Peut on quantifier l’impact de la spéculation sur le cours de la matière première la plus en vue, le pétrole brut?
Cet exercice nécessite de repartir des “fondamentaux” c’est à dire
- du volume de production,
- de l’évolution de la demande, à prix constants
- de la baisse de la consommation sur plusieurs années quand le prix du pétrole monte
Cet exercice ne peut pas être très précis, mais il peut produire l’ordre de grandeur d’un prix “cible”
L’écart entre le prix cible et le prix sur le marché peut être attribué à la spéculation.
La production de pétrole
Les statistiques mensuelles de l’AIE et du DOE des USA (EIA) fournissent ces informations détaillées
http://www.eia.doe.gov/emeu/steo/pub/contents.html
Elles montrent que la production est quasiement stable, de 2004, où elle a atteint 84 Millions de barrils par jour, à 2007 ; depuis 2008, elle recommence à croître très légèrement.
Autrement dit, les augmentations de productions de certains pays compensent seulement le déclin de la production des autres pays (Mer du Nord, Mexique) ; c’est une rupture avec les 10 années précédentes où la hausse de la production était régulière.
La demande de pétrole à prix constant (1997-2004)
La demande est portée par la croissance économique mondiale qui est restée forte, mais qui commence à ralentir justement du fait du choc pétrolier. L’augmentation de la demande dans la période 1997-2004 a été de 9 millions de barrils par jour, soit une hausse moyenne de 1,3 millions de barrils par jour en volume et de 1,6% par an en pourcentage.
la baisse de la consommation due à l’augmentation des prix (l’élasticité)
Le marché pétrolier a une caractéristique très particulière :
dans certains pays producteurs, les prix sont régulés par l’Etat, et sont donc fonction des coûts de production, parfois même en dessous (cas de l’Indonésie). Dans ces pays les consommateurs ne réagissent pas à la hausse des prix mondiaux.
La Chine et l’Inde régulent également les prix du pétrole chez eux ; les hausses récentes n’ont étés que très partiellement répercutées (il y a deux mois une hausse limitée a eu lieu en Chine).
Seuls les pays de l’OCDE qui représentent “seulement” 55% de la demande mondiale, répercutent vers leurs consommateurs la hausse du prix internationnal du pétrole.
Le secteur des transports dépent à 95% du pétrole.
L’élacticité est assez faible : entre -0,20 et -0,25 c’est à dire qu’une hausse de 10% du pétrole diminue la consommation de 2 à 2,5% seulement.
Si on raisonne à l’échelle mondiale, comme l’élasticité est plus faible puis que seuls les pays de l’OCDE voient leur consommation baisser uqand le prix monte.
A ce niveau l’élasticité est de l’ordre de 55%*-0,20 = environ -0,1
un doublement du prix du pétrole diminue de 7% la demande!
On vient de réunir les ingrédients pour estimer la part de la spéculation dans la hausse du prix
en 2003 le prétrole vallait 32,5$ en dollars constant de 2007
la production n’a pas suivi la demande et l’écart était en 2007 de 4*1,6%= 6,4%
donc le prix aurait du doubler et s’établir à environ 65$ de 2007 et croître de 16% par an.
Les prix du pétrole ont atteint 145$ le mois dernier ; ils sont donc trop élevés. C’est le prix cible si la contrainte de production devait durer jusqu’en 2012. Or les prévisions de l’AIE indique que l’offre de pétrole devrait légèrement augmenter.
On devrait observer une baisse du prix du pétrole très importante.
mais attention après 2012, il semble que, de nouveau, la croissance de la production soit inférieure à celle de la demande. Si on estime que la demande serait en 2020 de 118 millions de barrils par jour (pour un prix de 40 à 50$ le barril selon l’estimation de l’AIE) et l’offre seulement de 95 millions de barrils / jour soit 20% inférieure (or 20% est proche de 3 fois 7%; le prix devrait donc être multiplié 3 fois par 2 soit 2×2x2=8)
Cela conduit à un prix de l’ordre de 300$ le barril. Gageons qu’à ce niveau les pays qui régulent les prix ne pourront plus le faire et que le poids (relatif) des taxes sur le carburant dans les pays OCDE sera moins important (c’est à dire que les taxes ne suivront pas le prix du pétrole) . L’élasticité devrait donc remonter.
parions ur un prix cible de 200$ le barril