Tartiflette, VPO et changement de phase.

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Environnement2100
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Tartiflette, VPO et changement de phase.

Message par Environnement2100 » 18 déc. 2006, 09:22

Je me suis déjà longuement étendu sur la théorie de la Tartiflette. Celle-ci est étroitement associée à la notion de VPO. Mais qu'est-ce qu'un VPO, quel aspect a-t-il et quelqu'un en a-t-il déjà vu un ?

Le VPO™ est le Véritable Plateau Ondulé. Pourquoi Véritable ? Parce que de petits pré-plateaux vont survenir tels les faux prophètes précédant le Mahdi, qui n'en auront pas les caractéristiques. Quelles sont-elles ?

Tout d'abord le VPO marque un changement d'état : on passe d'une énergie bon marché à une énergie chère, on passe d'une prééminence du pétrole à celle du charbon, d'une croissance pétrolière à une décroissance pétrolière.

Ce changement d'état se fait à l'équilibre, au sens thermodynamique du terme, entre le coût d'utilisation (OPEX+CAPEX+Coûts subjectifs) du pétrole et le coût d'utilisation du charbon, ou d'autres solutions de substitution.

On va donc retrouver, comme dans un diagramme de phase liquide-vapeur, une population de consommateur existants, en équilibre avec un ensemble de consommateurs en création.

La loi de Gibbs veut que le passage de l'un à l'autre se fasse à température donnée.

Il se passe la même chose quand on passe d'une énergie à l'autre pour cause de hausse des cours de l'une : dès que le baril atteint une valeur donnée, il rend les autres applications compétitives, et de nouvelles unités sont créées, qui apportent des sources d'énergie supplémentaires à un cours compétitif, empêchant ainsi le cours du baril de croître.

Une fois que la totalité de la nouvelle capacité a trouvé preneur, le cours du baril remonte à nouveau, déclenchant de nouveaux investissements dans l'énergie de substitution : on assiste à une multitude de passages discrets chacun déclenché par une valeur consécutive du cours du baril.

Le cours du baril reste donc étroitement encadré par :
- en borne supérieure, chacune des valeurs consécutives auxquelles l'énergie de substitution est compétitive
- en borne inférieure, le coût marginal de développement de nouveaux puits.

Le début du VPO sera marqué par la valeur du baril telle qu'elle déclenche la création d'une première série de centrales (probablement charbon) qui remplace effectivement une application normalement dévolue au pétrole.

On a déjà vu que le coût d'une centrale au charbon+CCS est compétitif aux alentours de 100 USD ; ce coût est probablement équivalent à celui de l'énergie nucléaire, avec des problèmes associés très différents.

A l'autre bout, le coût marginal de développement des nouveaux puits en 2007 se situe entre 15 et 50 USD, mettons 35 en moyenne.

Il y a donc toujours une distance énorme entre ces deux valeurs, et nous sommes donc loin de la prise de décision.

Le cours actuel de 60 USD n'a évidemment rien à voir avec le prix de revient : cette stabilité n'est sous-tendue par aucun remplacement.

Le VPO durera aussi longtemps qu'il sera possible de développer des applications remplaçant l'utilisation du pétrole.

Cette description est forcément simpliste, la réalité sera un peu moins simple.

Certaines mutations en effet sont très faciles techniquement et financièrement, et ont déjà commencé, comme passer du fuel lourd au gaznat. D'autres en revanche sont impossibles dans l'état actuel de notre savoir-faire (transport aérien), et resteront parmi les dernières applications du pétrole. Et au centre de tout cela, l'automobile.

L'automobile en France consomme la moitié de nos importations pétrolières ; il est théoriquement possible d'en remplacer 90% par des véhicules électriques, au prix de la transformation d'une énorme industrie : cette mutation prendra une trentaine d'années, et le signal du départ sera bien audible :). Mais les volumes en jeux sont tels qu'ils suffiront à stabiliser le cours du pétrole pendant une décennie.

Pour finir, n'oublions pasl'intéressante proposition de Tiennel, exemple de ce qu'on peut faire pour détecter un changement de phase.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par phyvette » 18 déc. 2006, 13:46

Bel exposé théorique pour une économie qui serait totalement libérée des contraintes politiques . Dans une économie libéral seul le prix détermine les actions et les orientations des acteurs , là le VPO prend toute sa pertinence.

Mais cette société existe telle ?
Rien n'est moins sur, les préoccupations divergentes des politiques étatiques , les revendications des populations , les actions des différents lobbies , alter mondialiste , écolo , agriculteur , financier , etc... risque d'interférer lourdement sur cette belle mécanique de création/suppléation d'alternatives basé uniquement sur un tunnel prix haut/bas.

E 2100 sans vouloir contredire la réalité du VPO qui est logique, les freins a son application harmonieuse sont nombreux . Quid du prix de tels changement.

Tu n'évoque pas les économies de gaspillages qui peuvent remplacés avantageusement la création ex nihilo de nouvelles ressources devenant rares

Voila tout cela dans un soucie de participer a ta réflection.

Phyvette
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Message par GillesH38 » 18 déc. 2006, 16:59

E2100 il y a une faille dans ton raisonnement : le fait que le besoin en énergie soit toujours croissant, indépendamment de son prix.

En réalité, il y a besoin de plus d'énergie quand il y a possibilité d'investissement dans des industries qui en consomment, et le coût croissant de l'énergie peut tres bien inverser cette tendance. Pour le moment, nous n'avons pas vu encore la croissance s'arrêter, mais rien ne nous dit qu'elle resistera au "VPO" (dont je ne suis d'ailleurs pas si certain que toi qu'il n'ait pas commencé !). Il y a une autre façon de limiter la hausse du baril : c'est simplement la destruction de la demande. Dans ce cas, ça peut entrainer une recession où il n'y a pas plus de besoin de pétrole que de produits de substitution, les gens se serrant tout simplement la ceinture !
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Message par Environnement2100 » 18 déc. 2006, 19:44

phyvette a écrit : les préoccupations divergentes des politiques étatiques , les revendications des populations , les actions des différents lobbies , alter mondialiste , écolo , agriculteur , financier , etc... risque d'interférer lourdement sur cette belle mécanique de création/suppléation d'alternatives basé uniquement sur un tunnel prix haut/bas.
C'est sûr : en l'absence de législation, impossible de concevoir le CCS ! Impossible également d'envisager le nucléaire, et même l'éolien ne s'installe aujourd'hui dans nos belles provinces que grâce à une tarification préférentielle. Toute transformation de cette taille induit une implication politique au sens général du terme.

Si on prend l'exemple de la France, la mise en place ultra-rapide de l'électronucléaire dans les années 80 n'a été possible que grâce l'intervention de l'état : à l'époque, si on s'était simplement tourné vers le marché privé, persone n'aurait investi un centime dans le nucléaire, au profit de centrales géantes au charbon / à gaz.

Cela dit, cette décision a été possible également parce que l'Etat Français était riche.

Une partie des défis de demain vient du fait que les états qui se développent vite aujourd'hui sont toujours en voie de développement, et, vus du fauteuil de l'OCDE, pauvres : comment allons-nous exiger des Indiens, qui n'ont pas tous l'électricité, qu'ils s'en privent encore 10 ans de plus pour avoir le plaisir de se payer du nucléaire à la place (que nous allons leur vendre) ?

Il y a donc, au sein des décisions politiques, l'obligation financière. C'est pour cette raison que je vois King Coal se profiler à l'horizon, sans CCS hélas, c'est là qu'est l'os.
E 2100 sans vouloir contredire la réalité du VPO qui est logique, les freins a son application harmonieuse sont nombreux . Quid du prix de tels changement.
Les freins sont inclus dans le processus : j'ai bien parlé de "OPEX+CAPEX+Coûts subjectifs" : les coûts subjectifs incluent, par exemple, le fait que personne ne souhaite ardemment une centrale nucléaire dans son jardin ; l'exploitation sauvage des sables de l'Alberta est en train, paradoxalement, de poser des problèmes sociaux et politiques considérables au Canada, qui vont peut-être se révéler le vrai facteur limitant de l'exploitation.

Mais quand le pétrole est trop cher, et qu'une solution technique tend les bras, on finit par s'en servir, conflit important mis à part.
Tu n'évoque pas les économies de gaspillages qui peuvent remplacés avantageusement la création ex nihilo de nouvelles ressources devenant rares
Non mais c'est bien inclus dans la théorie de la Tartiflette : une partie des mutations évoquées ici seront payées par les économies réalisées. J'utilise systématiquement dans les projections les économies d'IE en cours, qui varient entre -1% dans les années molles, et -3% dans les bonnes années. J'ajoute que même les USA et la Chine améliorent leur IE.

Là aussi, pas de miracle : si la Chine améliore son IE de 3% (c'est beaucoup), et dans le même temps augmente ses productions de 12%, on a bien une croissance de la consommation d'énergie de 9% : on ne fera pas tout avec les économies, on doit simplement les considérer comme des centrales cachées.
Voila tout cela dans un soucie de participer a ta réflection.
Yes ! :)
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