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par Jef » 20 oct. 2005, 17:48
Il y a quelques années, ma jeune épouse m'a proposé de lire quelques passages d'un bouquin qu'elle était en train de lire. D'une manière générale je n'apprécie pas beaucoup le genre de littérature qui l'intéresse, ni elle ce que je lis. Ca ne nous empêche pas de nous comprendre.
Le bouquin était en anglais, "Last Hours of Ancient Sunlight", d'un certain Tom Hartmann. Inconnu pour moi, apparemment encore un de ces gourous qui poussent comme les champignons (hallucinogènes) aux USA. Préfaçé par Neale Donald Walsch, un auteur à succès dans le registre "religion et philosophie. Bon, par égard pour ma femme, j'ai consenti à parcourir quelques chapitres. Parmi les thèmes abordés, un seul m'a frappé comme une révélation : Evidemment, les ressources sont limitées sur une planète comme la nôtre, surtout quand une espèce aussi prédatrice que l'homme commence à y pulluler ! Et moi, ingénieur en fin de carrière, moi qui ai la prétention d'avoir une culture scientifique, je n'y avais même pas pensé ! Le reste du bouquin, comme prévu, m'a laissé indifférent. Mais j'ai commencé à réfléchir (mieux vaut tard que jamais) à cette crise prévisible : Plus de matières premières, plus d'énergie bon marché, avec une surpopulation affolante et une dégradation irréversible des conditions d'existence (Ca au moins je le savais déjà). Je me suis renseigné, j'ai trouvé quelques indications sur la surpopulation d'abord et la crise alimentaire prévisible, sur la dégradation annoncée de la situation agricole, la guerre perdue d'avance des pesticides contre la nature, la dégradation des sols par les activités humaines.
C'est en recherchant des chiffres sur les surfaces agricoles stérilisées par l'urbanisation et par les voies de communications que je suis tombé sur le site de Jancovici. Enfin un scientifique (même si lui-même refuse d'être désigné ainsi) capable de mener une réflexion globale sur les chiffres qui existent ! Je découvrais par là même que des discussions avaient lieu sur le sujet, non seulement autour de la climatologie, son domaine principal de réflexion, mais aussi sur les domaines de l'agriculture future, des matières premières et de l'énergie.
C'est ainsi que je suis arrivé sur Oléocène. J'avoue qu'ensuite je me suis un peu lâché, le site proposant à ses adhérents de faire oeuvre d'imagination, je me suis permis de décrire des scénarii particulièrement pessimistes, inspirés par les connaissances que j'ai de l'histoire, et de la réaction des populations en situation de crise. Et à vrai dire, je ne renie pas ces scénarii catastrophistes, tant il me semble qu'en la matière seul le pire est raisonnable à envisager.
Je suis passé ensuite par une phase un peu plus agressive, prenant parfois un malin plaisir à "casser" un peu certains membres qui me paraissaient trop systématiquement optimistes. Que diable, nous ne deviendrons pas raisonnables sans y être quelque peu contraints ! Je respectais pourtant mes contradicteurs, car chacun respectait les opinions d'autrui et je me sentais au milieu d'un groupe amical, cherchant à démonter tous ensemble les mécanismes mystérieux qui nous feraient basculer avec ou sans douceur dans l'Après-peak.
Quelques fils cependant me déplaisaient profondément, comme celui de ce "troll" qui proposait de profiter de notre avantage (nous savons ce qui nous attend, les autres pas) pour nous enrichir; je n'appréciais pas trop non plus les activistes du groupe "vélorution", même si je comprenais leur point de vue, pas plus que celui des dégonfleurs de pneus de 4x4, mais c'est ainsi.
J'ai commis encore une autre sottise, celle de me croire entre copains et de me laisser aller à dire ce que j'avais sur le coeur, les sentiments parfois violents que m'inspiraient certaines situations. Peut-être maladroitement exprimées, ces pensées out été prises pour des débuts d'exécution, ou des incitations à la violence. C'était moi l'activiste ! Je me suis fait censurer par Eric (bien fait pour moi) et maintenant je m'auto-censure, comme on dit c'est plus sûr !
Ceci m'a un peu refroidi, et maintenant je garde une certaine distance avec le site, intervenant peu même si je continue de le parcourir avidemment dès que j'en ai l'occasion. Je n'irai probablement pas au rassemblement du 22, ni ne participerai aux opérations T shirts etc, mais peut-être pour une autre action ?
Pire, c'est impossible. Mais si, soyons optimistes ! (Proverbe roumain)