Petit compte rendu subjectif, commenté :
La salle était pleine,
Yves Cochet a conférencé 2 heures (au lieu de 1 prévue) plus les questions,
puis discussion au coktail,
puis dehors, jusqu'à 2h du matin.
Je voulais voir si le discours avait changé depuis fin 2005 où je l'avais vu,
s'il avait adapté au public de décroissants (on aurait pu penser que ceux qui assistaient à la conférence savaient ce qu'est le pic)
mais rien de tout ça, il a d'ailleurs dit à des gens dans l'assistance "qu'est-ce que tu fais là, tu connais déjà tout", donc je n'ai pas appris grand chose (si ce n'est qu'il voyait une "accélération" depuis 2008) , et donc inutile de mon point de vue de parler du contenu.
Il est vrai que je n'ai pas du tout la même perception que lui, il fréquente des hommes politiques qu'il considère tous "aveugles", en conséquence de quoi il pense qu'il a beaucoup à faire pour parler de ce sujet. Pour ma part je ne rencontre plus grand monde qui ne connaisse pas la question ; et je ne vois plus la nécessité d'en parler...
et les discussions "métaphysiques" me lassent...
Je vais rajouter des perspectives critiques et philosophiques;
bien que je considère qu'il a fait un gros travail pour faire connaître la question du pic.
J'aurai aimé une intervention de mes amis présents pour remettre "l'écologie gestionnaire", il semble que cela n'a pas été possible pour eux.
L'un d'entre eux a envoyé le commentaire pas trop long:
http://forum.decroissance.info/viewtopi ... 0538#40538
Extrait :
Les graphiques sont tombés, énormes, foudroyants. Les commentaires du battleurs venaient soutenir cette atmosphère si bizarre entre rires et pleurs. Le suspens devenait lourd, le public était capté
mais je ne serai pas aussi péremptoire et médisant sur les intentions d'Yves Cochet....D'ailleurs, il tient quelque discours de relocalisation (tout le pouvoir au canton)
Sur l'écologie gestionnaire, en rapport avec la question démographique dont il a été question à la conférence, cela avait été débattu par là :
http://forum.decroissance.info/viewtopi ... 2483#32483
http://forum.decroissance.info/viewtopi ... c&start=84
(c'est plus long, c'est pour ceux que ça intéresse)
Ces discussions m'ont fait changer de manière de voir, et je trouve maintenant choquant qu'on puisse disserter de l'avenir de millions d'africains par exemple,
vus comme un cheptel à gérer (dans une certaine façon de voir les choses), maintenant que les cadres gestionnaires de populations humaines sont assez vastes pour permettre la réalisation de phantasme de contrôle de pays entières dans tous les aspects de la vie. Et puis, on empile ces humains sur des diagramme en barre, et viendra peut-être un jour la tentation de les manipuler, ce paramètre comme n'importe quel autre, selon suivants des considérations pragmatiques.
Et puis, il a parlé en effet de penser une "gestion autoritaires, miliaires", des populations
Je conçois que cette façon de voir les choses, de trouver choquant
le seul fait de disserter sur le futur de millions d'humains (qu'on considère déjà écrit, en le prouvant chiffres et la Science) et sans parler de la gestion militaire, n'est pas partagé par beaucoup de monde...je rajouterai que maintenant, je ne veux plus me préoccuper de "savoir" combien il y aura d'humains qui vivront en 2050.
J'aurai voulu aussi remettre en réflexion ces idées, aussi bien enraciné dans le crane des participants et du conférencier, que ne l'est la croissance économique chez les dirigeants dont ils se moquent, ce sont les idées que les milliards d'humain "veulent" accéder à la consommation, que la croissance économique fut une fête; etc, tout cet imaginaire qui va ensemble. En résumé, je peux dire que tout cela est une extrapolation illicite de notre conception du monde, du travail. C'est une vision du monde purement matérialiste, qui ignore que la technoscience a chassé l'immatériel, a détruit un "autre chose". Elle a aussi détruit le langage pour exprimer ce qu'était cet "autre chose", suivant des moyens vus par exemple par Orwell dans "1984", alors je ne pourrai pas en dire plus. En gros, la technoscience a détruit cet "autre chose" et l'a compensé par de la consommation matériel, en faisant croire que sans cette consommation matérielle il n'y a rien.
Pour finir ce propos pas trop structuré (désolé, j'aurai aimé faire mieux), voici un peu de métaphysique et de théologie de l'effondrement. Je ne remettrai pas en cause la réalité du pic de production,
je rapellerai en quoi il est analogue à des questions métaphysiques tel que l'existence d'une vie après la mort, ou du Jugement Dernier. Dans les deux cas, on a un évènement dont on ne sait rien sur "l'après", sur le fait de savoir s'il aura lieu.
Et puis, pour moi, cette question
relève effectivement de la métaphysique, plus que de l'approche rationnelle. Car la complexification de l'organisation humaine a atteint un stade si fantastique au point que des questions que
nous nous posons ne peuvent pas avoir de réponse dans notre présent (du genre : y a t-il une vie après le pic?), comme les questions métaphysiques. Alors, certains pensent avoir une vision claire, "réaliste" de cette avenir. Ils se sont construit un modèle (et sont devenus survivaliste, ou homme politique, etc) , ont lu des document qui ont renforcé leur vision, qui les a amener à lire d'autres documents qui les confirmer, et ainsi de suite. Et cela peut sembler plus relever de la croyance, de la Foi, plutôt que d'une connaissance scientifique du monde (qu'on croit "connaitre" que par des moyens de représentations abstraits : chiffres, courbes), même si elle veut s'en donner les apparences d'une connaissance rationnelle. C'est une croyance dont j'ai essayé de me départir ces derniers mois...
Sans toujours remettre en cause l'existence mathématique du pic, les conséquences qu'en tirent les catastrophistes doivent aussi de baser sur des considérations anthropologiques, sociologiques (les gens sont trop bêtes, ils regardent TF1, etc) pour tirer des conclusions de ce pic sur l'évolution de la société, alors que vraiment, on en sait rien du tout, de ce que sont les "gens", comment ils réagiront, etc. On ne peut pas appréhender ce que sont les gens. Se basant sur le passé, on peut prouver tout et n'importe quoi sur la nature de ces "gens", de cette "population".
De même, le fait de savoir combien il y aura d'humains en 2050, ou la probabilité d'avoir un anéantissement nucléaire dans les dix ans qui viennent, sont des considérations sans la moindre signification, même si on voudrait le croire en donnant un Nombre précis.
Le pic, et le chaos qui s'ensuivrait selon certains, serait comme le Jugement Dernier, et il faudrait que nous nous lavions de nos péchés en nous faisant paysans bios autarciques.
Mais là encore on est dans la métaphysique, le pari est pascalien.
alors...je préfère croire que les discours d'Yves Cochet ou les communauté survivalistes sont très utiles en tant que prophéties anti-réalisatrices.
Je m'interroge aussi sur ce les fondateurs des religions eschatologique :
Soit ils ont entrevu, par des visions du futur que leur envoyait Dieu (ce qui est un bon argument en faveur de son existence), la fin que nous allons connaître, et l'ont traduit en des termes accessibles à leur époque,
Soit ils étaient extrêmement clairvoyants et ont vu qu'ils posaient les bases d'une religion sur laquelle se fonderait une civilisation qui finirait en catastrophe.