parisse a écrit : ↑03 déc. 2020, 08:22
Une interview sur France Info de l'epidemiologiste du conseil scientifique
https://www.francetvinfo.fr/sante/malad ... 02809.html
il continue a donner un nombre de personnes infectees en France qui me semble bien faible:
Aujourd'hui, nous sommes à 50 000 morts avec, sans doute, autour de 10% de la population infectée.
avec une estimation de la mortalite plutot elevee (ce qui est logique)
Pour le Covid-19, en revanche, les estimations de la mortalité n'ont finalement pas trop bougé et ont rapidement convergé aux environs de 0,5-1%.
J'en retiens qu'on ne sait toujours pas modeliser le ralentissement de septembre, l'acceleration d'octobre, ni precisement ce qui a permis la baisse actuelle. D'ailleurs va-t-elle se prolonger en decembre?
Bref, je n'ai pas vraiment l'impression qu'il en sache plus que d'autres analystes serieux qui publient leurs resultats sur le Net. Il faut donc se preparer naviguer a vue pendant encore assez longtemps...
Perso, j'en suis à 12% de la population infectée... Y'a eu moins de nouveaux cas que lors de la première vague. Il y a des différences entre les régions (Paris à 20-25% par exemple), et probablement aussi dans les classes d'âge (les 16-30 ans ont été plus exposés).
Y'a un truc qu'il faut quand même comprendre, y'a quasi pas eu de propagation durant l'été (entre mai et fin juillet). C'est vers fin juillet que ça a commencé à augmenter, avec une hausse qui tournait autour de 30-40% chaque semaine. Mais on parle de 4'000 infections par semaine fin juillet qui sont montées à 40'000 fin août, ça touchait encore une proportion de la population très faible. Durant tout septembre, la hausse a ralenti, passant de 40% par semaine à une légère baisse fin septembre (-6%). On était à 70'000 infections par semaine. Et fin septembre/début octobre, ça a tout d'un coup commencé à remonter rapidement, pour atteindre 330'000 infections par semaine. Et durant novembre, c'est descendu à 60'000 par semaine avec une baisse de 40-50% par semaine. Un rythme de baisse qui ne s'était pas vu depuis avril.
Dans l'interview, y'a une phrase assez importante:
le fait que 80% des contaminations sont faites par 20% des cas
Y'a un truc qui s'est ancré dans nos tête, l'idée qu'une personne infecte 1-3 autres personnes, le R0. C'est la base du modèle SIR en épidémiologie. Alors ça fonctionne au niveau macroscopique. Mais en micro-épidémiologie, c'est pas du tout ce qui se passe. Il y a beaucoup d'infectés qui ne contaminent pratiquement personne, et une petite partie qui en contamine beaucoup. Et cet aspect est assez nouveau en fait. Le problème, c'est qu'on est incapable de dire si une personne infectée peut fortement propager ou non le virus autrement qu'en observant s'il a infecté des personnes autour de lui.
Au final, on navigue en effet à vue et on n'a pas les moyens de contrôler la propagation autrement que par des mesures assez drastiques (essentiellement réduire les contacts). On a aussi mis beaucoup trop de temps à comprendre que les aérosols jouaient un rôle important dans la propagation. Réduire les contacts fonctionne, bien évidemment. Porter des masques en présence d'autres personnes dans des lieux clos fonctionne. Réduire la taille des rassemblements et leur nombre fonctionne. Et il y a une immunité acquise par une partie de la population qui diminue aussi la propagation.
Actuellement, la Suisse a une incidence 3 fois plus élevée que la France ou la Belgique. et deux fois plus élevée que l'Allemagne. L'incidence ne diminue quasiment plus en Suisse, contrairement à la France ou la Belgique. On va assouplir les mesures dans une semaine (normalement), en ouvrant les restaurants/cafés, mais pas les bars qui servent de l'alcool (donc fermeture à 23h obligatoire).
Mon hypothèse, c'est qu'on va avoir une troisième vague entre maintenant et février, en Suisse. On ne s'est pas encore donné les moyens de juguler la propagation (le traçage des super-propagation). Le brassage d'une population hétéroclite dans les restaurants, la relâche des fêtes où la population va beaucoup se déplacer et les conditions hivernales vont favoriser la propagation. C'est différent en France et en Belgique je pense, où il y a beaucoup plus de précautions, et il y aura à priori une stabilisation.