Toujours dans cette idée "c'était pas mieux avant" :
https://information.tv5monde.com/info/r ... rir-495793
Les autorités russes ont exigé que le Centre[Sakharov], installé depuis 27 ans dans un ancien manoir, quitte les lieux fin avril en emportant tout ce qu'il possède, notamment son exposition sur les crimes soviétiques.
Sous un régime nazi, toutes les pièces auraient été sorties du musée et brûlées dans un grand incendie. Le manoir serait devenu un lieu de débauche pour les officiers...
Sous Staline, déjà un tel lieu (par exemple documentant des crimes des deux camps durant la guerre civile) aurait disparu dès 1929 ou 33. Si par miracle il avait été oublié et redécouvert en 37, les pièces aurait été détruites, falsifiées, les gardiens de la mémoire pour moitié fusillé, l'autre déportée à la Kolyma, les
épurateurs eux-mêmes fusillés quelques mois plus tard, des fois qu'ils aient gardé en mémoire une partie de ce qu'ils ont vu.
(et dans le monde de orwellien de 1984 : les pièces passent à l'incinérateur, les individus sont "vaporisés dans la stratosphère")
Alors là, que les autorités exigent de partir en emportant tout, c'est plutôt soft.
C'est laisser la possibilité de ressurgir plus tard. Au contraire des totalitarismes qui ne voulaient laisser aucune chance de renaître ceux qu'ils avaient dans le viseur (par exemple, par extermination complète de la "race juive").
J'ai l'image de la Russie et l'URSS comme un lit de souffrance... peut-être que ça vient du climat rude? La guerre civile a été le cadre d'horreurs bien pire que ce qui a eu lieu à l'ouest lors de la première guerre mondiale, la violence d'Etat illimitée s'est perpétuée jusqu'en 1953, la violence ressurgit avec cette guerre.
La Russie n'a pas vraiment connu de période d'état de droit, on peut se demander si la préservation de la mémoire est possible. Il vaut mieux bien cacher ces pièces de musée, au cas où le pouvoir se raidit encore.
Plus nombreux que des oeuvres à la gloire de Staline, il existe (ou il a existé)quand même dans l'espace public des exposés des épurations, je ne sais pas ce qu'elles deviennent.
C'est peut-être la plus imposante des oeuvres de mémoire : le masque de tristesse à Magadan :
