GillesH38 a écrit : ↑15 janv. 2024, 09:49
En réfléchissant à cet histoire d'indicateur, j'ai aussi élaboré un raisonnement qui montre pourquoi les politiques climatiques sont absurdes et ne seront jamais réalisées ...
L'idée est donc qu'une décision doit etre plus ou moins "optimale" par rapport à un certain critère. Evidemment la réalité des choses, les influences de certaines considérations psychologiques, les erreurs de jugement, les interêts particuliers de tel ou tel secteur d'activité, peuvent faire qu'on ne soit pas vraiment à l'optimum, mais en tout cas en principe on cherche à s'en approcher. Et si on "recommande" de faire ci ou ça, c'est qu'on pense qu'on est proche de l'optimum.
Par exemple si le Lama déconseille les vaccins et que l'OMS les conseille, les deux pensent que leur recommandation est "optimale". Ils n'ont pas la même conclusion parce qu'ils n'interprètent pas de la même façon les données et peut etre n'ont pas le même indicateur à optimiser, mais le principe de leur démarche est le même au fond, ils cherchent tous à optimiser LEUR indicateur. Surement que l'un des deux se plante dans sa démarche mais le principe de base n'est pas mauvais.
Mais quelle la propriété mathématique d'un optimum ? un optimum c'est comme le sommet d'une montagne, c'est un point maximum (ou le fond d'une cuvette si on minimise un dommage). Une propriété fondamentale d'un sommet ou d'une cuvette c'est d'être localement "plat". Quand vous etes arrivés au sommet, vous vous reposez parce que c'est plat. C'est une évidence parce que si c'est pentu dans une direction, c'est que ça monte quelque part et donc vous n'êtes pas arrivés au sommet !
Mathématiement (pour des fonctions assez régulière), la condition est que la dérivée partielle dans toutes les direction doit etre NULLE, c'est à dire que quelle que soit le petit changement que vous faites dans n'importe quel sens, l'impact sur l'indicateur est quasiment nul. Sinon vous pourriez encore améliorer l'indicateur si un effet était non nul, donc vous ne seriez pas à l'optimum.
Tout ça est évident pour tous ceux qui ont regardé des problèmes d'optimisation, on maximise (ou minimise) un indicateur en annulant les dérivées partielles.
OK, maintenant prenons un cas très concret, le scénario à 1,5°C. On nous dit que pour respecter ce seuil, il faut baisser rapidement la consommation de fossiles, genre - 43 % d'ici 2030 , ce qui fait environ - 7 % par an (je ne discute pas les chiffres précisément mais c'(est un ordre de grandeur).
` - 7 % / an, ça fait un temps caractéristique de décroissance exponentielle (division par e ) de 100/7 = 15 ans, et ça fait un budget carbone à émettre de 15 * 10 Gt C = 150 GT de C environ. Sachant qu'actuellement 10 GtC/an correspondent à environ + 2 ppm par an et à 0,015°C par an en moyenne, 150 GtC correspondent environ à + 30 ppm (soit une limite à 450 ppm) et environ +0,2 °C, ce qui est cohérent avec la limite de 1,5°C (on a eu un pic en 2023 vers 1,5°C mais en moyenne on est plutot à 1,3°C les années précédentes).
Tout ça est donc ien cohérent, pas de problème avec ces estimations.
Maintenant demandons nous si c'est optimal au sens de "neutre par rapport à toute petite variation". Prenons comme petite variation que la diminution soit juste de 90 % de l'idéale, c'est à dire qu'au lieu de baisser de 43 % en 2030, on n'ait baissé que de 0,9*43 % = 39 % la consommation. Si on prend une consommation de 100 actuellement, on serait en 2030 à 61 , au lieu d'être à 57. On consommerait donc en 2030 4 /60 = + 6,6 % de fossiles par rapport au scénario idéal. C'est effectivement une "petite" perturbation.
évidemment on perd en CO2, on augmente de 10 % le budget carbone, donc typiquement on au lieu de + 30 ppm, on serait à +33 ppm, donc à 3 ppm de plus que dans l'idéal.
Ca fait quoi comme effet 3 ppm ? ben avec la proportion 2 ppm = 0,015 °c, ça fait environ +0,02 °C de plus, 2 CENTIEMES de °C.
Donc on a gagné + 6,6% de fossiles en plus , et on a "payé" ça avec 0,02 °C en plus.
Mais 6,6 % de fossiles en plus, ça doit faire "environ", 6,6 % de PIB en plus, toute chose égales par ailleurs? Et en plus on peut les utiliser à des choses les plus utiles qu'on imagine : à construire plein d'éoliennes, de panneaux solaires en plus, à replanter plein d'arbres, à équiper en eau potable des populations pauvres à sauver la biodiversité , à indemniser les victimes des catastrophes climatiques.. en fait vous prenez n'importe quel truc que vous trouvez le plus utile dans le monde et le plus urgent, et vous lui consacrez 6 % du PIB, c'est ENORME : 6% du PIB mondial c'est bien plus que le cout total des catastrophes climatiques , que l'aide au développement, que le budget consacré à l'isolation des maisons etc ...
Vous n'avez que l'embarras du choix, vous allez pouvoir faire des choses très utiles avec. Le prix à payer ? 0,02°C de plus. C'est évident que 0,02°C de plus ça coute en revanche beaucoup MOINS que 6 % du PIB, sinon on serait tous morts depuis longtemps avec 1°C de plus c'est à dire 50 fois cette valeur (qui devrait nous couter "300 % du PIB" autrement dit on devrait etre à zéro PIB depuis longtemps).
La comparaison est totalement déséquilibrée, le gain qu'on a avec + 6% de PIB est sans commune mesure avec le cout à payer, c'est au moins un ordre- de grandeur en plus. C'est totalement absurde de dire que le gain serait marginalement nul. C'est tout simplement impossible.
Je vous laisse comprendre l'origine du paradoxe, mais en fait elle est très simple. C'est qu'une tonne de fossile produit en plus produit une richesse d'environ 7000 $ en moyenne (le rapport du PIB mondial à la consommation d'énergie) et ne coute qu'une centaine de $ en externalités. On retrouve ce facteur 70 dans le calcul que j'ai fait plus haut. Une tonne de fossile produit BIEN PLUS de richesse qu'elle n'en coute, de toutes les façons que vous retourniez le probleme.