Message
par MadMax » 14 nov. 2007, 15:16
Pêche. Les pistes pour consommer moins
Que les bateaux de pêches consomment moins de gazole, tel est l’objectif du projet Grand Largue porté par Avel Vor Technologie (lire par ailleurs). Un projet dont les premiers essais en mer devraient se concrétiser début 2008 sur un chalutier laboratoire. Quant aux premières applications, elles pourraient être effectives dès juin 2008.
Le plan d’aide aux pêcheurs présenté la semaine dernière prévoit, entre autres mesures, une modernisation de la flottille. Et notamment les possibilités de modernisation des moteurs, pour qu’ils consomment moins. Moins consommer, tel est le but de Grand Largue, qui visent à coupler des voiles aux moteurs des navires.
Un chalutier laboratoire
Labelisé en février dernier par le pôle Mer Bretagne, le projet soutenu à 50 % par la région Bretagne (*) a déjà débuté, « sans attendre les subventions », note Pierre-Yves Glorennec, gérant d’Avel Vor Technologie. « Il y avait urgence », poursuit le scientifique. La grogne des pêcheurs semblant lui donner raison. Une expérimentation qui passe par un chalutier « laboratoire », dont AVT s’est portée acquéreur. « Il s’agit d’un chalutier déclassé de 16 m en bois. Il est actuellement en remise en état à Saint-Brieuc. » Un navire qui devrait être motorisé avec un moteur Baudouin, entreprise marseillaise avec laquelle AVT travaille sur les hélices à pas variables, autre axe d’étude (lire encadré). L’expérimentation devrait se poursuivre en condition réelle d’exploitation sur un bolincheur (Wakan-Tanka, Lesconil), sur un coquillier (Laurenti, Saint-Malo) et sur un chalutier (Scapêche, Lorient).
Un, deux ou trois mâts
Quant aux voiles, elles devront « s’adapter au bateau et au type de métier », poursuit Pierre-Yves Glorennec. Ainsi, un coquillier (10 m) ne devrait être équipé que d’une seule voile alors que deux mats, type goélette, équiperont les chalutiers (16 m). « Pour le cabotage (30 m), il est possible d’imaginer trois mats », précise-t-il. Si les calculs de structures sont faits, il reste encore « à travailler sur les types de tissus », domaine de compétence de la voilerie morlaisienne Ulmo. Un système de voiles qui pour autant « ne sera pas transposable sur tous les navires ».
Des armateurs intéressés
Le projet mobilise de nombreuses compétences réunies autour d’un consortium et attire les professionnels. « Il existe déjà des armements demandeurs », note Pierre-Yves Glorennec. En Bretagne, en Méditerranée mais également « des armements étrangers, en Afrique ». 22.000 litres, c’est ce que consomme en gazole un navire de pêche pour une marée de 15 jours. Alors l’idée qu’il soit possible de réduire cette consommation de 15 à 30 % ne devrait pas laisser insensible les marins. * Coût du projet : 690.000 €.
Des voiles auxiliaires et automatisées
Avel Vor Technologie, entreprise basée depuis février 2007 à la pépinière d’entreprises de Mellac (29), est spécialisée dans les domaines de l’optimisation de systèmes industriels et ceux des économies d’énergie. Son gérant, Pierre-Yves Glorennec professeur émérite à l’Institut national des sciences appliquées de Rennes, travaille avec un ingénieur sur un projet de réduction de la consommation de gazole pour les bateaux. Le projet Grand largue.
Quel est l’objectif du projet Grand Largue ?
C’est de mettre des voiles auxiliaires sur les bateaux de pêche ou au cabotage pendant le trajet. Il y a deux raisons à cela : réduire les émissions de CO2 et gaz à effet de serre et diminuer la consommation de gazole. D’après les calculs, les voiles permettraient de faire entre 15 et 30 % d’économie.
Des bateaux qui fonctionnent à la voile, l’idée n’est pourtant pas nouvelle ?
Non, des études ont déjà été réalisées dans les années 1980, avec les chocs pétroliers. Mais elles sont tombées à l’eau en raison de la baisse du prix du pétrole. L’expérience avait été réalisée avec des thoniers par Hervé Gloux. Le système fonctionnait bien mais le gros problème, c’était l’absence d’automatisation des voiles. Ce qui signifiait qu’un marin devait être spécialement affecté aux voiles. Or, aujourd’hui, les marins n’ont plus la culture voile et surtout, les équipages sont réduits.
L’innovation apportée, c’est donc l’automatisation des voiles ?
Oui, l’aspect innovant du projet c’est qu’une fois qu’ont été définis le cap et la vitesse, les marins ne s’occupent plus des voiles. Par un système de treuils, elles se déroulent toutes seules. La deuxième idée, c’est que la puissance du moteur est régulée en fonction de la force du vent. L’idée, ce n’est pas d’aller plus vite mais bien de consommer moins.
Diverses études en cours
Outre le projet Grand Largue, AVT travaille sur différents projets afin de consommer moins ou de récupérer de l’énergie. Les hélices à pas variable permettent d’adapter la propulsion en fonction de l’état de la mer et du travail. Mais, selon Pierre-Yves Glorennec, il existe des variations de plus ou moins 15 % de la consommation. L’étude vise à tendre vers les -15 %. D’autre part, un stagiaire de l’INSA travaille actuellement sur la récupération de l’énergie du tangage.