On y arrive tout doucement ...

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https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html
« L’âge d’or de la mondialisation est derrière nous, place à la “slowbalisation” »
L’époque de l’intensification croissante des échanges, de la baisse continue des coûts de transport et de l’intégration toujours plus grande des chaînes de production se termine, estime, dans sa chronique, Marie Charrel, journaliste au « Monde ».
Chronique « Vu d’ailleurs ». Si les problèmes de l’économie mondiale se résumaient à un animal, ce serait l’escargot. Du moins, si l’on en croit la couverture de l’hebdomadaire britannique The Economist du 26 janvier, où le gastéropode est à l’honneur. Au-dessus de sa coquille en forme de planisphère trône le mot « slowbalisation », contraction de slow (« lent » en anglais) et de globalisation. Un néologisme emprunté au penseur néerlandais Adjiedj Bakas, que le quotidien québécois Le Devoir s’est aventuré à traduire, en bon français, par « moudialisation ».
Tel est donc le mal dont souffre le commerce mondial : il est devenu trop mou et trop lent, détaille The Economist, à grand renfort de statistiques. L’âge d’or de la mondialisation est derrière nous. Celle reposant sur l’intensification croissante des échanges, la baisse continue des coûts de transport et l’intégration toujours plus grande des chaînes de production. Après avoir grimpé de 39 % à 61 % du produit intérieur brut (PIB) mondial entre 1990 et 2008, le commerce international est retombé à 58 % en 2018. Les investissements transfrontaliers des entreprises ont chuté de 3,5 % à 1,3 % du PIB entre 2007 et 2018. Et la part des profits de multinationales dans l’ensemble des entreprises du globe a chuté de 33 % à 31 % depuis 2008.
Pistes d’explication
Que s’est-il passé ? Les pistes d’explication ne manquent pas. Le coût des transports a cessé de baisser. L’industrie des pays émergents a suffisamment monté en gamme pour fournir les marchés locaux. Les services, plus difficilement exportables, prennent un poids croissant dans la plupart des économies. La hausse des salaires dans nombre de pays asiatiques limite peu à peu l’intérêt des délocalisations. S’ajoutent à cela les politiques de repli national entamées par plusieurs Etats, dans le sillage des Etats-Unis de Donald Trump.
En somme, les forces se cumulent pour freiner la mondialisation, et cela ne va pas sans dangers. L’instabilité financière accompagnant le mouvement est le ferment de crises potentiellement ravageuses. Les pays encore en phase de rattrapage économique risquent d’être stoppés dans leur élan. Est-ce à dire que la « slowbalisation » est une malédiction ?
Seulement si l’on oublie d’y voir une occasion. Celle de corriger les excès de la mondialisation passée. Un article publié dans l’American Economic Review de février démontre ainsi qu’elle s’est traduite par la baisse de la taxation des 1 % les plus riches depuis vingt-cinq ans, tandis que celle des classes moyennes a augmenté. Ce qui n’était pas le cas avant 1994 : la hausse des échanges commerciaux se traduisait alors par celle de la progressivité fiscale.
Occasion, aussi, de mieux concilier protection de l’environnement et croissance. On le sait : la consommation à tous crins, source de pollution aussi coûteuse en matière de vies humaines que de biodiversité, n’est pas compatible avec les ressources limitées de la planète. Nos économies pourraient profiter du ralentissement pour produire mieux.
Nécessaire « remoralisation »
« Nous devons avoir une ambition : refonder le capitalisme, déclarait le ministre des finances, Bruno Le Maire, le 22 janvier. La croissance ralentit dans le monde, le rejet des inégalités est croissant, le besoin de justice plus fort. » Réunis au même moment à Davos, les grands patrons ont eux aussi admis la nécessaire « remoralisation » de la mondialisation. Ce constat est en passe de faire consensus. Mais, jusqu’ici, la volonté politique pour en tirer les conséquences et enclencher un véritable changement a manqué, aucun Etat n’étant prêt à risquer sa compétitivité pour, par exemple, relever la fiscalité des multinationales.
Une poignée d’entre eux viennent, malgré tout, de faire un petit pas. Le 29 janvier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a ainsi dévoilé un accord entre 127 pays visant à mieux taxer les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) dès 2020. L’objectif : assurer que les géants du Web paient un juste niveau d’impôt là où ils réalisent leurs activités et bénéfices, au lieu d’y échapper en grande partie, comme aujourd’hui. De quoi, si l’engagement est tenu, regonfler les recettes publiques et restaurer un peu de justice fiscale…
Donc voila, plusieurs questions à la suite de cette article:
Comment va se traduire cette fin de mondialisation ?
Que risque-t-on si comme décrit dans le papier, les pays s'accrochent bec et ongle à leur compétitivité sans aucune remise en question du modèle économique actuelle ?