de l'uranium, dans des réveils, des montres, des carreaux en céramique…
////////////////
Pour les paratonneres et les detecteurs , c'est , a ma connaissance , interdit depuis un moment.
L'Homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. ( Jean Henri Fabre / Souvenirs Entomologiques)

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par krolik » 08 janv. 2010, 21:47

Oui l'arrêté est fichu comme l'as de pique.
En fait le sujet est d'insérer des marqueurs radioactifs dans différentes substances dites de "consommation".
Cela se fait déjà depuis longtemps mais c'était géré par un comité interministériel : le CIREA et maintenant ce sera géré par le Ministère de la Santé.
Pour vous donner un exemple d'application :
- les hauts fourneaux ont des revêtements intérieurs qu'il faut refaire périodiquement. Le problème c'est la mesure de l'épaisseur du revêtement, sachant que d'un côté la température est à 1600°C avec de la fonte.
Alors il est inclu depuis des dizaines d'années des sondes au cobalt 60. Ces sondes se dissolvent en même temps que le revêtement.
La radioactivité de la fonte en sortie est controllée en permanence. Dès que la teneur en Co60 augmente on sait à quelle date on devra arrêter le haut fourneau ce qui n'est pas une mince affaire.
En conclusion : dans tous les aciers sortis depuis 1930 dans le monde il y a des traces de Co60. A des teneurs très faibles bien sûr mais facilement mesurable, longueur d'onde très précise.
Lorsque Pellerin a voulu se monter un labo exemplaire au Vésinet,pour les chambres d'anthropogammamétrie il ne voulait pas être gêné par ce petit bruit de fond dans les mesures. Alors on est allé récupérer des cornières provenant d'une refonte de la Gare de Lyon. Cornières laminées dans les années 1880...Là on était sûr d'avoir un "calme plat" Pour le plomb cela a été une autre histoire,mais j'ai déjà du raconter. La pollution du plomb provient simplement de la pollution radioactive de l'air ambiant du fait des retombées de la combustion du charbon depuis le début de la Révolution industrielle, c'est à dire depuis 1800 en gros.

Dans les projets d'utilisation de cet arrêté il y a apparemment l'addition de trois isotopes différents dans les explosifs fabriqués en France. Avec trois isotopes on peut les retrouver facilement en se balladant par exemple le long d'une rue avec des voitures garées. Et les durées de vie étant différentes on peut connaître leur année de fabrication.. Les explosifs rentrent dans le cadre des biens de consommation..

Mai il est bien précisé dans l'arrêté que cela ne peut être l'objet d'une dissémination par dilution de déchets.
Il est précisé aussi qu'il faut que l'industriel montre qu'il n'y a pas d'autre solution "non nucléaire".

Le radium dans dans les paratonnerres, ce n'était pas des marqueurs pour le moins. Mais il en existe encore, oubliés, qui se cassent la figure au fil du temps. Là il faut avertir l'ANDRA qui maintenant se déplace rapidement, et ne laisse plus traîner ces "petites choses"..

La Criirad propose une pétition pour abrogation de l'arrêté....Si cela les amuse..
Et l'ASN a rendu un avis négatif.. ils doivent penser obtenir la confiance des antinucs par ce genre d'attitude..Et il se font mal voir de tout le monde..
Chassons le becquerel !!
A ce propos je vous signale que l'éruption actuelle du Piton de la Fournaise libère quelques exabecquerels dans un nuage..L'ASN avec la Criirad devraient aller conseiller... qui... enfin.. quelqu'un
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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par energy_isere » 09 janv. 2010, 11:51

krolik a écrit : .......
Chassons le becquerel !!
A ce propos je vous signale que l'éruption actuelle du Piton de la Fournaise libère quelques exabecquerels dans un nuage..L'ASN avec la Criirad devraient aller conseiller... qui... enfin.. quelqu'un
@+
Krolik,

avez vous des infos précises sur les causes et mécanismes de libération de Becquerels dans le cas d' éruption volcaniques ?

Le radon et Polonium210 encore et encore ? ou d' autres élements également ?

dans les années 2002-2005 je m' interessait au volcanisme et suis allé sur plusieurs volcans (dont ETNA en activité), j' ai lu pas mal de bouquins, et j' ai jamais vu traité cet aspect (ce qui ne veut pas dire que ca n' existe pas).
Des documents sous le coude ?

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Dissémination des déchets faiblement radioactifs

Message par Remundo » 09 janv. 2010, 17:09

Salut les Oléocéniens,
Est Républicain a écrit :Utiliser des déchets radioactifs pour la construction des maisons ou des voitures : à une époque qui met en avant les matériaux écologiques et les véhicules électriques, l'hypothèse paraîtrait presque farfelue. Et pourtant... Un arrêté ministériel du 5 mai 2009, paru au « Journal officiel » du 14 mai, autorise bien l'utilisation de substances faiblement radioactives dans certains biens de consommation et produits de construction. Précisément, ce texte passé inaperçu a instauré une procédure de dérogation au Code de santé publique, qui interdisait jusqu'à présent un tel « recyclage » des rebuts radioactifs.

« Cet arrêté va à l'encontre de tous les textes officiels qui interdisent de diluer les déchets radioactifs dans l'environnement », affirme Roland Desbordes, le président de la Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité (Criirad), l'association qui a soulevé ce lièvre et mène campagne pour l'abrogation pure et simple de l'arrêté. Cinq familles de produits ne pourront pas faire l'objet de dérogations : les aliments, les cosmétiques, les parures, les jouets et les matériaux en contact avec les aliments et les eaux. Ce qui signifie que toutes les autres catégories sont susceptibles de pouvoir contenir des rebuts radioactifs.

Malgré l'avis défavorable de l'ASN

L'industrie nucléaire, pointe Roland Desbordes, produit un « tonnage colossal » de déchets faiblement radioactifs , ferrailles et plastiques notamment. En raison de leur très faible radioactivité, ces déchets ne sont pas pris en charge par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) et l'industrie nucléaire est contrainte de les entreposer. Par le passé, des entreprises ont déjà été épinglées pour avoir tenté de se débarrasser illégalement de ces stocks encombrants. En 2004, par exemple, le tribunal administratif de Lyon avait contraint une société à abandonner son projet de fabriquer des éléments de tracteurs avec du métal contaminé. « Si on laisse faire les entreprises, le secteur du bâtiment peut leur permettre de recycler une grande quantité de déchets. Du béton d'installations démantelées pourra être broyé pour faire du ciment qu'on retrouvera dans les maisons. Moi, je n'ai pas envie qu'il y en ait chez moi ! Cela irait également à l'encontre des recommandations actuelles en matière de prévention des cancers », s'alarme le président de la Criirad, dont la directrice générale doit être reçue lundi par le cabinet de Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie.

Après avoir interpellé le gouvernement, l'association a introduit des recours devant le Conseil d'Etat, « qui a demandé des explications aux différents ministères ayant signé l'arrêté », à savoir les ministères de l'Ecologie, de la Santé, du Logement et de l'Economie, qui ne semblent pas pressés de répondre. Le plus troublant, c'est que l'Autorité de sûreté nucléaire elle-même, avait rendu en novembre 2008 un avis défavorable au projet d'arrêté, préconisation dont le gouvernement n'avait finalement pas tenu compte. L'avis de l'ASN s'appuyait notamment sur « la position constante de la France en matière de gestion des déchets nucléaires (...) d'éviter la dilution des déchets comme mécanismes d'élimination , notamment en les ajoutant à des biens de consommation ».

Benoît GAUDIBERT
Source Est Républicain

Qu'en dites vous Krolik ? :-P

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Re: Dissémination des déchets faiblement radioactifs

Message par krolik » 09 janv. 2010, 19:17

Déjà répondu hier ou avant hier.
Sujet à déplacer dans "...j'ai comme un doute"..
@+

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Re: Dissémination des déchets faiblement radioactifs

Message par Remundo » 09 janv. 2010, 19:40

A déplacer en effet, car mon post rapporte un article assez bon sur le sujet.

Et surtout, il est étonnant que vous n'ayez pas souligné les avantages de cette dissémination par "effet hormesis". ;-)

*** sujet fusionné ***
mrlargo

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par Remundo » 09 janv. 2010, 22:44

Merci Mr Largo ! 8-)

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par krolik » 30 janv. 2010, 15:09

Le nucléaire c'est la m....
Ou la sodomisation des diptères au vol!!!

@+
Excréments polluants
JEUDI, 28 JANVIER 2010 - Actu Toulouse.fr (http://www.actutoulouse.fr/20100127638/ ... uants.html)

La Garonne, le Rhône, la Seine… Régulièrement, des laboratoires indépendants relèvent des taux anormalement élevés de radioactivité dans les grands fleuves français. La cause de cette pollution est connue : elle provient, en partie, des centres hospitaliers régionaux qui pratiquent la médecine nucléaire. Enquête.

Toulouse, les Amis de la Terre et la Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité (Criirad) ont récemment tiré la sonnette d’alarme. En septembre dernier, ils ont détecté la présence de traces radioactives à la sortie de la station d’épuration de Ginestous. Une station située à la limite de Toulouse et Blagnac et gérée par Véolia. “En aval de la station, nous avons constaté des niveaux entre 40 % et plus de 100% plus élevé qu’en amont, explique Alain Ciekanski, president des Amis de la Terre Midi-Pyrénées au moment des faits. Cela provient essentiellement des hôpitaux qui ne traitent pas correctement les déchets de leurs patients radioactifs.” Et ce n’est pas la première fois. En 1993 déjà, des taux similaires avaient été relevés.

La médecine nucléaire a progressé ces dernières années. De plus en plus de patients sont traités à base de solutions radioactives, telle que l’iode 131. Cet élement chimique permet notamment de réaliser des scintigraphies (IRM) et de traiter certains cancers (thyrroide, cerveau…). Seul inconvénient : les patients traités deviennent à leur tour radioactifs. “Durant les thérapies, des quantités importantes d’iode 131 sont administrées et le niveau de radiation mesurable au contact de la personne est 250 fois supérieur au niveau naturel, explique Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et responsable du laboratoire de la Criirad. Les rejets de ces patients sont dès lors radioactifs pendant plusieurs semaines.”

Depuis une quinzaine d’année, des systèmes de collecte de leurs urines sont mis en place dans les hôpitaux. “80 % de la radioactivité est concentré dans l’urine et seulement 20% dans les selles”, détaille un des référents en radioprotection de l’hôpital Claudius-Regaud, à Toulouse. Ce qui explique que seules les urines soient collectées. Les selles radioactives sont elles directement rejetées dans le système d’évacuation des eaux usées.
“Le traitement des selles pose problème; aucun service de la médecine nucléaire n’est actuellement en mesure de le faire, precise François Le Clézio, directeur du projet de construction du futur cancéropole de Toulouse. Le stockage de selles pendant 90 jours représenterait un veritable risque de maladies nausocomiales. Ce serait une bombe bactériologique.”

Pour être dépolluées, les urines et selles doivent en effet être stockées dans des cuves de décroissance pendant plusieurs semaines afin de perdre leur taux de radioactivité. En France, la législation impose la récupération des urines, mais pas des selles. Contactés, les hôpitaux se retranchent donc derrière la loi. “Les installations sont conformes à la législation qui n’est pas draconienne sur la collecte des selles”, se défend l’hôpital Claudius-Regaud qui possède quatre chambres reliées à des cuves pour les patients traités à l’iode 131.

Sécuriser les déchets de la médecine nucléaire
Le taux anormalement élevé de radioactivité dans la Garonne proviendrait donc en partie de ce non-traitement des selles. Mais pas seulement. Il existe également le problème des patients traités à l’iode 131 qui rentrent chez eux. Aucun dispositif de collecte à domicile n’est mis en place pour le traitement de leurs déchets qui s’évacuent directement dans les eaux usées. Pour l’hopital, difficile d’envisager une autre solution. “On ne peut pas garder tous les patients traités à l’iode 131, une hospitalisation de 15 jours est économiquement impossible”, précise un des hôpitaux de Toulouse.

A l’initiative de la Communauté urbaine du Grand Toulouse, une réunion s’est tenue le 12 octobre en présence des élus, des hôpitaux, du Criirad, de l’IRSN, et de la station d’épuration. Tous ont souligné la necéssité de trouver des solutions, sans succès pour le moment. “Cela ne représente pas un danger pour les riverains ni pour le personnel de la station. L’eau du robinet est quand à elle captée bien en amont de la station, il n’y a donc pas lieu d’être alarmiste, rassure Henri Matéos, président de la commission eau et assainisement du Grand Toulouse. Mais il n’empêche que c’est une anomalie sur laquelle nous devons nous pencher. Et bien que le problème ne soit pas une spécificité toulousaine, peu de grandes villes ont entamé des discussions la dessus pour le moment.”

En septembre dernier, lorsque la Dépêche du Midi a annoncé ces nouveaux taux de radioactivité, les hôpitaux ont dans un premier temps pointé du doigt la station de Ginestous. Ils avancaient à l’époque que les filtres de la station étaient défaillant car “ils reconcentraient les rejets d’iode 131”. Aujourd’hui, cette hypothèse n’est plus d’actualité. Les hôpitaux sont enclins à avouer leur responsabilité et à trouver des solutions.
Rangueil, Claudius Regaud et l’ensemble des équipes du futur cancéropole réfléchissent désormais à une amélioration du système de collecte actuel. “Nous cherchons des éléments afin de sécuriser les déchets de la médecine nucléaire. Les selles posent problème mais nous allons trouver une solution d’ici 2013, car nous voulons les traiter sur le site du futur cancéropole, explique François Le Clézio, chef de projet du futur cancéropole. Nous ne pouvons pas attendre que la loi évolue, nous devons l’anticiper. Et les groupes de pression sont tels qu’il faut agir.”

La question est aujourd’hui de savoir si le problème doit être pris en charge à sa source, c’est à dire dans les hôpitaux, ou au niveau de la station d’épuration. Il semblerait que la première hypothèse soit privilégiée à l’heure actuelle, malgré la mauvaise santé financière des hôpitaux et bien que le stockage des selles, tel qu’il existe actuellement, représente des risques sanitaires. Du côté de la station Ginestous, Véolia n’envisage pas de prendre les choses en main. “Les stations de dépollution ne sont pas conçues pour traiter les pollutions radioactives comme l'iode 131, explique le service de communication de la station. Réglementairement, c'est aux hôpitaux de gérer cette dépollution avant le rejet dans les eaux usées.” Pourtant, cela permettrait de régler le problème des patients qui rentrent chez eux.

Dangereux ou non ?
Alors que le débat s’oriente sur les solutions à envisager pour régler le sort des déchets radioactifs des hôpitaux, une autre question reste à résoudre. Quel risque représente concrètement ces déchets pour la santé ? “En aval, nous avons constaté un niveau de 0,22 microsievert par heure à Ginestous contre 0,08 en amont du fleuve”, affirme Les Amis de la Terre et le Criirad.

Selon le service de communication de la station de Ginestous, “la DDAS contrôle les eaux qui arrivent à la station régulièrement. Et elle affirme que cela ne représente aucun danger pour les employés du site comme pour les populations.” D’après Pedro Gonzales, chercheur au CNRS à Toulouse, cette dose serait relativement faible : “Il existe un taux de radioactivité naturelle qui provient des roches, du sol, et qui est d’environ 2 microsievert, soit dix fois supérieur à celui provoqué par les rejets des hôpitaux, explique-t-il. Ce taux de radioactivité naturel est subit par tous et est acceptable.” Difficile donc de considérer ce taux de 0,22 microsievert relevé dans la Garonne, dangereux pour la santé de la population.

Par ailleurs, François Le Clézio, chef de projet du futur cancéropole, précise qu’il y a “peu de radioactivité naturelle dans la Garonne.” Par conséquent, le moindre taux de radioactivité est facilement décelable même s’il reste peu élevé.
Pourtant, les Amis de la terre se veulent alarmistes et s’inquiètent pour les communes situées en aval de la station d’épuration. “Ces eaux polluées sont rejetées à la limite entre Blagnac et Toulouse et elles peuvent être un danger à long terme pour les nappes phréatiques, explique Alain Ciekanski, l’ancien président de l’association. Les agriculteurs utlisent par exemple l’eau de la Garonne pour arroser leur champ. De plus, aucune mesure n’a été prise pour les communes en aval qui captent leurs eaux après la station.”
Pour l’adjoint à l’environnement de la commune de Blagnac, Pascal Boureau, “aucune inquiétude à avoir. Il n’y a aucun risque, personne ne se baigne dans la Garonne et notre eau du robinet est captée bien en amont. Ce sont des inquiétudes d’écologistes primaires !” Pour la commune de Fenouillet, c’est au Grand Toulouse de réagir. “On nous dit que cela ne représente pas de danger mais de toute façon, que voulez-vous que l’on fasse, confie Gilles Calestroupat, un des élus de la mairie. Aujourd’hui, la commune ne représente plus grand chose.”

En 1993, lorsque les Amis de la Terre avait révélé l’existence de cette radioactivté dans la Garonne, l’association avait porté plainte. “Cela avait fait bouger les choses puisque par la suite les hôpitaux avaient eu l’obligation de s’équiper de cuves pour le traitement des urines, avance Alain Cieskanski. Pour l’instant nous ne savons pas si nous allons ou non porter une nouvelle plainte. Nous ne sommes pas des procéduriers, nous voulons juste que les choses bougent.”

Le Grand Toulouse devrait à nouveau réunir les principaux acteurs dans les mois qui viennent mais pour le moment, difficile d’imaginer une solution car la législation reste elle même en retard sur le sujet. Du côté des hôpitaux, la construction du futur cancéropole accélère les réflexions sur le traitement de ces déchets radioactifs. La preuve qu’une réflexion est bien à mener.

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Re: [Nucléaire] Nucléaire et sécurité, j'ai comme un doute.

Message par Remundo » 30 janv. 2010, 18:12

Ah oui, Krolik.

Une thématique bien rodée de stigmatisation des hopitaux. Le moindre mal avec les rejets des hopitaux, c'est que les radioéléments décroissent vite. On ne peut pas en dire autant pour les déchets de fission.

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