[Éthanol]

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Re: Ethanol

Message par Glycogène » 25 oct. 2005, 00:09

cicero a écrit :C'est une moyene tirer d'un livre d'agriculture qui indique que la production d'une joule d'energie alimentaire requière entre 9 et 10 joules d'energie fosile ou autre. Données nord-américaine, mais je ne crois pas que l'Europe fasse bien meilleurs figure...
Heu, je ne suis pas sûr que l'éthanol carburant brésilien puisse être considéré comme une source d'énergie alimentaire...
Dans les 10J fossiles pour produire 1J alimentaire, il doit y avoir la culture, la récolte, le transport, le stockage, la distribution, la transformation, la cuisson, la consommation: à chaque fois il y a des pertes (en énergie dépensé et en matière) bien plus grandes que la culture, la récolte, la distillation et le transport de l'éthanol vers une centrale électrique ou une chaudière (je ne sais pas où c'est utilisé exactement): après la distillation, il n'y a quasiment pas de perte de matière.
Le rapport doit être plus faible, mais de là à ce qu'il passe en dessous de 1, c'est pas gagné !

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 25 oct. 2005, 18:43

On peut aussi faire de l'éthanol avec des résidus de l'industrie de la biere :
(je ne dit pas que c'est la solution au peak oil, mais quand on a besoin de faire feu de tous bois ....)
Coors ramping up production of ethanol from beer waste
Robert Sanchez, Denver Post
Golden - Two Colorado-based companies are finding that one answer to lessening the country's dependence on foreign fuel imports might be hiding in the six-pack that you carry home from the grocery store.

Across a sliver of Clear Creek that cuts through the Coors brewery here, a maze of stainless steel pipes rise amid the sharp aroma of beer. On this site - roughly the size of a four-car garage - Coors Brewing Co. and Aurora-based Merrick & Company are using beer waste to process 1.5 million gallons of the gas substitute called ethanol. One 9-year-old plant distills residuals from beer making and has been such a success, officials from the brewer and engineering company said, that a second, $2.3 million plant will open later this month on the same site. The second plant will double ethanol production at the brewery, partly through inputting millions of gallons of spilled Coors, George Killian's Irish Red and other beers directly into the process via an underground pipeline.

"With the demand high and the need even higher, it seemed like a great time to expand," said Steven Wagner, the Merrick vice president who helps lead the Coors ethanol project. Under a 15-year agreement, the company leases land from Coors, buys the residuals from the brewer and owns the plant. The ethanol - made in much the same way as moonshine - is sold under a contract with Valero Energy Corp., which distributes the beer-ethanol to Diamond Shamrock stations across the Front Range.

"We've basically taken a waste stream and turned it into a revenue stream," Wagner said. Both plants combined will produce only a fraction of the expected 4 billion gallons of ethanol sold nationwide next year, but supporters say the plan illustrates the growing demand for gasoline substitutes as the country battles skyrocketing fuel costs and attempts to expand existing gasoline supplies. ...
(24 October 2005)
source http://www.energybulletin.net/10106.html

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 25 oct. 2005, 19:00

cicero a écrit :
AJH a écrit :
cicero a écrit : Et le pire sous couvert de protection environnemental. Sauf qu'on ne nous dis pas que pour faire une joule d'ethanol ils ont brûlé 10 joules de petrole...

.
J'aimerai trouver une confirmation (argumentée) de ce chiffre ou de ce calcul , tu sais où ?
C'est une moyene tirrer d'un livre d'agriculture qui indique que la production d'une joule d'energie alimentaire requière entre 9 et 10 joules d'energie fosile ou autre. Données nord-américaine, mais je ne crois pas que l'Europe fasse bien meilleurs figure...

La culture ecologique pour grande et petite surface
par Yves Gagnon, aux Editions Colloïdale
pas d'ccord avec ton argumentation :

j'ai lu aussi que pour faire l'equivalent de 1 joule alimentaire il a fallu investir une dizaine de Joule equivalent pétrole. Mais ceci est une moyenne. Tu as par exemple de la laitue ou des fraises qui vont de demander plutot un ratio de 100 fois ! Mais la n'est pas la question, quand tu achéte des fraises c'est pour te faire plaisir et le ratio energétique ne t'interesse pas. Donc ces denrées te plombent ta moyenne.
Pour du mais le ratio est proche de 1 et pour de la betterave le ratio est inférieur à 1.
Les betteraviers sont en train de s'engoufrer dans ce marché de l'éthanol.

voir le site http://www.biocarburant.com/dossier.asp
j'en extrait ceci :
Pour atteindre les objectifs européens de production de bioéthanol, il faudra mobiliser en Europe 700 000 hectares de betteraves et 3 millions d’hectares de blé. Ces 3,7 millions d’hectares sont à comparer avec les 5,6 millions d’hectares de jachères en Europe qui pourraient en partie être consacrés aux cultures destinées aux biocarburants. Ces objectifs de l’Union européenne apparaissent tout à fait réalisables par l’agriculture française.
Les cultures destinées à la production de biocarburants représentent, en France, actuellement, 285 000 hectares dont 11 500 ha de betteraves. En 2010, les producteurs de betteraves estiment que les surfaces françaises qui pourraient être dédiées au bioéthanol pourraient s’élever à 85 000 ha, soit 20 % des surfaces totales de betteraves françaises. Si on rajoute le blé, c’est 370 000 ha de plus qui pourraient être consacrés à la production de bioéthanol. Aujourd’hui, les surfaces françaises totales en blé tendre et betteraves représentent 5 400 000 ha.

Ainsi, en France, 1 % des surfaces en blé et betteraves (soit 54 000 ha) permet de produire un volume de bioéthanol équivalent à 1 % de notre consommation en essence !

Il faut noter la meilleure productivité de la betterave qui atteint 65 à 75 hectolitres d’éthanol à l’hectare, contre 25 hectolitres d’éthanol à l’hectare pour le blé et 14 à 15 hectolitres de biodiesel à l’hectare pour le colza.
vive la betterave !
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Re: Ethanol

Message par mahiahi » 25 oct. 2005, 20:13

energy_isere a écrit : Ainsi, en France, 1 % des surfaces en blé et betteraves (soit 54 000 ha) permet de produire un volume de bioéthanol équivalent à 1 % de notre consommation en essence !

Il faut noter la meilleure productivité de la betterave qui atteint 65 à 75 hectolitres d’éthanol à l’hectare, contre 25 hectolitres d’éthanol à l’hectare pour le blé et 14 à 15 hectolitres de biodiesel à l’hectare pour le colza.
Mais l'injection d'énergie est-elle identique à l'hectare entre les champs de colza et de betteraves?
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 26 oct. 2005, 19:54

mahiahi a écrit :
energy_isere a écrit : Ainsi, en France, 1 % des surfaces en blé et betteraves (soit 54 000 ha) permet de produire un volume de bioéthanol équivalent à 1 % de notre consommation en essence !

Il faut noter la meilleure productivité de la betterave qui atteint 65 à 75 hectolitres d’éthanol à l’hectare, contre 25 hectolitres d’éthanol à l’hectare pour le blé et 14 à 15 hectolitres de biodiesel à l’hectare pour le colza.
Mais l'injection d'énergie est-elle identique à l'hectare entre les champs de colza et de betteraves?
tu veux dire l'energie pour labourer / semer / recolter / transporter du champs à l'usine ethanol , + les engrais +les pesticides ?

Comme toi, j'aimerais avoir aussi ces infos.

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 21 nov. 2005, 13:20

source http://www.boursorama.com/forum/message ... ageForum=1
Le Brésil carbure à la canne à sucre
01/10/2005

L'Expansion

Depuis trente ans, le pays exploite ses ressources agricoles pour produire de l'éthanol. Reportage chez le champion du monde des biocarburants.


Il faut un moment pour s'y habituer. Pour ajuster son regard à cet horizon infini. A ce kaléidoscope de lumières et de couleurs : un ciel d'encre, une terre d'un ocre éclatant et un tapis vert de canne à sucre. Les champs ondulent à perte de vue et même les arbres sont gigantesques, avec leurs branches déployées en vastes éventails, refuges des colonies de vautours.

C'est dans ce décor rural, à 500 kilomètres au nord-ouest de Sao Paulo, que l'après-pétrole a commencé... il y a trente ans. Une formidable révolution agro-industrielle stimulée par l'éthanol, le nouvel « or vert », obtenu à partir de la canne à sucre, et désormais massivement utilisé par les automobilistes brésiliens. Ce carburant végétal pousse ici, dans les fazendas, ces exploitations agricoles aux dimensions aussi faramineuses que ce pays de 182 millions d'habitants, grand comme quinze fois la France.

La scène pourrait sortir tout droit d'un épisode de la série « Dallas ». Il faut parcourir d'élégantes allées de palmiers bordées de fleurs et des kilomètres d'une route longeant des plantations avant d'arriver aux bureaux du sucrier Guarani, situés dans les environs de la ville d'Olimpia. En ce mois de septembre, la récolte bat son plein et le va-et-vient des camions regorgeant de canne fraîchement coupée est incessant devant la distillerie, dont émane une odeur âcre de fermentation. C'est l'une des deux usines de ce groupe racheté en 2005 par les Français de Tereos (ex-Bhégin-Say), les premiers étrangers à investir massivement (170 millions d'euros) dans la juteuse filière du sucre brésilien.

Comme si souvent dans ce pays, les chiffres donnent le tournis : Guarani exploite 32 000 hectares de canne à sucre dans un rayon de 50 kilomètres ! Pourtant, ce n'est qu'une fazenda moyenne de l'Etat de Sao Paulo, où se concentrent les deux tiers de la production de sucre du Brésil, le premier producteur et exportateur mondial. Cette avalanche de statistiques pharaoniques n'impressionne plus Antonio Stuchi. Ce grand gaillard débonnaire, directeur des usines Guarani, sait que sa production (560 000 tonnes de sucre en 2005), en croissance permanente, s'écoulera sans souci sur un marché mondial de plus en plus vorace.

Même s'il rechigne à l'admettre, il sait aussi qu'il dispose d'une autre poule aux oeufs d'or avec les formidables débouchés de l'éthanol, dont le Brésil est, là encore, le premier producteur et exportateur mondial. Rien que cette année, Guarani va vendre 116 millions de litres d'éthanol, soit environ 2 millions de pleins ! D'où ce constat serein d'Antonio Stuchi : « L'avenir de la voiture, c'est le sucre. » Son propos est moins saugrenu qu'il n'y paraît. A l'heure où le prix du baril de brut s'envole et où la pollution devient un enjeu de santé publique, l'éthanol présente un triple avantage sur l'essence : il est moins cher, plus propre et renouvelable à volonté. Mais surtout, ce carburant alternatif a le grand mérite d'exister déjà à l'échelle industrielle. Il est une réalité quotidienne pour les quelque 20 millions d'automobilistes brésiliens.

En se rendant dans une station-service, ils peuvent aujourd'hui faire le plein de trois façons : avec de l'essence, de l'éthanol ou les deux à la fois, en fonction du type de moteur de leur voiture. L'éthanol représente 40 % du carburant, hors diesel, consommé dans le pays, selon l'Unica, le syndicat des sucriers. Le Brésil est en effet le seul Etat au monde à avoir misé sur une énergie renouvelable pour la fabrication de son combustible.

C'est paradoxalement la dictature militaire au pouvoir entre 1964 et 1985 qui a donné le coup d'envoi à ce plan, le plus grand programme écologique de la planète. Après le premier choc pétrolier de 1973, la junte décrète la mobilisation générale. A coups de contraintes, de subventions et d'incitations fiscales, elle oblige les constructeurs automobiles et les grands barons de la canne à sucre à travailler ensemble pour fabriquer des voitures roulant à l'éthanol. Le succès est fulgurant. Dès le milieu des années 80, 96 % des véhicules vendus dans le pays ne roulent qu'à l'éthanol, appelé ici tout simplement « alcool ». Quant à l'essence, elle doit obligatoirement contenir 25 % d'éthanol par litre.

Mais l'expérience a tourné court. Une pénurie en a remplacé une autre. Comme le pétrole dans les années 70, l'éthanol est, lui aussi, devenu une denrée rare, donc chère, au milieu des années 90. Explication : les producteurs de canne à sucre ont préféré écouler leur marchandise sur le marché mondial pour profiter de la flambée des prix, plutôt que de consacrer une partie de leur récolte à la fabrication de l'éthanol, moins lucratif et limité au marché brésilien. Echaudés par les kilomètres de queue devant les pompes, les Brésiliens ont abandonné en masse les voitures à l'éthanol. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Une belle expérience sans lendemain. Mais ce carburant est revenu en fanfare sur le devant de la scène. Cette fois-ci grâce au secteur privé. Volkswagen fait sensation en 2003, en mettant sur le marché la première voiture flex-fuel. Un véhicule fonctionnant à l'essence, à l'éthanol ou aux deux à la fois. « Avec le flex-fuel, c'est comme au restaurant : on compose son plein à la carte, en fonction du prix des différents carburants », se félicite Roberto Giannetti da Fonseca, président d'Ethanol Trading. En fonction, aussi, des trajets car, pour la même distance, il faut environ 30 % de plus d'éthanol que d'essence. Mais le calcul est aujourd'hui vite fait : l'éthanol est plus de deux fois moins cher que l'essence, qui a grimpé, à la mi-septembre, à plus de 2,50 reals le litre (0,83 centime d'euro).

Les autres constructeurs se sont engouffrés dans la brèche. plus de la moitié des modèles aujourd'hui présentés sur le marché brésilien sont équipés de ces moteurs hybrides flex-fuel. Après la Clio, Renault vient de sortir sa Scénic flex, Peugeot sa 206. Seuls Honda et Toyota ont eu du retard à l'allumage. Mais ils vont, eux aussi, s'y mettre. L'engouement du public a été immédiat. Dès la première année, les voitures flex ont raflé 21,6 % des ventes de voitures neuves. Le record a été atteint en août, avec 61,7 % ! A ce rythme, ces véhicules bicombustibles vont totaliser plus de 80 % des ventes au début de l'année prochaine.

Rogelio Golfarb n'en revient toujours pas. Ce rouquin séducteur, président de l'association des constructeurs automobiles (Anfavea), sourit sans relâche en caressant son collier de barbe soigné : « J'aimerais pouvoir vous dire que les Brésiliens sont géniaux et qu'ils ont anticipé toutes les tendances du marché. Mais en réalité, la concomitance de la sortie des modèles flex-fuel et du choc pétrolier est une coïncidence. »

Chance ou pas, le fait est que le Brésil est devenu la Mecque de la voiture propre. Henry Joseph l'a constaté à ses dépens. Cet ingénieur rondelet de 54 ans travaillant pour Volkswagen est le père de la flex-fuel. Les yeux en permanence rivés sur sa montre, il ne sait plus où donner de la tête. Depuis la sortie de son modèle, il a été transformé en ambassadeur industriel itinérant du Brésil. Il est de tous les voyages ministériels à l'étranger dès qu'il s'agit de vanter les mérites des voitures à l'éthanol. Et quand un chef d'Etat est de passage au Brésil, Henry Joseph est sommé de lui faire un topo sur la flex. « J'en ai rencontré tellement que je ne saurais plus les compter », lâche-t-il en soupirant.

Pourtant, Henry Joseph ne fanfaronne pas. « Flex ou pas, dit-il, les moteurs à combustion ne sont pas la réponse à nos problèmes énergétiques. L'avenir appartient aux voitures électriques. Mais avant qu'elles soient produites en masse, la route sera encore longue. En attendant, l'éthanol peut servir à diminuer la consommation de pétrole et réduire la pollution. » C'est déjà pas mal. C'est même indispensable pour une ville comme Sao Paulo, un Manhattan anarchique tout entier dévoré par la voiture. « Sans les flex-fuel et les progrès réalisés sur les autres moteurs, l'air serait irrespirable », insiste Fred Carvalho, directeur du mensuel AutoData. On le croit volontiers tant les transports en commun sont embryonnaires dans cette agglomération d'environ 18 millions d'habitants, l'une des plus grandes du monde. Sao Paulo abrite à elle seule 40 % du parc automobile brésilien ! Et cela se voit : la ville est percée de partout par un entrelacs d'échangeurs, de voies express et, la veille des week-ends, les bouchons s'étirent parfois sur 200 kilomètres...

Bastion historique de l'industrie automobile brésilienne, Sao Paulo est aussi en train de se muer en laboratoire mondial de la voiture de demain. « Les véhicules roulant à l'éthanol ont stimulé la création de toute une nouvelle génération de moteurs », constate Fred Carvalho. Le flex-fuel n'est que la partie visible de l'iceberg. Tous les constructeurs se livrent une concurrence farouche. Ils s'appuient sur les chercheurs de pointe des équipementiers Bosch et Magneti Marelli, réputés pour leurs logiciels novateurs. La course est déjà lancée pour savoir qui sera le premier à mettre sur le marché la « tetra-fuel », la voiture qui fonctionnera à l'essence, à l'éthanol et aussi au gaz liquéfié. General Motors a pris une longueur d'avance avec son prototype Astra.

Mais l'innovation ne se limite pas à l'automobile. Depuis peu, l'éthanol sert également à faire voler ! Depuis le mois de mars, Neiva, une filiale du géant aéronautique brésilien Embraer, a vendu 30 avions agricoles d'épandage fonctionnant uniquement à l'éthanol. Un premier pas vers des avions de ligne volant au biocarburant ? Pas encore, estime Acir Padilha, le patron de Neiva : « L'adaptation des moteurs d'avions est plus compliquée que celle des moteurs de voitures du fait des plus fortes variations de température et d'altitude. »

Mais c'est un début et nul ne doute, au Brésil, que l'âge d'or de l'éthanol ne fait que commencer. Les premiers à s'en frotter les mains sont bien entendu les producteurs de canne à sucre. Les projets d'investissement pullulent et, déjà, une quarantaine de nouvelles distilleries sont en construction. Coût de la main-d'oeuvre plus bas, cycle de production plus long, l'éthanol brésilien est deux à trois fois moins cher que celui produit à partir du maïs aux Etats-Unis ou de la betterave en Europe. A cela s'ajoute une autre différence capitale : « Notre éthanol sera toujours compétitif car son coût énergétique est nul », souligne Fernando Ribeiro, secrétaire général d'Unica, le syndicat professionnel des sucriers. Dans toutes les fazendas du pays, les fibres de la canne à sucre sont en effet brûlées pour produire l'électricité nécessaire à la fabrication du sucre et de l'éthanol. Et ils en ont tant que les planteurs sont même devenus des exportateurs. Ils vont écouler cette année 600 mégawatts sur le réseau national, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'électricité de l'agglomération de Rio de Janeiro (11 millions d'habitants) !

Fascinées par ce succès, les délégations étrangères se succèdent au Brésil pour observer cette expérience inédite, et les commandes d'éthanol commencent à affluer (Nigeria, Inde, Chine, etc.). La production s'envole (18 milliards de litres), mais le potentiel du pays est encore immense. « Nous pouvons facilement la doubler ou la tripler d'ici cinq ans, sans toucher à un centimètre carré de la forêt amazonienne », s'enthousiasme le trader Roberto Giannetti da Fonseca, l'une des figures du patronat de Sao Paulo. Que le Brésil soit un modèle exportable, cela ne fait aucun doute pour lui (lire aussi page 46).

Dans la bataille de l'après-pétrole, le pays, dont la surface agricole est deux fois plus importante que celle de l'Union européenne à 25, dispose déjà d'une longueur d'avance. « Nous sommes les premiers producteurs et exportateurs mondiaux d'éthanol et nous disposons des plus grandes réserves de canne à sucre », insiste-t-il. Et il ne se prive pas, dans un large sourire, de livrer sa conclusion : « Le Brésil, ce sera l'Arabie saoudite du xxie siècle »...

Petite précision de bioénergie

Le mot « biocarburant » désigne une essence d'origine végétale, alors que le pétrole est d'origine fossile. Combustible liquide ou gazeux pour les transports, le biocarburant peut être utilisé à l'état pur, mais il est généralement mélangé au pétrole ou au diesel. Il y a trois grandes familles d'énergies végétales. L'éthanol Obtenu à partir de cultures céréalières et sucrières à forte teneur en sucre ou en amidon, c'est un alcool éthylique résultant de la fermentation du sucre. L'éthanol est produit à partir de la canne à sucre au Brésil, de la betterave (photo) ainsi que du blé en Europe, et du maïs aux Etats-Unis. Le biodiesel Il est issu de graines oléagineuses, principalement le colza (photo), mais aussi du tournesol et du soja. Connu en France sous la marque Diester, il est ensuite mélangé au gazole. Le biogaz Il est fabriqué à partir de gaz de décharge et de déchets agricoles (photo). Grâce au recyclage des tiges, les plantations de canne à sucre au Brésil sont autosuffisantes en électricité. Ailleurs, cette ressource est peu utilisée, même si elle permet de rentabiliser les déchets des exploitations agricoles (pailles de céréales, tiges de maïs).

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Re: Ethanol

Message par th » 21 nov. 2005, 13:55

le potentiel du pays est encore immense. « Nous pouvons facilement la doubler ou la tripler d'ici cinq ans, sans toucher à un centimètre carré de la forêt amazonienne », s'enthousiasme le trader Roberto Giannetti da Fonseca, l'une des figures du patronat de Sao Paulo. (lire aussi page 46).
On se demande bien pourquoi le bresil deforeste 25000 Km2 de foret primaire par an.

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Re: Ethanol

Message par Sylvain » 21 nov. 2005, 14:35

32 000 hectares de canne à sucre dans un rayon de 50 kilomètres ! Pourtant, ce n'est qu'une fazenda moyenne de l'Etat de Sao Paulo
Ça va être sympa quand les sols vont commencer à s'apauvrir à cause de cette monoculture.

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 21 nov. 2005, 21:02

Oui, c'est exactement la réflexion que je m'étais faites lors du reportage de Benoit Duquesne à complément d'enquéte. Comment le sol se reconstitue t'il ? :cry:

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 09 déc. 2005, 21:37

Novozymes is launching three new enzymes which make the production of ethanol from wheat, rye and barley up to 20% more efficient, so paving the way for increased production of bioethanol in Europe.

3. November 2005
The new enzyme solutions launched today are aimed especially at bioethanol producers in Europe, where production of wheat, barley and rye is high. There has already been an interest in the new solutions, which offer both financial and environmental benefits.

Bioethanol (also known as fuel ethanol) as a substitute for gasoline in cars is already big business in the USA for both farmers and the companies that produce it for the gas stations, but here bioethanol is derived mainly from corn, which is easier to use for ethanol production. The European bioethanol market is still not as significant as in the US - but a development in the European market can be supported by these improved enzymes designed specifically for the major European grain varieties.

"The production of bioethanol from crops is becoming more and more relevant as the price of crude oil rises," says Humphrey Lau, director of Grain Processing at Novozymes.

Environmentally friendly alternative to gasoline
Novozymes' efficient new enzymes Viscozyme® Wheat, Viscozyme® Barley and Viscozyme® Rye enable more CO2-neutral bioethanol to be produced from wheat, barley and rye than was previously possible. The producer also saves water and energy in the production process, making the new enzymes an environmentally friendly alternative on more than one count.

One key argument for the use of bioethanol is that using a renewable resource like this instead of, or together with, gasoline in cars can help to stretch the world's finite oil resources.

Many major car makers (including Volvo, Ford and SAAB) currently produce special cars which can (also) run on bioethanol, but even ordinary cars currently on the road can run perfectly well on a mixture of gasoline and 10% bioethanol. In Sweden 5% biofuel is already added to regular gasoline to make it more environmentally friendly.

"Good experience from other countries, including the USA, Sweden and Germany, shows that there is a need for political will - e.g. in the form of exemption from CO2 taxes - to start up this kind of industry," says Lau. "Denmark commands a unique position in the world market for the enzymes needed for bioethanol production."

The new enzymes break down components of the grain which would otherwise result in a thick consistency. This saves producers the amount of water and energy that would otherwise be required to dilute and handle the mash. A thinner mash also makes life easier for the enzymes in the next stage of the process, which break the material down into sugars for fermentation into ethanol (alcohol). The resulting CO2-neutral fuel can then be poured into gas tanks either neat or mixed with gasoline.
Note : Novozymes est une boite du Danemark spécialisée en enzymes et micro-organisme.
voir http://www.novozymes.com

thorgal de Copenhague, tu a entendu parler ?

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 09 déc. 2005, 21:53

Projet NILE sur les obstacles scientifiques à la production économique de bioéthanol

L'objectif de NILE, un nouveau projet intégré sur le bioéthanol, est de développer des procédés optimaux de production économique de bioéthanol propre à partir de lignocellulose en vue d'une utilisation dans les moteurs à combustion. En réduisant les coûts de production de bioéthanol à partir de biomasse lignocellulosique et en rendant cette technologie commercialement intéressante pour les Européens, le projet NILE doit aider à lutter contre le changement climatique, à développer un mode d'alimentation en énergie durable, abordable et sûr pour l'Europe et à promouvoir la croissance industrielle et le développement rural...
....NILE est le premier projet européen portant sur l'ensemble de la chaîne de production de bioéthanol. Il rassemble 21 entités industrielles et de recherche venant de 11 pays européens, à l'expertise et aux expériences complémentaires, couvrant toute la chaîne de production et d'utilisation du bioéthanol. Le consommateur final de bioéthanol est également impliqué par le biais d'un producteur automobile. NILE est coordonné par l'Institut français du Pétrole (IFP). Il est doté d'un budget global de 12,8 millions d'euros, dont 7,7 millions d'euros sont octroyés par la Commission européenne au titre du Sixième programme-cadre de recherche et développement technologique (6e PC)...
...Les défis majeurs à relever dans le cadre du projet sont: la réduction du coût de l'hydrolyse enzymatique de la lignocellulose en sucres fermentescibles en utilisant des systèmes enzymatiques novateurs; la suppression des limitations intrinsèques actuelles à la conversion de sucres fermentescibles en éthanol; et la validation des systèmes enzymatiques et des souches de levure mis au point dans une usine pilote entièrement intégrée...
davantage d'info sur ce projet à http://www.nile-bioethanol.org/index.html

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 12 déc. 2005, 10:25

Quand le grand capital récupére le marché de l' éthanol.
Ethanol Capital Management vise les institutionnels européens
Les investisseurs européens vont pouvoir accéder au marché américain de l’éthanol, actuellement en pleine croissance, par le biais d’un nouveau fonds lancé le 1er décembre. Le fonds d’Ethanol Capital Management va lever jusqu’à 250 millions de dollars, alors que la société ne ciblait que 160 millions de dollars initialement. L’éthanol est devenu plus attractif comme combustible en raison de la flambée des cours du pétrole et des inquiétudes au sujet du changement climatique. Les capitaux du fonds seront investis dans 15 usines d’éthanol basées aux Etats-Unis, capables de produire 750 millions de gallons par an. Le fonds, qui sera clôturé le 31 janvier, sera ouvert aux investisseurs européens, la société de gestion estimant que ces derniers sont plus réceptifs aux investissements dans les énergies renouvelables.

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Re: Ethanol

Message par sceptique » 12 déc. 2005, 12:06

je cite energy_isere et mahiahi :
Ainsi, en France, 1 % des surfaces en blé et betteraves (soit 54 000 ha) permet de produire un volume de bi
oéthanol équivalent à 1 % de notre consommation en essence !

Il faut noter la meilleure productivité de la betterave qui atteint 65 à 75 hectolitres d'éthanol à l'hectare, contre 25 hectolitres d'éthanol à l'hectare pour le blé et 14 à 15 hectolitres de biodiesel à l'hectare pour le colza.
Mais l'injection d'énergie est-elle identique à l'hectare entre les champs de colza et de betteraves?

tu veux dire l'energie pour labourer / semer / recolter / transporter du champs à l'usine ethanol , + les engrais +les pesticides ?
Comme toi, j'aimerais avoir aussi ces infos.

le site de Jancovici a toutes ces données, je n'ai pas le lien sous la main.

En substance, la betterave a un gros rendement brut, mais une fois déduit l'énergie
autoconsommée le rendement net est pas terrible. Pour le blé c'est pire.
en fait, le meilleur rendement net est obtenu avec l'huile végétale pure de tournesol ou colza.


Le lancement de grosses unités de production en Europe ou aux USA est plutot
un moyen de subventionner les gros agriculteurs et les transformateurs avec,
à la clé, une grosse consommation de pétrole.

gregou
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Message par gregou » 28 janv. 2006, 18:54

:oops: Je suis nouveau sur le forum ,et donc peut etre un peu idiot, mais comment peut on arriver à dire qu'il faut 10 litres de petrole pour fournir un 1 d'éthanol ???
Dans ce cas comment l'éthanol arrive à etre moins cher ??
Qui es le fou furrieux qui paye 10 litres de Fuel pour revendre 1 litre d'éthanol ???
Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne ( à huile ? ;) ).... ;)

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phyvette
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Message par phyvette » 28 janv. 2006, 20:05

L’éthanol, un carburant vert.. mais sans plus


Les carburants actuels émettant d’importantes quantités de dioxyde de carbone, premier gaz à effet de serre, certains proposent de les remplacer par une essence verte comme l’éthanol. Cette idée est écologiquement valable, selon une étude publiée aujourd’hui dans la revue Science, même si le gain pour l’environnement n’est pas énorme. De précédents travaux avaient remis en question l’intérêt des biocarburants, montrant que la production d’éthanol à partir du maïs consommait trop d’énergie.

L’équipe d’Alex Farell, de l’Université de Californie à Berkeley, a repris et décortiqué six études sur l’éthanol afin de réévaluer leurs paramètres. Ces chercheurs ont pris en compte les dérivés de la culture du maïs, comme l’huile ou les aliments pour animaux –produits qu’il faudrait de toute façon fabriquer, expliquent-ils. Ils arrivent ainsi à une balance écologique favorable à l’éthanol, sans pour autant crier victoire. Comparé à un véhicule roulant avec de l’essence produite à partir du pétrole, un véhicule roulant à l’éthanol rejette 10 à 15% de gaz à effet de serre en moins.

Farell et ses collègues soulignent que des incertitudes demeurent dans leur évaluation. Il est par exemple difficile de quantifier le coût écologique de l’érosion des sols due à la culture du maïs, qui demande par ailleurs beaucoup d’eau et requiert l’utilisation de pesticides et de fertilisants.

L’éthanol sera plus écologique le jour où il sera fabriqué à partir de déchets végétaux, comme le bois, la paille ou la balle. Pour l’instant, faire de l’éthanol à partir des plantes riches en cellulose et en lignine est plus difficile et plus coûteux qu’à partir de l’amidon du maïs. Cependant des recherches sont en cours et Farell espère que les technologies nécessaires pour fabriquer de l’éthanol à partir des matières ‘’lignocellulosique’’ arriveront sur le marché d’ici 5 ans.

Cécile Dumas
(27/01/06)





artice publié dans SCIENCE et AVENIR

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