Biocarburants :
LE POINT SUR LA FRANCE
Au regard des objectifs européens de pénétration des énergies renouvelables à l’horizon 2020, le secteur transport français est aujourd’hui relativement bien positionné (9 % PCI en 2018 contre 10 % attendus en 2020, en tenant compte des comptages multiples). En 2018, la consommation totale de biocarburants liquides s’est élevée à 3,2 Mtep, une consommation quasi identique à l’année précédente.
Depuis 2017, le carburant SP95-E10 contenant jusqu’à 10 % en volume d’éthanol est devenu le premier carburant consommé par les Français dans les véhicules essence avec une part de marché de près de 48 % en 2019 et qui a atteint 50 % sur le mois de janvier 2020. La France a été le premier pays européen à déployer l’usage de l’E10 en 2009, le nombre d’États membres l’adoptant s’est multiplié dernièrement pour atteindre le mandat d’incorporation européen 2020 de la RED.
Quant au superéthanol E85 (essence contenant jusqu’à 85 % en volume d’éthanol), il a connu un taux de croissance record de + 85 % entre 2018 et 2019. S’il ne représente encore que 3 % des essences consommées, il bénéficie d’un prix attractif et de l’homologation de 14 modèles de boîtiers(17) permettant son utilisation dans une large gamme de véhicules essence classiques. Par ailleurs, le parc français compte environ 39 000 véhicules flexfuel d’origine adaptés à la fois à l’usage de l’E85 et des essences classiques. Les acquéreurs de véhicules flexfuel d’origine bénéficient d’un abattement de 40 % sur les émissions de CO2 pour le calcul du malus écologique, pourvu que le modèle émette moins de 250 g CO2 eq./km.

Source : SNPAA 2019 d’après CPDC, DGDDI
Pour l’année 2020, une baisse conséquente de la production de betterave sucrière est attendue faisant suite aux attaques de nuisibles ainsi qu’à une diminution de la surface cultivée. Cependant, au cours du 1er semestre 2020, avec la baisse de la demande en éthanol carburant liée au confinement, les producteurs d’alcool agricole ont pu orienter leur production vers le marché des gels hydroalcooliques dont la demande a été multipliée par trois sur le seul mois de mars.
En termes de perspectives, la loi de finances 2019 a rehaussé les objectifs d’incorporation d’énergies renouvelables dans les essences (à 7,7 % en 2019 et 7,8 % en 2020) et dans les gazoles (à 7,9 % en 2019 et 8 % en 2020). Par ailleurs, la programmation pluriannuelle de l’énergie fixe des objectifs d’incorporation spécifiques pour les biocarburants avancés dans les pools essence et gazole en 2023 (1,2 % et 0,4 % respectivement) et en 2028 (3,8 % et 2,8 % respectivement). À noter que les biocarburants avancés incorporés au kérosène pour le transport aérien pourront être comptabilisés dans l’objectif du pool gazole.
À ce jour, en dehors d’une trentaine de milliers de tonnes d’éthanol issue de résidus viniques produits chaque année dans les distilleries de quelques régions viticoles françaises, la France ne dispose d’aucune installation dédiée à la production de biocarburants avancés alors que des technologies françaises sont disponibles pour l’ensemble des pools carburants. Plusieurs d’entre elles sont développées notamment en partenariat avec des acteurs majeurs français et européens par IFPEN(18). Ce n’est cependant pas sur le territoire français que les premières licences de ces procédés vont voir le jour, puisque c’est la compagnie Oil and Gas croate INA qui a fait le choix de la technologie FuturolTM (19) pour la construction de sa première usine de production d’éthanol lignocellulosique à partir de résidus agricoles et de miscanthus, à Sisak en Croatie.
Il faut enfin noter, en début d’année 2020, le lancement d’une initiative de l’État en faveur des biocarburants avancés, menée conjointement par les ministères de la Transition écologique et solidaire, de l’Économie et de l’Agriculture via un appel à manifestation d’intérêt (AMI) concernant la production de biocarburants aéronautiques durables. Cet AMI fait suite à la publication de la feuille de route fixant les objectifs d’incorporation de biocarburants dans le transport aérien en France(20). Il a pour objectif d’identifier les projets d’investissement dans des unités de production de biocarburants aéronautiques de 2e génération en France. La technologie Biomass-to-Liquid (BtL) BioTfueL(21) capable de produire un bio-kérosène de type FT-SPK(14) à partir de résidus agricoles et forestiers grâce à la synthèse Fischer-Tropsch se positionne parmi les options technologiques de futurs projets.