Gaz et pétrole en Iran

[Alter Egaux]

Même si je suis étonné de la question de sceptique (quand même un vieil routard d'oleocene), la question de la vente en dollars du pétrole est stratégique et finalement assez méconnue. C'est l'enjeu majeur du siècle dernier, et donc de notre siècle.
L'économie américaine s'est construite sur sa monnaie et lui permet des déficits abyssaux qui feraient hurler la commission européenne si les USA avaient l'euro.

La déplétion du pétrole va rendre problématique la survie même des USA, surtout si les échanges ne se sont pas en dollar.
Les autres états sont obligés d'avoir de grandes réserves en dollars pour acheter sur le marché international, au plus grand bénéfice des USA qui ne font finalement tourner que leur planche à billet.

Un équilibre qui ne tient qu'à la posture du dollar.
Donc, la menace est très forte, par l'effet boule de neige. Les pays en ont marre de financer les guerres et les déficits des goutons américains.
Disons que c'est une bonne raison pour dépenser 500 milliards de dollars en Irak, même s'il y a d'autres raisons.

[MathBreizh]

A ce sujet et pour continuer sur ma lancée, il suffirait à un ou deux pays producteurs qui se seraient préalablement concertés et qui auraient une dent contre les USA (au hasard l'Iran et le Vénézuela par exemple) d'annoncer à un moment particulièrement bien choisi (on va dire suite à un nouveau "11 septembre") qu'ils n'ont plus confiance en la devise US, refuse que leur pétrole leur soit désormais acheté avec cette monaie et lui préfère maintenant l'Euro, le Yuan ou le Yen et l'économie des USA serait alors renvoyée à l'âge de pierre.

Une telle manoeuvre entrainerait un mouvement de panique sur les marchés financiers et encouragerait tout le monde à se débarasser en même temps de ses réserves en Dollars.

La conséquence indirecte, serait par ailleurs de casser les reins à la machine de guerre américaine et de plonger la société US dans une crise sociale sans précédent.
L'effet serait plus dévastateur que le largage d'une bombe atomique sur Manhatan.

EDIT: C'est presque ce que l'Iran a fait... Cependant le moment choisi ne me semble pas tant que ça déterminant (si ce n'est que la campagne Irakienne apparait chaque jour de plus en plus comme un fiasco) et à priori ils acceptent toujours les Dollars (mais disent lui préférer d'autres devises... Ceci dit, ce point n'est pas super clair).
Accessoirement ils sont seuls dans le coup... Ca peut éventuellement être interprêté comme un avertissement directement adressé à la maison Blanche...

Re-EDIT : Ah non c'est vrai, merde !... La Syrie fait également la même chose !...

Bon ben finalement c'est peut-être un acte délibéré de sabotage de l'économie américaine

[Jack]

Ce qui gêne surtout l`Iran, et ils ne sont pas les seuls, c`est qu`ils perdent du fric au change chaque fois que le cours du dollar dégringole un peux plus.

[MathBreizh]

Ce qui gêne surtout l`Iran, et ils ne sont pas les seuls, c`est qu`ils perdent du fric au change chaque fois que le cours du dollar dégringole un peux plus.

Tu as raison de le souligner... On peut par ailleurs affirmer que ce n'est certainement pas la moindre de leurs motivations

A noter cependant que ce n'est pas forcément la seule...

[sceptique]

Bon, j'avais fait un peu de provoc, pour voir
Sérieusement, que pèse les ventes de l'Iran sur le marché international ? 50 milliards de dollars ? C'est peu de choses dans le commerce mondial. Et puis l'Iran va immédiatemment dépensé ses recettes en Yens ou Euros pour importer, entre autres, de l'essence raffinée ... le tout en dollars.
Enfin, personne n'a intérêt à voir le dollar s'effondrer. Surtout pas ceux qui en ont des montagnes : plus de 1000 milliards pour la Chine à comparer aux 50 malheureux précédents.
De plus, il s'agirait plutot d'une diversification progressive. Ce qui est finalement dans l'intéret de tout le monde, y compris du dollar. Le meilleur garant de la stabilité du modèle économique mondial est un rééquilibrage des monnaies avec un peu plus de Yens et Euros et un peu moins de dollars.

[Alter Egaux]

Surtout pas ceux qui en ont des montagnes : plus de 1000 milliards pour la Chine à comparer aux 50 malheureux précédents.

Petit remarque : la Chine a fait une diversification monétaire un axe de stratégie : or, euro, yen, ...
Lorsque l'on parle de 1300 milliards de dollars, c'est une unité de valeur, et pas que des dollars. J'ai l'impression que tu fais cette confusion. Cette somme montre donc que la Chine a la capacité de faire plonger une monnaie s'ils le veulent.

Sérieusement, que pèse les ventes de l'Iran sur le marché international ?

L'Iran n'est pas la seule à vouloir échanger son pétrole dans une autre monnaie que le dollar. Quelques pays de l'OPEP et quelques pays d'Amérique du Sud. L'Euro est souvent cité.

Enfin, personne n'a intérêt à voir le dollar s'effondrer.

Dans le contexte actuel, probablement. D'autant que cela bénéficie à quelques pays émergeants. Mais lorsque le PO se fera sentir très fortement, je pense que les cartes seront abattues, histoire de faire déchoir la première puissance du monde.

Et le système monétaire, ce n'est pas un système en équilibre : il devra tôt ou tard basculer d’un côté ou de l’autre, rester à 75% des échanges en dollar ou en sortir.
Le dollar est sans aucun doute le talon d'Achille des USA.

[Loup Espiègle]

Dans ce contexte, il est vital pour les USA de prévenir tout précédent... Par la force si besoin est...

C'est exactement ce que je voulais dire

Ce qui gêne surtout l`Iran, et ils ne sont pas les seuls, c`est qu`ils perdent du fric au change chaque fois que le cours du dollar dégringole un peux plus.

Effectivement, en tant que pays producteur, ils voient leur budget diminuer à cause du dollar.

[Alter Egaux]

Dans ce contexte, il est vital pour les USA de prévenir tout précédent... Par la force si besoin est...

C'est exactement ce que je voulais dire

Oui, une sorte de boite de pandore. Les USA ne veulent pas que l'Iran ne l'ouvre, et tout qui les menace est pris avec beaucoup de sérieux.
Mais il est probable que l'on voit surgir avant une décennie une nouvelle cotation face au Brent et au WTI (autre que l'Arabian Light d'Arabie Saoudite), échangé dans une monnaie puissante, comme l'Euro. Aussi, la localisation de ses 2 cotations (NY et Londres) ne se justifie plus à cause de la déplétion de la production de ses 2 pays.

[MathBreizh]

Oui, une sorte de boite de pandore. Les USA ne veulent pas que l'Iran ne l'ouvre, et tout qui les menace est pris avec beaucoup de sérieux.

D'un autre côté l'Iran a d'ores et déjà franchit le Rubicon, cependant cette nouvelle ne reçoit pour l'instant pas encore le retentissement médiatique qui devrait être le sien...

Cette situation offre donc encore le temps et la marge de manoeuvre nécessaire à un retour en arrière avant que les dégats ne soient irréparables pour les USA.
L'option militaire et l'écrasement de l'Iran sous un tapis de bombes est bien entendu la sortie de crise (quelle ironnie !...) à laquelle on pense imédiatement... Les déclarations de la Maison Blanche ne peuvent que nous conforter dans cette analyse.

Ceci étant, la voie de la négociation est également une éventualité à ne pas négliger... Telle que la situation se présente actuellement, les Iraniens viennent de jouer leur coup (et quel coup de maitre !...) et ont placé les USA dans une situation de sursi... Le pari est risqué, car Washigton pourrait bien paniquer face à cette menace et décider d'écraser le problème plutôt que de le rêgler.
Néanmoins dans le même temps, Téhéran fait jouer ses mucles, montre sa force, souligne la merde ultime dans laquelle l'armée US se trouve en Irak et laisse ouverte la porte du dialogue.

L'objectif est clair : Obliger Washington à lâcher du lest sur leur programme électro-nucléaire et par la même occasion offrir à Téhéran une victoire diplomatique majeure face aux USA et indirectement face à Israël...

Ce serait un magnifique tremplin qui leur permettrait d'assoir leur influence dans la région et les rendrait incontournable pour le rêglement des multiples conflits et désaccords qui tapissent le Moyen-Orient... Accessoirement, celà obligerait leurs ennemis d'hier à s'adresser à eux d'égal à égal et à admettre qu'ils sont "respectables": L'humiliation suprême pour Bush et Olmert...

[sceptique]

D'un autre côté l'Iran a d'ores et déjà franchit le Rubicon, cependant cette nouvelle ne reçoit pour l'instant pas encore le retentissement médiatique qui devrait être le sien...

Cette situation offre donc encore le temps et la marge de manoeuvre nécessaire à un retour en arrière avant que les dégats ne soient irréparables pour les USA.

C'est beaucoup plus simple : cette nouvelle n'a guère d'importance. Le "volume" de dollars déplacé est trop faible.
Comme je l'ai déjà indiqué c'est lassant d'annoncer à tout bout de champ la fin des USA (au moins des "dégats irréparables") ou du libéralisme ou de la mondialisation. Et de scruter les plus microscopiques événements en espérant que ce coup-çi ce sera le grand jour. Marx (son fantôme tout du moins) attend depuis longtemps. Et il n'a pas fini. D'un autre coté, si quelqu'un annonce que telle personne va mourir demain il finira par avoir raison, surtout si un autre prophète prend son relais le jour de sa propre mort.
J'abandonne donc ce fil car la discussion est stérile.

[Alter Egaux]

Et de scruter les plus microscopiques événements en espérant que ce coup-çi ce sera le grand jour.

Il n'a pas tord le "coco" .
C'est une tendance que je trouve chez pas mal de peakistes et de survivalistes, qui développent une sainte horreur du système qui dégrade l'écosystème et une haine des Etats.
Sauf que le "grand jour" dont parle sceptique, c'est le chaos.
C'est une tendance déterministe.
Cela vient aussi peut être du fait d'avoir longtemps galéré à essayer de convaincre, sans résultat. On finit par souhaiter que cela arrive "vite".

J'abandonne donc ce fil car la discussion est stérile.

Quel caractère !

[Rafa]

Sérieusement, que pèse les ventes de l'Iran sur le marché international ?

Ce n'est pas l'aspect quantitatif qui est important, mais le qualitatif.

Ce n'est pas l'Iran seul qui changerait la donne; mais en changeant de monnaie pour ses ventes, il rompt un tabou, et donne des idées à d'autres.
Le président vénézuelien a ainsi trouvé l'idée bonne, et dit à son ministre du pétrole d'étudier la faisabilité de la même chose par le Vénézuela; ce n'est qu'un exemple.

[energy_isere]

Les Iraniens confrontés au rationnement de l'essence

LE MONDE | 31.07.07

Les rues sans embouteillages et une circulation jusque-là frénétique étrangement calme : depuis le 27 juin, l'essence est rationnée en Iran, quatrième puissance pétrolière au monde, qui se trouve contraint, en raison d'un manque de raffineries, d'importer 40 % de ses besoins en produits pétroliers raffinés. A cause de ses activités nucléaires, l'Iran a été frappé de sanctions de l'ONU et celles-ci pourraient s'accroître à l'automne, avec le vote d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité.


Le pays est en outre soumis à des sanctions unilatérales américaines restreignant les transactions financières. Mais ce sont, selon certains analystes à Téhéran, des discussions au Congrès américain à propos d'un éventuel embargo international sur les ventes d'essence à la République islamique qui ont décidé les autorités iraniennes à franchir le pas du rationnement. Elles veulent s'affranchir d'une dépendance jugée trop dangereuse, au moment où les tensions ne cessent de croître au Moyen-Orient.

"Ça ne fait plaisir à personne, mais on s'adapte", dit un habitant de la capitale iranienne, l'air résigné, en montrant la carte à puces qui lui a été attribuée, comme à des millions d'autres conducteurs. Les coordonnées du titulaire et du véhicule y figurent. La carte, insérée dans un appareil spécial installé dans des pompes à essence, tient le décompte du volume d'essence alloué à chacun : 100 litres par mois pour un particulier, 800 litres par mois à un chauffeur de taxi, par exemple. Un marché noir est rapidement apparu, certains pompistes vendant hors quota de l'essence à un prix trois fois supérieur à celui - fortement subventionné - des cartes à puces. Mais il faut ruser. Depuis que des émeutes ont éclaté à Téhéran et dans quelques autres villes, le soir de l'annonce du rationnement, des policiers en uniforme et en civil sont postés aux abords des stations-service.

"Ce soir-là, se souvient un habitant de Téhéran, ça a été la ruée et la pagaille. A 9 heures du soir, la télévision annonçait que le rationnement entrait en vigueur à minuit. A 9 h 10, chacun se précipitait au volant de sa voiture vers une pompe à essence. Des files interminables se sont formées, qui remontaient les rues. Sur le coup de 3 ou 4 heures du matin, certaines pompes étaient vides et les esprits ont commencé à s'échauffer. Des gens énervés s'en sont pris aux stations, et des voyous, profitant de l'occasion, les ont rejoints. Des pompes à essence ont été incendiées. Dans mon quartier, j'ai vu un magasin d'Etat être entièrement pillé cette nuit-là. Ils n'ont rien laissé !"

Dans son bureau orné de livres religieux, d'un portrait de l'imam Khomeiny et du "guide" actuel, l'ayatollah Ali Khamenei, le directeur du journal ultraconservateur Kayhan, Hossein Shariatmadari, reprend les thèmes populistes du président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, pour justifier le rationnement. "Cette mesure nécessaire, nous en discutions en Iran depuis des années, et elle aurait dû être prise plus tôt", dit-il. "Ce gouvernement est le premier à avoir eu le courage de le faire. Il fallait réduire la consommation d'essence dans ce pays : l'Iran achète de l'essence à ses fournisseurs étrangers au prix de 70 cents (de dollar) le litre. Et nous le vendons au peuple au prix de 10 cents. La différence est prise en charge par l'Etat, donc par tous les habitants, même ceux qui vivent dans des villages lointains et n'ont pas de voiture."

La rhétorique officielle présente le rationnement comme une mesure égalitaire, dans un pays où une large partie de l'économie est étatisée. Elu en juin 2005, M. Ahmadinejad avait promis de faire bénéficier les couches les plus modestes de la société des retombées de la rente pétrolière. Mais les dysfonctionnements d'une gestion économique chaotique, où la part belle des transferts financiers est allée à une oligarchie politico-militaire (les Gardiens de la révolution, notamment), ont contribué à attiser l'inflation. Les effets du rationnement de l'essence sont difficiles à évaluer. La mesure frappe durement les nombreux Iraniens qui, pour arrondir leur maigre salaire de fonctionnaire, faisaient le taxi au noir. Dans les médias, le sujet fait l'objet d'une censure attentive. Le thème est sensible à un moment où le pouvoir procède à un tour de vis sécuritaire contre des groupes féministes, des médias réformateurs, ou encore des ressortissants américains accusés de comploter contre l'Etat.

[tolosa]

TEHERAN, 1er août (XINHUA) -- Les réserves de pétrole de l'Iran ont atteint l'année dernière 138,4 milliards de barils, soit une augmentation de 2,1 milliards de barils par rapport à l'année 2005, a rapport à mercredi sur son site Internet Press-TV.
Cette augmentation a éé publiée dans le bulletin annuel 2006 de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Les réserves de pétrole brut des pays de l'OPEP ont enregistré une augmentation de 1% en 2006, menée par des augmentations au Venezuela et en Iran, a rapporté le bulletin des statistiques de l'OPEP.
Le décompte pour l'ensemble des pays de l'organisation a augmenté de 9,2 milliards de barils pour atteindre 922,48 milliards de barils à la fin de l'année 2006, a indiqué le bulletin de l'OPEP.
Cette augmentation était la plus importante depuis quatre ans et équivaut aux réserves de la Norvège, le plus grand fournisseur de pétrole d'Europe.
Les réserves totales de l'OPEP ont augmenté chaque année au cours de la période 1986-2006, a montré le bulletin.
http://www.french.xinhuanet.com/french/ ... 466449.htm

[energy_isere]

Le président Mahmoud Ahmadinejad vient de limoger son ministre du pétrole et celui de l' industrie.

International Herald Tribune dit qu' il va mieux controler ses 2 ministéres avec des nouvelles tétes à lui.

L' article du journal cité : http://www.iht.com/articles/2007/08/13/news/iran.php

TEHRAN: President Mahmoud Ahmadinejad has replaced Iran's oil and industry ministers, a major cabinet reshuffle seen as increasing his control over industries that are the source of most of the country's revenue.