La
courbe en cloche est une fabrication de l'esprit ; la courbe réelle fait ce qu'elle veut, et ne va certainement pas respecter une courbe mathématique, ça, on en est sûr.
Ce dont on est sûr aussi, c'est que la quantité de pétrole est finie ; il y a donc un moment où la production va diminuer.
L'extremum par lequel nous allons passer a une forme inconnue. Il y a encore peu de temps, les tenants du Pic pensaient que ce serait, justement un Pic. Deux ou trois choses font que ce ne sera pas le cas.
Tout d'abord, quand tu appliques la forme de la courbe de Hubbert à un intervalle de l'ordre de 250 ans (la période 1850-2100), tu te rends compte que l'extremum est très semblable à lui-même pendant une dizaine d'années ; quand tu marches au sommet du Mont Blanc, tu as l'impression que c'est plat ; même chose pour notre "Pic".
Deuxièmement, à l'approche du Pic, beaucoup d'opérateurs en pressentiront les effets, ce qui tirera les prix vers le haut, ce qui affaiblira la demande, fera stagner la production et déformera le pic : il ne faut pas oublier que la courbe de production de pétrole est aussi une courbe de consommation économique.
Enfin les aléas géopolitiques, les bizarreries géologiques ajoutent des déformations supplémentaires du "Pic", qui sera donc tout sauf un Pic.
La plupart des observateurs s'accordent maintenant sur le terme de "Plateau ondulé ("Undulating Plateau"), dont certains pensent qu'il a commencé en 2005 (ce n'est pas mon cas

).
Les économies d'énergie, le monde étant ce qu'il est, n'interviendront qu'avec le pétrole cher, ce qui n'est pas le cas pour le moment.
Concurrence: ce n'est que lorsque la capacité de production sera proche de la consommation que les pays producteurs seront effectivement en situation de non-concurrence. Les champs se développent en succession, à des prix qui ne font que s'aggraver : un producteur qui développe un champ trop tôt, et ne trouve pas preneur immédiatement, paye son erreur par des coûts financiers supplémentaires. La dernière
analyse de la politique de l'OPEPtient compte de ce facteur, qui est presque primordial dans leur approche. Il est probable que lorsque les pays non-OPEP vont piquer, les pays de l'OPEP réguleront leur production en se basant exclusivement sur le prix. C'est ce qu'ils font aujourd'hui, à cela près que la capacité de l'OPEP est aujourd'hui excédentaire ; lors du VPO, elle ne le sera pas, et les pays consommateurs devront attendre la mise en perce d'un nouveau champ pour avoir leur dose.
Pétrole non conventionnel : Il assure déjà une part non négligeable de la production mondiale. En revanche, il est peu probable qu'il l'assure en totalité. C'est un sujet délicat, sur lequel il est facile de discourir, mais plus difficile de donner des chiffres

.