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par Léger » 28 janv. 2023, 11:54
Impossible de dérouler ici l'histoire des États-Unis, seulement quelques repères et rappels.
Au sujet des États-Unis, l'on peut considérer qu'à partir de la doctrine Monroe (1823) et plus encore depuis la fin de la 1ère guerre mondiale, les États-Unis ont représenté et représentent encore le "centre de gravité" économique et politique du monde. C'est là que se trouve l'une des principales questions-clé du monde contemporain. Depuis les années 1918-1920, donc depuis la fin de la 1ère guerre mondiale qui entraina la fin des quatre grands empires européens, pas moins ! Rappelés ci-après : l'empire allemand, l'empire d'Autriche-Hongrie, l'empire russe et l'empire Ottoman. Ce dernier jouxtait, tout comme la Turquie aujourd'hui, les marches à l'Est de l'Europe.
Insensiblement, ce "centre de gravité'' du monde s'est déplacé au fil de l'histoire depuis l'Europe vers l'Amérique du Nord, la Grande Bretagne jouant toujours un rôle important mais secondaire. Un déplacement croissant à partir des années 20 du XXème siècle et accentué depuis 1945.
Ainsi aux États-Unis, il y a les Autochtones marginalisés (mais c'est là une autre histoire). Les premières émigrations importantes formant les arrivées massives et continues d'européens comportaient beaucoup de britanniques avant l'indépendance officielle des États-Unis (1776). De tout temps, la plupart de émigrants aux États-Unis fuyaient la misère de leurs pays d'origine. Il faut rajouter les descendants des esclaves africains, plus les latino-américains comprenant les autochtones Mexicains des quelques 40% du territoire mexicain qui ont été volés de force aux Mexicains en 1847 par les Nord-américains (je cite de mémoire, il s'agit de : la Haute-Californie, le Nevada, l'Utah, l'Arizona, le Texas, des parties importantes du Wyoming, du Colorado, du Nouveau-Mexique (et peut-être d'autres). Il faut compter aussi l'émigration presque continue vers les États-Unis en provenance d'Asie (qui entraîna autrefois certains problèmes).
Les États-Unis représentent ainsi un conglomérat où les arrivants et leurs descendants, sur un fond d'inégalité bien connu, ont pu développer une productivité jamais atteinte dans le monde avec le développement d'un capital en conséquence. J'exhorte d'aborder l'étude de l'histoire du - dollar-us - qui, à elle seule, élucide décisivement l'histoire des États-Unis puis du monde contemporain, autrement dit actualité la plus brûlante en 2023 !
Devenu le 'pays' le plus riche du monde et le plus influent, on ne finirait pas l'inventaire des richesses naturelles, matérielles, mais surtout intellectuelles qui ont fait florès aux États-Unis. Les États-Unis ont drainé de la matière grise à partir du monde entier, d'abord de l'Europe entière, mais aussi de l'Asie, etc.
Progressivement, j'insiste sur ce mot - progressivement - cette puissance étatsunienne a généré sans s'annoncer le substrat de ce qu'on nomme à présent la 'mondialisation' et, consécutivement; les réseaux essentiels qui s'y sont formés. Car créer, contrôler et détenir la monnaie mondiale qui s'appelle le dollar-us confère, de facto aux États-Unis, un pouvoir non annoncé, un pouvoir extraterritorial partout dans le monde. Ainsi :
"".... les visées américaines touchaient aussi la structure monétaire du monde. Michael Hudson a parfaitement montré comment les États-Unis se sont efforcés d'affaiblir et de casser la zone sterling en vue d'englober dans une vaste zone dollar l'ensemble des pays évoluant dans la sphère occidentale. L'expansion du commerce américain supposait que fussent brisées les entraves constituées par les zones monétaires organisées autour d'une devise européenne... Il fallait que le dollar devienne la principale monnaie de réserve et, pratiquement, la seule référence."" (1)
Il existe pleins d'autres articles et documents expliquant l'attitude géostratégique étatsunienne qui défendra la suprématie du dollar (jusqu'au bout ?). Sans jeu de mot, là est la question capitale pour la sécurité du monde.
On comprend un peu mieux ainsi les 'vrais' risques de la guerre ukrainienne. Notre 'émotion' se comprend immédiatement devant cette guerre inique déclenchée par Poutine et son régime, mais non causée par la Russie, avec le risque fatal d'aggravation accrue. Mais nos émotions qui remplissent plein de commentaires, tous ces commentaires sont cultivés à souhait par nombre de médias semblent n'avoir aucune portée sur les réalité et sur la 'suite' des hostilités (?).
Quand je pense que, sauf erreur, en février 2003, peu de semaines avant que les USA attaquent l'Irak le 20 mars 2003, il y eut dans le monde entier des manifestations monstres contre cette attaque américaine (une de plus). J'avais compté alors rapidement que, dans le monde entier, le nombre de manifestants contre la guerre américaine en Irak représentait quelque 1% de la population mondiale à l'époque s'étant dérangés pour manifester pour la Paix. C'est énorme ! Car il faut y rajouter tous ceux qui pensaient dans le même sens mais qui ne purent ou ne voulurent pas manifester. Le président français Jacques Chirac s'opposa fermement et publiquement à cette guerre et il eut parfaitement raison. Ce président fût à peu près le dernier à exprimer dans le monde la voix de la France avant que continue le long calvaire de la dégringolade de ce pays ... c'est ce qu'on vit aujourd'hui.
(1) -le Rêve et l'Histoire- de Claude Julien. (Éd. Grasset, 1976)