Crise du Gaz en Europe

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Politique(s) européenne(s) de l'énergie.

Message par energy_isere » 25 sept. 2022, 21:43

UE: les négociations sur le prix du gaz norvégien pourraient avancer "cette semaine", espère l'eurodéputé Canfin

AFP le 25 sept. 2022

Plafonner les prix du gaz que la Norvège fournit aux pays européens en quête d'alternative au gaz russe, est une question de "solidarité entre alliés", a souligné dimanche le député européen Pascal Canfin.

Alors que l'Union européenne cherche comment se passer du gaz de Russie, "une négociation est en cours avec la Norvège pour faire baisser le prix du gaz qu'on achète aux Norvégiens. Puisque nous avons fortement réduit nos achats de gaz russe, aujourd'hui le principal fournisseur de gaz en Europe est la Norvège", a dit sur France Inter le président de la commission Environnement au Parlement européen, qui espère "un atterrissage cette semaine" sur ce sujet.

"On partage à peu près tout avec la Norvège, les valeurs, la démocratie, l'opposition à Poutine... sauf la rente (du gaz, ndlr). Parce que ça nous coûte à peu près 100 milliards d'euros d'aller acheter du gaz en Norvège, et eux ça leur rapporte. Donc il est assez légitime de se mettre d'accord sur un prix maximum", a estimé l'ancien ministre français.

Pour lui, "à nous, Européens, on demande toujours d'être solidaires... Très bien, mais a-t-on le droit de temps en temps d'exiger de nos partenaires qu'ils soient solidaires avec nous? En l'occurrence c'est le moment historique: on a besoin que la Norvège, premier fournisseur de gaz, et l'Europe, premier client, soient solidaires. Donc une négociation est en cours, je ne sais pas si ça va marcher, l'objectif est d'avoir un prix maximum".

Et le secrétaire général délégué du parti présidentiel français Renaissance d'ajouter: "le pays suivant, c'est l'Algérie, dont on est maintenant un très gros client sur le gaz. Ce sera plus difficile, mais je pense que cette discussion doit avoir lieu. Et ensuite les Etats-Unis, pareil".

Oslo, par la voix de son premier ministre, s'est précédemment dit "sceptique" sur ce plafonnement du prix.
https://www.connaissancedesenergies.org ... fin-220925

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Re: Politique(s) européenne(s) de l'énergie.

Message par energy_isere » 27 sept. 2022, 00:38


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Crise du Gaz en Europe

Message par energy_isere » 27 sept. 2022, 22:06

Engie constate une baisse de 30% de la consommation de gaz des industriels européens
La consommation de gaz des entreprises les plus gourmandes en énergie a diminué en Europe de près de 30% depuis le début de la crise en Ukraine, signe que les industriels ont réduit massivement leur production, s'est alarmé mardi 27 septembre le président du conseil d'administration d'Engie.

REUTERS 27 Septembre 2022

«Quand on regarde les industries gazo-intensives qui sont connectées au réseau de transport européen, on évalue aujourd’hui à environ 30% les réductions de consommation», s'est inquiété le président du conseil d'administration d'Engie Jean-Pierre Clamadieu lors d'une conférence organisée par l'Association française du gaz, ce 27 septembre. Cela veut dire que de grands consommateurs, sidérurgistes, verriers, tous ceux pour qui le gaz est un élément essentiel du procédé, se sont posés la question de continuer à produire ou non et certain d’entre eux ont décidé d’arrêter. Et ça, c’est vraiment un point d’attention», a-t-il ajouté, précisant que la compétitivité de l'Europe était en jeu. «On va sans doute être capable de passer l'hiver sans réduction forcée de consommation, mais parce qu’on a vu du côté des industriels ces réductions massives et parce qu’on a la conviction qu’effectivement les ménages vont être capables, eux aussi, de faire un effort de réduction de consommation», a-t-il poursuivi.

Trouver des solutions pour calmer les prix

De nombreux industriels en Europe ont décidé de réduire leur production face à l'explosion des prix de l'énergie. Aluminium Dunkerque, par exemple, le plus gros producteur d'aluminium primaire en France, compte réduire sa production de 22% au quatrième trimestre. ArcelorMittal prévoit, de son côté, une baisse de sa production d'acier de 1,5 million de tonnes au quatrième trimestre 2022 en Europe par rapport à l'année précédente.

Pour Jean-Pierre Clamadieu, il est urgent de trouver une solution pour calmer les prix sur les marchés, qui ne reflètent pas, selon lui, les risques qui pèsent sur le gaz, quitte à ce que cette mesure soit "réglementaire". Il appelle notamment à un plafonnement du prix du gaz au niveau européen, une proposition qui ne trouve pas consensus pour l'instant au sein de la Commission européenne. Elle n'a pas non plus la faveur de Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies, invité à s'exprimer à la même table ronde. «Le gaz est un marché mondial. Le GNL (gaz naturel liquéfié) vient en Europe parce que les Européens acceptent de le payer un peu plus cher que les Asiatiques, sinon le GNL américain part en Asie», a-t-il dit. «Donc mettre un 'cap' sur le marché du gaz européen alors que fondamentalement, on doit amener plus de gaz, c’est un concept qui m'échappe», a-t-il poursuivi.

Les ministres de l'Energie de l'Union européenne se réuniront à nouveau le 30 septembre pour trouver des solutions communes à la crise énergétique.
https://www.usinenouvelle.com/article/e ... s.N2048367

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par LeLama » 27 sept. 2022, 22:55

Des sanctions si on chauffe a plus de 19 ?
https://www.tf1info.fr/societe/energie- ... or=CS5-113

Ca a l'air une piste de travail. Les articles pour qu'on s'habitue a l'idee sont en route. En meme temps, je ne vois pas comment ils pourraient controler.

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par kercoz » 27 sept. 2022, 23:13

On ne peut chauffer une epahd à 19°C ! ...Les vieux n'ont plus de cheminée pour s'y réfugier.
L'Homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. ( Jean Henri Fabre / Souvenirs Entomologiques)

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par mobar » 27 sept. 2022, 23:34

Encore un truc pour rendre obsolète la réforme des retraites! :lol:
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes bien informées et impliquées puisse changer le monde, en fait, ce n'est jamais que comme cela que le monde a changé »

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par al2o3 » 28 sept. 2022, 22:16

Entendu à la radio belge,
Engie rapporte une baisse de 30% du volume de ses clients industriels suite aux arrêts de production. Cela me semble énorme

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par phyvette » 28 sept. 2022, 22:29

Ah oui, c'est de la bonne décroissance.
"La consommation de gaz des entreprises les plus gourmandes en énergie a diminué en Europe de près de 30% depuis le début de la crise en Ukraine, signe que les industriels ont réduit massivement leur production, s'est alarmé mardi 27 septembre le président du conseil d'administration d'Engie."
https://www.usinenouvelle.com/article/e ... s.N2048367
Image Quand on a un javelin dans la main, tous les problèmes ressemblent à un T-72.

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par energy_isere » 22 oct. 2022, 00:27

Pipeline franco-espagnol: Madrid évoque jusqu'à 7 ans de travaux

AFP le 21 oct. 2022

Le pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille que veulent construire la France, l'Espagne et le Portugal pourrait nécessiter jusqu'à sept ans de travaux, a estimé vendredi une ministre espagnole.

"Nous devrons analyser s'il faudra 5, 6 ou 7 ans" de travaux avant sa mise en service, a déclaré la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera sur la radio Catalunya Radio.

Cela prendra "logiquement plus de temps" que pour le MidCat, qui visait à relier les réseaux gaziers français et espagnol via un pipeline de 190 kilomètres passant par les Pyrénées, a-t-elle ajouté.

"C'est techniquement complexe car c'est un projet sous-marin pour lequel il n'existe pas encore de tracé parfaitement identifié", a déclaré la ministre plus tard dans la journée lors d'une conférence de presse à Paris.

Relancé ces derniers mois par Madrid et Lisbonne et soutenu par Berlin, le projet MidCat - lancé en 2003, mais abandonné une première fois en 2019 en raison de son impact environnemental et d'un intérêt économique alors jugé limité - se heurtait à l'opposition de Paris.

La France, l'Espagne et le Portugal ont finalement annoncé jeudi à Bruxelles son abandon définitif au profit d'un pipeline sous-marin acheminant du gaz puis, à terme, de l'hydrogène vert entre Barcelone et Marseille. Un "Corridor d'énergie verte" dont le financement, le calendrier et le fonctionnement restent cependant à déterminer.

Le projet "est conçu pour l'hydrogène. Selon le moment où il sera mis en service, il est possible qu'à un moment donné, au début, il y ait encore une capacité de transport de gaz parce que ce besoin existe encore", a ajouté la ministre à Paris.

"Il reste désormais le plus compliqué, c'est à dire travailler avec les équipes techniques des différents pays et des entreprises capables de concevoir un projet ayant ces caractéristiques", mais c'est "un investissement dont notre pays aurait eu besoin et qui nous connecte à toute l'infrastructure européenne" énergétique, a estimé Mme Ribera sur les ondes.

La ministre espagnole a indiqué que les trois pays comptaient sur des fonds européens pour financer cette infrastructure, étant donné son "caractère européen" et "l'intérêt commun" d'un tel projet, qui permettra de relier les réseaux de la péninsule ibérique à ceux de l'Europe centrale.

Le président français Emmanuel Macron, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez et le Premier ministre portugais Antonio Costa doivent se retrouver les 8 et 9 décembre à Alicante, en Espagne, en marge du sommet des pays du sud de l'UE, pour avancer sur les détails de ce projet.
https://www.connaissancedesenergies.org ... x-221021-0

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par energy_isere » 25 oct. 2022, 01:48

Le prix du gaz européen au plus bas depuis quatre mois

AFP le 24 oct. 2022

Les prix du gaz européen étaient en baisse lundi, touchant leur prix le plus bas depuis juin, l'Europe faisant état de stocks presque totalement remplis pour faire face à l'hiver, quand le pétrole souffrait des craintes de récession.

Vers 10h30 GMT (12h30 à Paris), le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du gaz naturel en Europe, évoluait à 98,60 euros le mégawattheure (MWh), repassant ainsi sous la barre des 100 euros le MWh, une première depuis juin. "Les prix ont considérablement baissé par rapport à ce que nous avons vu en août et en septembre, grâce à un temps doux en automne dans toute l'Europe et à des niveaux de stockage élevés avant l'arrivée de l'hiver", commentent les analystes d'Energi Danmark.

PVM Energy estime que les réserves de l'Union européenne de gaz naturel sont remplies à 92%. Fin août, le TTF avait grimpé jusqu'à 342,005 euros le MWh, à moins de 3 euros de son record historique atteint en mars quelques jours après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

Les prix du gaz naturel en Europe évoluent toutefois à des niveaux toujours élevés, en hausse de 40% depuis le début de l'année.

Pour Stephen Brennock, de PVM Energy, "l'abondance de l'offre (...) et la chute des prix du gaz ont réduit les perspectives de substitution du gaz au pétrole", notamment pour le chauffage, pour les prochains mois, relâchant ainsi la pression sur les prix du brut.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre perdait 0,71% à 92,84 dollars, et son homologue américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois reculait de 1,02% à 84,18 dollars.

Même si les deux matières premières ne sont substituables qu'à la marge, les prix du gaz, récemment poussés à des niveaux stratosphériques, avaient incité à chercher des substituts comme le gasoil, qui s'avère être une bonne alternative pour le chauffage ou encore la production d'électricité. Des prix du gaz dissuasifs avaient ainsi augmenté la demande en brut.

Par ailleurs, "la hausse du dollar et l'incertitude de la demande mondiale continuent de faire pression sur les prix des matières premières", ajoute Walid Koudmani, analyste chez XTB.

Le brut se négociant en dollar, une appréciation marquée du billet vert pèse sur l'or noir, puisqu'il affaiblit le pouvoir d'achat des investisseurs utilisant d'autres devises.
https://www.connaissancedesenergies.org ... ois-221024

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par phyvette » 27 oct. 2022, 13:02

Arff ! On a maintenant tellement de gaz naturel que les prix sont juste tombés en dessous de zéro.
Lundi, les prix au comptant du gaz néerlandais pour une livraison dans l'heure - qui reflètent les conditions du marché européen en temps réel, sont tombés -15,78 € le MWh.

https://www.lecho.be/economie-politique ... 22757.html
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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par mobar » 27 oct. 2022, 17:59

phyvette a écrit :
27 oct. 2022, 13:02
Arff ! On a maintenant tellement de gaz naturel que les prix sont juste tombés en dessous de zéro.
Lundi, les prix au comptant du gaz néerlandais pour une livraison dans l'heure - qui reflètent les conditions du marché européen en temps réel, sont tombés -15,78 € le MWh.

https://www.lecho.be/economie-politique ... 22757.html
Merci le RCA! :lol: :lol:
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes bien informées et impliquées puisse changer le monde, en fait, ce n'est jamais que comme cela que le monde a changé »

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par al2o3 » 27 oct. 2022, 23:08

phyvette a écrit :
27 oct. 2022, 13:02
Arff ! On a maintenant tellement de gaz naturel que les prix sont juste tombés en dessous de zéro.
Lundi, les prix au comptant du gaz néerlandais pour une livraison dans l'heure - qui reflètent les conditions du marché européen en temps réel, sont tombés -15,78 € le MWh.

https://www.lecho.be/economie-politique ... 22757.html
C est étonnant car le Future ttf duch novembre est à 104, c est dans 5 jours

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par energy_isere » 29 oct. 2022, 14:36

Livraisons de gaz : les raisons d’un embouteillage de bateaux aux portes de l’Europe

Jean-Luc MOUNIER 29 oct 2022

Des dizaines de méthaniers patientent depuis plusieurs jours dans les eaux européennes pour décharger leurs cargaisons de gaz naturel liquéfié. Mais les pays européens peinent à absorber toute cette offre, d’autant que leurs réserves de gaz sont déjà pleines et leurs consommations moins fortes qu’attendu. Une situation d’attente dont les traders pourraient profiter.

Image
Le méthanier "Golar Igloo" arrive dans le port d'Eemshaven aux Pays-Bas, le 4 septembre 2022.

Alors que les pays européens se préparent depuis des semaines à des tensions énergétiques cet hiver, un embouteillage de bateaux chargés de gaz s’est formé dans leurs eaux depuis plus d’une semaine. Des "dizaines de navires" transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) flottent au large des côtes, a relevé le Wall Street Journal, dans l’attente d’être déchargés sur la terre ferme dans les terminaux de regazéification européens.

La BBC rapporte, quant à elle, que sur les 268 méthaniers recensés sur les eaux de la planète au mois d’octobre, 51 se trouvent actuellement à proximité de l’Europe. Le Vieux Continent devrait même recevoir 82 navires chargés de gaz sur l’ensemble du mois d’octobre, selon Bloomberg, soit 19 % de plus qu’en septembre.

Alors les quantités de gaz s’accumulent au large : près de 2 milliards de mètres cubes (soit 1,45 millions de tonne) de GNL attendaient encore d’être déchargés le 25 octobre. "Un nouveau record en cinq ans", selon la société Kpler, spécialisée dans l’analyse de données sur les matières premières.


"Des goulets d'étranglement peuvent se produire dans les terminaux européens, mais ils sont relativement rares et sont généralement dus à des problèmes météorologiques ou de maintenance, et certainement pas à ce niveau", a expliqué Charles Costerousse, analyste chez Kpler, interrogé par le site spécialisé Natural Gas Intelligence.

"Frénésie d’achats de gaz" et nombre de terminaux méthaniers insuffisants

Cette situation inédite dans les eaux européennes s’explique en partie par l’été qui vient de passer. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les pays de l’UE cherchaient des alternatives aux importations de gaz russe – qui se sont fortement réduites ces derniers mois – pour passer l’hiver.

L’importation de GNL fait partie des diverses sources d’approvisionnement énergétique privilégiées pour pallier cette situation, avec les États-Unis comme principal partenaire. Au mois de juin, Washington avait déjà exporté environ 39 milliards de mètres cubes de gaz vers l’Europe, des exportations qui ont "presque triplé", comme l’a déclaré en juillet la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Les institutions européennes s’étaient accordées en mai dernier pour imposer aux États membres de disposer au 1er novembre des stocks de gaz remplis à au moins 80 %. La course estivale à l'approvisionnement énergétique a nettement dépassé l’objectif initial. Au 19 octobre, plusieurs pays ont dépassé les 90 % de remplissage : plus de 99 % en France, plus de 96 % en Allemagne ou encore plus de 94 % en Italie.

Cette "frénésie d'achats de gaz", selon les termes employés auprès de la BBC par Fraser Carson, analyste de recherche chez Wood Mackenzie, peut expliquer en partie l’embouteillage actuel de méthaniers dans les eaux européennes.

À cela s’ajoutent aussi plusieurs autres facteurs, à commencer par l’industrie européenne dont plusieurs secteurs – l’acier, les engrais – ont réduit leurs activités économiques ces dernières semaines en raison de la flambée des prix du gaz.

La sobriété énergétique décidée dans plusieurs pays européens ces dernières semaines et les températures clémentes du mois d’octobre ont aussi entraîné une baisse de la consommation de gaz – de l’ordre de 14 % en France depuis août, selon la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher –, ce qui a pour conséquence de faire descendre moins vite que prévu les réserves des pays européens.

S’ajoute à cela le fait que l’Europe dispose d’une trentaine de terminaux méthaniers pour regazéifier le GNL. Mais ce nombre d’infrastructures n’est actuellement pas suffisant pour faire face à la demande actuelle – et des navires se retrouvent donc à attendre pour accéder à ces installations terrestres.

Prix du gaz volatil et "contango"

La combinaison de réserves de gaz quasi pleines et d’une consommation moins forte que prévu ont eu pour conséquence de faire baisser les prix du gaz. En début de semaine, il fallait débourser moins de 100 euros pour acheter un mégawattheure, un niveau qui n’avait plus été constaté depuis le mois de juin – mais les prix restent deux fois plus élevés qu'en début d'année.

Il n’empêche : les prix des énergies – pétrole, gaz et électricité – sont très volatils dans le contexte actuel et pourraient de nouveau rapidement repartir à la hausse, notamment en cas d’hiver rude.

Les méthaniers qui attendent dans les eaux européennes auraient alors un rôle d’importance à jouer, d’autant que les réserves de gaz européennes pourraient vite s’épuiser avec des conditions météorologiques difficiles. Pour l’Allemagne, par exemple, les stocks actuels ne sont "suffisants que pour répondre à la demande pendant deux mois de temps plus froid, de sorte que l'Europe devra continuer à attirer des cargaisons de GNL", note le Wall Street Journal.

Cette situation de nage entre deux eaux n’est pas non plus pour déplaire aux traders : pourquoi décharger le GNL maintenant si les prix doivent bientôt repartir à la hausse ? "(Ils) préfèrent attendre l'hiver pour vendre leur gaz, au moment où la demande devrait être la plus forte et fera donc augmenter les prix. Ils gagneraient ainsi plus d'argent à vendre leur chargement d'ici quelques mois que dans quelques semaines", explique Les Échos.

Avec ces bateaux chargés de GNL aux portes de l’Europe, une situation de marché est apparue pour les traders : le "contango" – quand le prix futur d’un produit de base est supérieur au prix actuel. Une opportunité financière qui pourrait rapporter davantage : Michelle Wiese Bockmann, rédactrice et analyste des marchés au journal maritime Lloyd's List, affirme auprès de la BBC qu'en attendant de livrer en décembre plutôt qu'en novembre, la différence de profit pourrait être de l'ordre de dizaines de millions de dollars par cargaison.
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/mon ... 9f27aa93b1

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Re: Crise du Gaz en Europe

Message par energy_isere » 31 oct. 2022, 19:59

L'Europe en a-t-elle fini avec la crise du gaz ?

AFP le 31 oct. 2022

Prix en chute, ports encombrés de méthaniers: après des mois de crise énergétique et de chasse aux approvisionnements alternatifs en gaz naturel pour compenser la chute de l'offre venant de Russie, l'Europe est-elle enfin sortie d'affaire ? Non, estiment plusieurs analystes.

Depuis plus d'une semaine, des embouteillages de méthaniers - ces navires qui transportent du gaz naturel liquéfié (GNL) - encombrent les ports espagnols, comme si l'Europe ne pouvait plus absorber plus de gaz. Selon le gestionnaire du réseau gazier espagnol Enagas, cette situation devrait se prolonger "au moins jusqu'à la première semaine de novembre".

Le TTF néerlandais, la référence européenne du gaz naturel, évolue actuellement proche de son plus bas niveau depuis juin. Il est même repassé temporairement au dessous de 100 euros le mégawattheure fin octobre. Son cours a chuté de plus de 60% depuis sa flambée d'août, après les interruptions de livraisons russes via les gazoducs Nord Stream qui avaient affolé les marchés. Le contrat du TTF pour livraison immédiate a même brièvement sombré en terrain négatif la semaine dernière, une première depuis octobre 2019. Même constat aux Etats-Unis, où les prix du gaz se sont effondrés.

Ces évolutions contrastent avec l'envolée stratosphérique du gaz, jusqu'à frôler les 350 euros le MWh en Europe en mars, après le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février. Depuis, l'Europe s'est échinée à remplir ses réserves pour réduire autant que possible sa dépendance à la Russie, courant derrière des sources alternatives, convoquant des réunions de crise et appelant à la sobriété énergétique.

Températures élevées

La stratégie s'est avérée payante, les niveaux de stockage de l'UE dépassant désormais les 90%. "Depuis le premier trimestre de 2022, l'Union européenne a bénéficié d'un très fort afflux de GNL principalement en provenance des États-Unis", expliquent les courtiers de Marex. Si Georgi Slavov, de Marex, affirme que l'Europe se situe effectivement à un stade d'offre de gaz excédentaire par rapport à la demande, "il est prématuré de crier victoire", met-il toutefois en garde.

L'accalmie actuelle résulte de plusieurs facteurs favorables. Des températures anormalement élevées pour la saison, font diminuer les besoins en chauffage, et donc en gaz. "Le ralentissement économique" et "les restrictions imposées sur la consommation de gaz" vont dans le même sens, argue l'analyste, interrogé par l'AFP.

Un hiver froid et une reprise industrielle à pleine capacité pourraient donc rapidement renverser la vapeur. "Le continent n'est pas sorti d'affaire", renchérit Nikoline Bromander, analyste pour Rystad Energy. "Avec les flux russes qui continuent de baisser, l'hiver 2023 sera encore plus difficile". Le cours du gaz naturel européen évolue d'ailleurs toujours à un niveau très élevé, en hausse de plus de 80% depuis le début de l'année.

Des phénomènes bien connus

"La courbe des prix ne va pas s'installer en territoire négatif", assure à l'AFP Eli Rubin, d'EBW Analytics Group. Une telle situation s'était déjà produite avec le brut américain, au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque la demande s'était effondrée, provoquant des surplus d'offre puis une course effrénée au stockage. Les cours du WTI avaient alors plongé dans le négatif, les investisseurs étant prêts à payer pour ne pas se retrouver avec des barils sur les bras.

Mais dans le gaz, "on parle de déséquilibres à court terme entre offre et demande qui ont un effet sur les prix à court terme", insiste M. Rubin, surtout concernant la livraison immédiate.

Même chose en Espagne, où les bouchons de tankers relèvent d'un "goulot d'étranglement", mais pas d'un déséquilibre fondamental entre une offre qui serait devenue trop abondante par rapport à la demande.

Ce phénomène a lieu "tous les ans" à l'approche de l'hiver, confirme Vincent Demoury, délégué général du GIGNL (International Group of Liquefied Natural Gas Importers), et reste localisé au large de l'Espagne.

Le pays compte six ports méthaniers, plus que n'importe quel autre pays européen, où 108 navires sont accueillis chaque semaine. L'Espagne possède par ailleurs 44% des capacités totales de stockage de l'Union européenne, selon Enagas.

Selon M. Demoury, la baisse de la consommation de gaz et les stocks élevés pour l'hiver font qu'il n'y a plus "de créneaux disponibles en Europe en novembre" pour décharger les navires. Les méthaniers se transforment ainsi en stockage flottant temporaire "en attendant que les consommateurs aient besoin de gaz et que les prix soient plus attractifs".
https://www.connaissancedesenergies.org ... gaz-221031

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