Au delà de l'effet prix, il est possible que les blocages de dépôts pétroliers par les pêcheurs, routiers et agriculteurs aient joué.PARIS (AFP) — La consommation de carburants en France a subi une "chute énorme" de 10% au mois de juin à cause de la flambée des prix du pétrole, et a un recul "significatif" sur six mois, a dit jeudi à l'AFP le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip).
"Les chiffres provisoires du mois de juin montrent une chute énorme de la consommation de carburants en France, de 10% par rapport à juin 2007", qui touche aussi bien l'essence que le gazole, a indiqué Jean-Louis Schilansky, président de l'Ufip, ajoutant qu'il est "incontestable qu'à ce niveau-là, il y a un effet prix".
Jusqu'au mois de mai compris, la tendance était en effet à la stabilité de la consommation de carburants en France.
Sur six mois, une période jugée plus parlante par l'Ufip, le recul se porte à 1,48% et est jugé "significatif" par M. Schilansky. "Ca fait très longtemps qu'on n'a pas eu une baisse de cet ordre", a-t-il affirmé.
Je profite de cette dépêche pour exposer une idée qui me tarabuste depuis un moment au sujet de l'élasticité, et qui n'a pas été abordée dans ce fil.
A la lecture de cette dépêche, donc, il semblerait qu'il y ait tout de même une élasticité non nulle (contrairement à la théorie d'Aerobar). Mais elle n'est pas immédiate, pas linéaire, obéirait elle à des effets de seuil ? Après 5 ans de hausse continue et une conso qui restait stable, d'un seul coup une chute de 10%.
Peut être pas si simple, la question de l'élasticité après tout. Sa mise en équation peut elle s'affranchir de facteurs psychologiques ?
Ainsi le franchissement des 1,50 € dans les stations des grandes surfaces, le matraquage médiatique en juin (records du baril presque chaque jour), semblent produire des effets : les gens roulent globalement moins vite (80 sur route, 110 sur autoroute, sont des vitesses courantes désormais), le covoiturage n'est plus un sujet de conversation marginal.
Ce qui m'étonne c'est qu'on parle toujours d'élasticité comme d'une chose relativement figée, monolithique, un ratio qui serait une constante économique en quelque sorte. Suffisamment robuste pour qu'un économiste mette sa réputation en jeu et prédise un prix du baril de $380 en 2015, en se basant sur les prédictions d'offre, de demande et la fameuse élasticité. Point barre. Nonobstant tous autres facteurs.
Mon sentiment est que les choses sont plus complexes. On du mal à traiter les choses complexes. Elles obligent à introduire des barres d'erreurs et ne permettent pas de faire de belles conclusions, propices à la prise de décision.
Pour revenir à l'élasticité de la demande au prix (qui n'est qu'une composante de l'élasticité globale, voir plus bas), et en raisonnant à l'échelle mondiale la question me paraît déjà complexe en raison :
- de la corrélation toute relative entre le prix du baril de brut en $, matière première que pratiquement personne ne consomme en l'état, et les prix en monnaie locale des différente produits transformés issus du raffinage;
- du rythme de substitution très variable selon ces produits (carburants, combustibles, plastiques), lié à la durée de vie, et donc à la vitesse de renouvellement des équipements et infrastructures qui en consomment (effet parc).
D'autre part on a tendance sur le forum à se focaliser sur l'élasticité de la demande au prix, et à négliger l'élasticité de la demande au revenu. Or la croissance mondiale, encore forte malgré le ralentisement, est un facteur très puissant d'augmentation de la demande.
L'élasticité globale est la résultante de :
- l'élasticité de la demande au prix (déjà complexe en soi)
- l'élasticité de la demande au revenu (est ce si simple ?)
- l'élasticité de l'offre au prix (qui ne dépend pas que de l'économie, la géopolitique s'est invitée depuis longtemps dans ce débat, il paraît même que la géologie ...

Bref, l'élasticité globale n'est pas une donnée homogène et figée, c'est la résultante d'une multitude d'élasticités partielles qui évoluent chacune dans une direction fixée par le contexte local. Outil à manier avec prudence.