L'article de Jancovici cherche justement à montrer que le PIB n'est pas une mesure adéquate de la richesse car il ne tient compte que de ce qui est fabriqué et non de ce qui est détruit.
Le PIB n'est pas une mesure adéquate de la richesse, de la même façon qu'un compte de résultat n'est pas un bilan.
Pour oser une image simple : votre richesse se mesure par l'état de votre compte en banque. Vous n'arriverez guère à l'évaluer correctement si vous vous contentez de suivre la somme des dépôts (le PIB actuel), ni même si vous en défalquez les retraits (le "PIB+" tenant compte des destructions). Sans la valeur de départ et sans ré-évaluation régulière de la valeur de vos actifs, vous vous contentez de tenir la comptabilité de votre foyer.
Vouloir améliorer le PIB est une mauvaise option, car on reste focalisé sur un indicateur de flux, alors que ce qui est intéressant, c'est de mesurer le stock de richesses. Evidemment, peu de monde envisage officiellement d'introduire de tels indicateurs, car il ferait apparaître l'appauvrissement accéléré de toutes les nations productrices de ressources naturelles, pour la plupart non renouvelables, au profit des pays hyper-consommateurs dont nous faisons partie. Il ferait également apparaître que la plupart des dépenses des pays riches ne créent pas de valeur : équiper les Français en écrans plats ne rend pas la France plus riche, alors qu'installer le téléphone le fait.
Plutôt donc de compléter le PIB par un indicateur patrimonial (ce qu'ont fait les entreprises, sous la pression des actionnaires) on a donc préféré répandre les concepts creux et démagogiques du développement durable, dernière innovation des pays riches visant à faire croire aux pays pauvres qu'on ne leur pille plus leurs trésors en échange de verroterie, en focalisant l'attention sur des enjeux vides de sens comme la "responsabilité sociétale" ou même l'environnement :
"Je pompe toutes vos réserves de pétrole, les p'tits gars, mais je préserve vos traditions de chasseurs-pêcheurs et je fais attention à ne pas polluer vos marigots pour que vos petits-enfants continuent à traîner dans la fange comme vos aïeux, durablement. On dit merci qui ?
- Merci bwana !"
Le "vrai" développement durable intègre obligatoirement la notion de préservation du patrimoine public, du
"greater good" comme disent les Angliches. Mais cela n'est dans l'intérêt de personne d'en donner une lecture transparente à l'échelle de la planète.