Geispe a écrit :je replante ceux qui sont venus spontanément sous les chataigniers qui donnent les plus grosses chataignes... en me disant que ceux là sont aussi venus "tout seuls"... il y a plein de petits chataigniers sous les gros...
Quel bel enthousiasme.
Il me semble qu'un chataîgnier à fruits doit être greffé et subir ensuite une taille de formation puis un entretien régulier (comme presque tous les arbres fruitiers, en fait).
Les arbres de franc-pied produisent souvent des fruits petits et de faible qualité gustative (comme presque tous les arbres fruitiers en fait).
L'arbre sous lequel la chataîgne a été trouvé ne présage aucunement de la qualité du rejeton, puisque les chataîgniers sont auto-stériles (ne peuvent être fécondés que par un abre d'une variété différente) : on n'a donc aucune idée du résultat de ce croisement aléatoire entre un parent identifié (l'arbre à gros fruits situé au dessus) et un parent totalement inconnu. C'est la loterie.
La greffe est la seule façon d'être sûr des caractéristiques de l'arbre (vigueur, résistance aux maladies etc.) et de ses fruits. Donc, il te faudrait prélever un
greffon sur l'arbre que tu trouves bien, et non pas prélever ses rejetons. Le donneur de greffon ne doit pas seulement faire de beaux fruits, mais il doit être visiblement exempt de maladies et de parasites... cette caractéristique étant devenue une priorité pour faire de beaux chataîgniers, compte tenu de la prévalence de ces maladies.
Ensuite, tes arbres qui donnent de grosses chataîgnes ne sont très probablement pas venus tous seuls. D'une part ils sont probablement greffés, et d'autres part l'"arbre à pain" a été tellement planté en France, qu'il est très rarement dans sa zone "naturelle". Cela veut dire aussi qu'il est assez rarement dans des
stations optimum.
Puisqu'il n'y a pas de chataîgnier dans ton terrain, tu ne sais pas si le sol et le climat y sont adaptés. Or, le chataîgner est très exigeant sur le type de sol et sur le climat.
Enfin, le chataîgnier est soumis à des maladies et des ravageurs, et ce d'autant plus s'il est sur une station non optimum et s'il n'est pas entretenu.
Ca serait dommage de planter maintenant des arbres fruitiers censés produire pile au moment où on en aura un besoin crucial (société sans pétrole)... et qu'ils se révèlent à ce moment-là de bien piètres producteurs. Ce sera un peu tard pour recommencer et attendre à nouveau 10 ans !
Il me semble que l'arboriculture doît être abordée de façon rigoureuse. D'autant plus si on veut le faire en bio, car on n'a pas les "traitements qui sauvent". Il importe donc de savoir bien choisir, planter, greffer, former et entretenir les arbres... sous peine de résultats très décevants dans 5 à 10 ans ! L'approximation du type "c'est le rejeton d'un arbre qui donne bien donc c'est forcément un bon arbre" risque de se réveler très décevante dans quelques années.
Ton terrain étant probablement d'une surface limitée, je ne peux que t'enjoindre à optimiser soigneusement l'implantation de chaque arbre : variété, sol, exposition, micro-climat... Distance autour suffisante pour son extension future... Et ensuite à optimiser les chances de cet arbre : plantation, protection contre la dent du gibier, taille de formation puis d'entretien, fumure, désherber au pied les premières années (concurence), etc.
L'arboriculture d'arbres fruitiers est complexe, puisqu'au sein d'une même espèce, elle varie selon le porte-greffe, la forme voulue, le type de production recherchée (intensive commerciale ou auto-consommation) et même la variété à l'intérieur de l'espèce.
Quand on ne veut pas trop se prendre la tête, en première approche : faire comme le voisin (celui qui a des beaux arbres, avec un sol identique au tien : même couleur, même texture etc.).
Par exemple, chez mes parents, un voisin m'avait dit avoir constaté que les arbres à noyaux venaient bien (cerisiers, pruniers, etc.) mais que les arbres à pépin étaient chétifs et malades. On a mis quand même un assortiment des deux genres, dont quelques pommiers et poiriers... eh bien, le résultat a été conforme aux prévisions !
De même, si on ne veut pas trop se prendre la tête, on peut avoir de très beaux arbres à partir d'arbres achetés à la jardinerie et même plutôt au supermarché du coin. Même s'ils sont un peu "angrais junkies" au début, ils sont bien formés et exempts de maladie. Il faut juste choisir des porte-greffes vigoureux et des variétés résistantes aux maladies. Inversement, j'ai fait la triste expérience d'arbres payés très chers dans une pépinière spécialisée en variétés anciennes... et de me retrouver avec des arbres (et surtout des arbustes) mal conformés, malades, ayant souffert d'un sol inadapté et d'absence de soins.
Pour revenir au chataîgnier, et sous réserve que ton terrain soit adapté à cette espèce, la meilleure solution serait sans doute d'acheter quelques arbres produits par une pépinière spécialisée dans cet arbre. C'est comme cela que tu auras les meilleures chances d'avoir à la fois de beaux fruits et un arbre résistant aux maladies.
Le fond de l'air est frais.