L'exposé ci-dessus, extrait apparemment de la conférence de l'ASPO 2005, tente visiblement de faire preuve de rigueur scientifique, en passant en revue les sujets suivants :
- intervalle d'incertitude : un résultat scientifique n'est jamais donné sans son intervalle d'incertitude, combien vaut celui associé au Pic ?
- courbe en cloche : il y en a plusieurs "disponibles", laquelle utiliser ? Pourquoi l'une serait plus vraie que l'autre ?
- quels sont véritablement les paramètres qui déterminent la courbe ? (ici, les URR)
- comment réconcilier la courbe réelle et une courbe en cloche (allusion à la "bosse" des années 70) ? Peut-on y arriver avec une somme de deux courbes en cloche ?
Les auteurs concluent d'une façon, il faut bien le dire, hypocrite, en disant que
- si la courbe est bien une courbe en cloche (en fait deux)
- si les URR sont bien de 2 Tb
alors le Pic est en 2009 +/- 5 ans
Cette présentation a l'avantage d'introduire la notion d'intervalle d'incertitude, et de souligner les inconnues considérables qui pèsent toujours sur ce sujet.
Je serais tenté de penser que la plupart des professionnels du pétrole se sentent peu concernés par la forme ou la définition de la courbe elle-même, en revanche les URR sont un sujet commun à tous. Dans la mesure où les Piquistes n'ont accès, dans ce domaine, qu'à des infos de deuxième main, on se demande comment ils peuvent prétendre à une meilleure compréhension de ce sujet particulier que les professionnels.
Les incertitudes qui pèsent sur les URR sont considérables :
- les mensonges ou cafouillis des pays concernés sont bien identifiés comme première source d'erreur
- le pétrole non encore découvert en est une deuxième ("yet to find")
- la variation des URR à périmètre constant en est une troisième, mais pour moi c'est la principale.
Cette dernière source d'erreur est généralement inconnue des Piquistes, et pour cause, c'est le sujet le plus technique et le plus délicat du domaine ; mon opinion (non sourcée

Un exemple facile mais classique, est Ghawar : son comportement est tellement favorable à l'exploitant, que au lieu de récupérer 35 % du pétrole en place comme fait classiquement dans la majorité des puits, on "risque" de récupérer 60 % - c'est-à-dire presque le double : le chiffre en cours n'est connu que de l'exploitant ; il risque de n'être connu avec précision que lors de la phase finale de la vie de Ghawar, c'est-à-dire dans une dizaine d'années : on se demande comment certains osent encore faire des prédictions dans ces conditions.
Je rappelle que deux autres sources d'erreur, supplémentaires, sur la forme de la courbe cette fois-ci s'attachent à ces prédictions :
- la croissance démographique des pays riches
- la croissance économique mondiale
Je rappelle également que ce qui précède n'est pas destiné à démontrer qu'il n'y aura pas de Pic ; mais bien que nous sommes incapables d'en donner la date à l'avance, même à cinq ans près ; et que c'est justement cette caractéristique qui le rend plus préoccupant du point de vue du décideur.