Puisque vous lisez ses mots, c'est que ce média a traversé les crises et les chutes. J'en remercie la divine providence.
En 2007, les scientifiques avaient obtenu un consensus sur le danger du réchauffement climatique, recevant une forte médiatisation en France, mais aussi dans le monde. Le pic de production pétrolier était déjà moins connu, réservé à des initiés (comme oléocene), des scientifiques et des élites politiques.
Il faut nous comprendre : nous avons essayé de raisonner une masse de citoyens individualistes, mais le contexte ne nous a pas permis de faire ce qui aurait dû être fait en temps et en heure. La société de consommation était pratiquement étendue à l'ensemble de la population, tout en laissant une grande partie de l'humanité dans une immense pauvreté. Les rapports que l'on nommait schématiquement Nord/Sud (le Nord étant le "modèle" occidental) était complètement déséquilibré. Le Nord pillant les ressources du Sud (la plupart soumis à des dictatures).
Certes, à notre échelle, nous avons contribué à la prise de conscience, mais l'Etat, l'Europe et plus globalement le monde étaient véritablement verrouillés par une oligarchie, puissante et avare de ses privilèges démesurés. Les médias étant acquis à leurs causes, nous n'avions pratiquement que ce maigre moyen d'expression (on l'appelait Internet à l'époque).
Avons-nous tout fait pour changer ce monde et les orientations dramatiques ?
Vous seuls pouvez être juge. Mais ne soyez pas trop dur avec nous, certains ont résisté. Souvent en nombre.
Mais les pays du Nord étaient si dépendants du pétrole que nous avons eu toutes les peines du monde à le désintoxiquer.
En 2007, nous n'étions pas sûrs de la date du pic de production pétrolier. Fin 2005 ? 2010 ? 2020 ?
Il a fallu avoir le nez dessus pour que la panique gagne une majorité de citoyen. Je dois dire à ma grande honte que beaucoup de mon entourage ne m'a vraiment cru que devant le fait accomplie, lorsque les médias classiques ne parlaient plus que de cela.
Mais la situation n'était pas simple. D'un coté, une publicité ostentatoire poussait à la consommation une masse immense de citoyens (nous étions plus de 6 milliards d'humain), et de l'autre, la difficulté de vivre et de se nourrir d'une grande partie de l'humanité. L'idéologie de la croissance était ultra majoritaire. Si vous aviez vu nos élites politiques crier dans leur meeting : "Croissance, croissance" comme une convulsion religieuse, vous auriez été surpris par la passivité imbécile de l'électorat. Il est d'ailleurs possible que vous ne me croyez pas, mais consulter les archives non censurées de la campagne présidentielle de 2007, vous aurez alors une image instantanée de notre époque. La réalité, c'est que l'immense majorité des gens croyaient en une croissance exponentielle basée sur le capitalisme et une technologie sans cesse renouvelée, et pensaient à la continuité de ce modèle économique. Absurde, n’est ce pas ? Bien entendu, lorsque les limites de la planète ont été visiblement atteintes, le réveil a été rude.
Nous avons eu peur de cette transition puisque cela n'avait jamais été fait dans l'histoire de l'humanité. A tord ou à raison. Mais nous étions prêts à la faire dans le calme et la perspicacité humaniste.
Nous avions même convenu que le scénario "idéal" passait pas une sobriété, une efficacité et un maximum d'énergie renouvelable. Vous voyez, pas très loin de votre modèle de développement durable et soutenable.
Ainsi vivons-nous un âge d'or énergétique mais polluant, capital que nous avons dilapidé à une vitesse démesuré. Il faut dire que les objets manufacturés parcouraient un très long chemin entre la production et le consommateur (le citoyen acheteur), montrant l’imbécilité de ce système économique. Pourtant, l’histoire nous avait déjà alerté à plusieurs reprises de l’incapacité de ce système à se projeter loin devant. Une vie instantanée, égoïste et sans vision d’avenir. Pratiquement un suicide aveugle et chimiquement dépendant.
Cependant, dans certains états, nous avons acquis à force de luttes sociale et féminines une grande reconnaissance humaine et universel. Je citerais de façon très incomplète le droit à la retraite, le droit aux congés payés (compréhensible si on travaille encore en 2100), le droit à la contraception, le droit à la santé, le droit des femmes à interrompre leur grossesse, le droit de vote, le droit de la libre expression, le respect de culte (laïcité), etc…
Puissiez-vous en inspirer.
Je suis heureux que vous nous lisiez, démontrant de l'humanité n'est pas tombé forcement dans un totalitarisme indigne du XXI eme siècle. Sans vous connaître, j’apprécie votre effort de comprendre ce qui vous a amené où vous êtes aujourd’hui et qui n’est que le résultat du chainage complexe des générations. Comprendre son passé, c’est ne pas reproduire nos erreurs sociétales. Puisse Oléocene être le témoin malheureux mais lucide d’un monde en transition.
Amicalement,
Un ancêtre éveillé maintenant endormi.
