Donc, on réffléchit ça et là à une intervention pour ramener les cours à la normale. Le principe est bon dans le cas de circonstances exceptionnelles, mais nous sommes confrontés à une politique américaine durable de "laisser-filer", toute tentative de régulation ne fera que repousser les effets jugés néfastes et surtout conforter les US dans leur politique économique. L'esprit de cette intervention serait de l'ordre "les américains déconnent, à nous de rattraper le coup".
Du coup, le discours général qui a été ces deux dernières semaines "pas d'intervention unilatérale", dans le sens "pas l'Europe sans le Japon", etc...
devient aujourd'hui "pas nous sans un effort des américains".
Juste doléance qui pour l'instant reste lettre morte. Alors puisque c'est comme ça, et ben, on fait rien et on laisse aussi filer... D'autant plus tranquillement que la politique interventionniste est de moins en moins jugée appropiée :
L'express : "Même à 1,35 ou davantage, je ne pense pas que la BCE interviendra dans les conditions actuelles", où les chances d'agir de concert avec la Fed américaine sont quasi nulles, estime Holger Fahrinkrug, de la banque UBS.
Le Figaro : Mais pour le moment, les économistes continuent à parier sur un affaiblissement continu du dollar. Ceux d'HSBC-CCF le voient à 1,40 d'ici la fin de 2005 et à 95 yens (103,57 hier). Les mêmes parient déjà sur une poursuite de cette tendance en 2006...
Alors oui, la guerre du dollar a commencé !AGEFI : La BCE ne paraît pas non plus prête à prendre le risque d'une intervention isolée sur le marché des changes, d'autant qu'elle semble de plus en plus considérer la baisse du billet vert comme inéluctable.
C'est un bras de fer entre deux camps qui ne veulent pas faire de sacrifices pour l'autre.
Les américains peuvent-ils gagner à la longue ?
Je ne parierais pas sur eux pour deux raisons :
- Mauvais calcul à long terme : vu sous l'angle des importations, les US importent plus cher et l'EU moins. Ceci réduit-il aussi le déficit US ?
- Mauvaise évaluation de leur force : elle réside pas mal dans le fait que le dollar sert de réserve à beaucoup d'autres pays à l'économie plus saine, accepteront-ils longtemps d'acheter de la monnaie de singe ? accepteront-ils des importations chère à cause d'une autre monnaie ?
La banque centrale a d'ores et déjà exclu de baisser davantage ses taux d'intérêts, ce qui pourtant rendrait les placements en zone euro moins attractifs et aiderait en principe à réduire la pression sur le marché des changes.
Nombre de ses dirigeants, rejoints en cela par les gouvernements les plus orthodoxes, semblent en fait se satisfaire de l'impact désinflationniste de la hausse de l'euro, qui contrebalance l'effet du pétrole cher. Et ce alors que l'inflation en zone euro va encore dépasser en 2004 pour la cinquième année consécutive la limite de 2% qu'elle s'est fixée.
S'ils sont aussi fort en guerre économique qu'en guerre en Irak, ça prometLe Monde : Jean-Paul Fitoussi : D'abord il faut dire que le seul avantage qu'a eu un euro fort a été d'adoucir l'augmentation du prix du pétrole pour les Européens. Les Européens ont eu un choc pétrolier de moindre ampleur que celui que les Américains ont subi.

Seule ombre au tableau : nos exportations qui grèvent cette putain de croissance qui obnubile nos économistes et les feront peut-être flancher en premier

Joyeux Noël à tous
