Ce chapitre regroupe quatre pays : Azerbaijan, Kazakhstan, Turkmenistan, Ouzbekistan. Ensemble, ces quatre pays représentent 5.8% de la production NON-OPEC mondiale en 2007 selon les chiffres BP.
Azerbaijan
Pic de production : très probablement 2010.
Sources : ASPO newsletter, EIA, Blackbourn, USGS
Entre 2004 et 2008 (janvier à juillet 2008), à en croire les chiffres EIA, la production mondiale de liquides (LGN inclus) NON-OPEC a été presque parfaitement stable, n'augmentant que de 86 kb/j. Dans le même temps, la production de l'Azerbaijan a augmenté de presque 650 kb/j. Autrement dit, sans l'Azerbaijan, la production non OPEC aurait diminué de plus de 1%. Ce n'est pas le moindre des paradoxes. Le pays est en effet un producteur de pétrole extrêmement ancien.
Les Azéris sont un peuple de langue persane et de religion, proches de iranians donc, même si génétiquement ils semblent plutôt caucasiens. On peut faire commencer l'histoire moderne de l'Azerbaijan à la conquete de cette région par la Russie, au dépend de la Perse, en 1804. Comme tous les pays du Caucase, le pays abrite bien d'autres groupes ethniques.
Les gisements de pétrole onshore, principalement dans la péninsule d'Abşeron, ou se trouve la capitale, Bakou, donnent lieu à des affleurement naturels en surface qui sont exploités par la population depuis aussi longtemps que remonte l'histoire écrite du pays. Des puits ont été forés à partir du milieu du XIXe siècle. La Péninsule d'Abşeron est donc une province pétrolière extrêment mature, comparable à la Roumanie.
Géologiquement, le bassin sud caspien (
) USGS) est un bassin tertiaire, avec des roches sources marines très riches (jusqu'à 10% de matière organique).
L'exploitation se développa de façon anarchique au XIXe siècle et au début du XXe, dans des conditions environnementales et sociales très mauvaises. Les opérateurs de certains puits stockaient le pétrole dans des réservoirs creusés à même le sol, bien des sites sont encore pollués. Il y eu nombre de révoltes des ouvriers impliqués dans cette industrie, dans l'une d'elle, en 1905, on vit aparaitre un jeune leader révolutionnaire du nom de Joseph Staline.
A l'époque soviétique, l'exploitation offshore commenca dans les petits gisements proches de la péninsule d'Asberon. La production a connu plusieurs pics, le plus haut étant en 1941 à environ 450 kb/j.
Blackbourn, une firme qui vend de l'information géologique sur l'ex-URSS pour les compagnies pétrolière, fournit une carte (sorte d'échantillon gratuit)
ICI Attention, elle date de 1997.
Le complexe
d'Azeri-Chirag-Guneshli (ACG, ou GCA dans certains documents), au centre de la carte, était connu à l'époque soviétique, mais seule une fraction de Guneshli fut mise en exploitation (en 1981). Les Sovétiques, en effet, n'ont jamais développé les techniques de production offshore sauf à de très faibles profondeurs d'eau, sans doute parce qu'ils n'en avaient pas vraiment besoin, pouvant facilement augmenter la production de sibérie occidentale.
Après la chute de l'URSS, l'Azerbaijan créa une compagnie pétrolière nationale, SOCAR, et négocia des concession de partage de production avec des compagnies internationales pour les gisements offshore. Pour ACG, un vaste consortium mené par BP fut crée). Ironie de l'Histoire, la banque Rotschild, qui avait des gros intérêt dans le pétrole Azéri avant 1917, participe au financement.
Le développement eu lieu en plusieurs phases :
* "early oil" -
Chirag commença a produit en nov.1997, avec une capacité de 130 000 b/j. Le pétorle était alors exporté
via la Russie.
* "phase 1'" En 2005, deux plates formes entrent en service sur le gisement
Azeri, leur production est développée en deux ans pour atteindre en 2007 leur capacité à 300 et 240 kb/j respectivement. La production du complexe atteint alors 650 kb/j. Le Baku-Tbilissi-Ceyhan est maintenant disponible pour transporter le brut.
* "phase 2'" Fin 2006, le troisième plate forme sur
Azeri est mise en service, pour une capacité de 260 kb/j.
* "phase 3" Enfin, le gisement de Guneshli (sa partie inexploitée à l'époque soviétique) est arrivé en avril 2008, son plateau doit être de 320 kb/j et être atteind en 2010.
La production de l'ensemble du complexe devrait être de 1.1 à 1.15 Mb/j en 2010 (toutes les phase ne produisant pas tout à fait à plein régime). Les réserves ultimes, longtemps citées à 5.4 Gb, ont été réévaluées à 6.9. Ce qui signifie qu'en 2010, avec plus d' 1Gb déjà produit, le taux de déplétion du complexe sera de 7 à 8%. Ce qui est élevé pour un gisement de cette taille. Le plateau ne sera donc pas maintenu longtemps. D'ailleurs ce n'est pas un secret.
Cette présentation de BP, qui exploite le complexe, montre (page 3, page 5) un pic de production pour le complexe à 1.2 mb/j en 2003, et une production tombant à environ 320 kb/j en 2002. Mon analyse est que, tout simplement, le pic de production d'ACG sera le pic de production de l'Azerbaijan, d'où la date ci-dessus - bien sur, ça pourrait être 2009 ou 2011. Notons qu'il y a un risque non négligeable d'interruptions plus ou moins longues dues à une coupure du BTC, c'est arrivé cet été.
Le problème est qu'il n'y a rien de taille pour prendre le relais ensuite. Les résultats de l'exploration ont été très décevants comparés aux espérances du début des années 90, à part Shah Deniz et Inam (voir ci dessous). La carte citée ci-avant est un peu trompeuse. Elle donne l'impression qu'il y a d'énormes réserves offshore en dehors d'ACG mais en fait, certains des gisements qui y sont figurés se sont révélés minimes, inexistants ou sous-commerciaux lors de forages d'appréciations récents. C'est le cas notamment d'Oguz et de Gryazevaya.
L'autre grand projet
Shah Deniz (case D5 sur la carte), un gisement de gaz à condensats. Découvert en 1999, c'est l'un des plus grands gisements de gaz découverts dans le monde depuis 1990. Les chiffres de réserves vont de 420 à 1000 km3. Le gisement comprend deux réservoirs. Le moins profond est déjà exploité et a permis au pays de cesser d'importer du gaz russe et d'exporte un peu de gaz en géorgie et en turquie. Le plus profond doit nourir le pipe-line
Nabucco.
Certaines sources disent que Shah Deniz possède aussi 2.5 milliards de barrils de pétrole, mais BP le présente comme un gisement de gaz et condensats seulement, considérons donc que c'est une information fausse (peut être un problème de traduction : 420 km3 de gaz sont l'équivalent de 2.5 Gb de pétrole). Par contre BP annonce 600 Mb de réserves de condensats. La phase 1 produit déjà 40 kb/j de condensats, mélangés au pétrole d'ACG.
Si Nabucco est construit, la production de gaz de Shah Deniz passera à 9 km3/an.
Enfin Inam est annoncé pour 2015 avec 200 kb/j, et des réserves de 2 Gb, j'inclue ce projet même si il semble que les réserves ne soient pas vraiment prouvées et que ça pourrait encore être des plans sur la comète.
Enfin, je compte 1 Gb de nouvelles découvertes et 2 Gb restant dans les gisements anciens.
Toujours moins.