L’Europe développe sa première mission d’atterrissage lunaire Argonaut
par Brice Louvet 23 juillet 2024,
L’ESA vient de dévoiler les contours de son atterrisseur lunaire Argonaut, prévu pour 2031. Conçu pour offrir à l’Europe un accès autonome à notre satellite naturel, il promet de jouer un rôle crucial dans les missions lunaires à venir.
Argonaut, un atterrisseur polyvalent
L’atterrisseur Argonaut, dont le lancement est prévu pour 2031, est conçu pour être une plateforme de livraison robotisée sophistiquée. Capable de transporter jusqu’à 2 100 kilos de marchandises, cet atterrisseur jouera un rôle clé dans la logistique lunaire. Il pourra en effet acheminer des fournitures essentielles telles que de la nourriture et de l’eau, ainsi que des instruments scientifiques sur la surface lunaire.
Avec une précision d’atterrissage supérieure à 100 mètres, Argonaut sera également capable de se poser dans presque n’importe quelle région de la Lune, ouvrant ainsi des possibilités inédites pour l’exploration et l’exploitation de différents sites lunaires. Physiquement, l’atterrisseur sera structuré autour de trois éléments principaux :
L’élément de descente lunaire : ce composant est responsable de la phase de vol et d’atterrissage sur la Lune.
La charge utile : elle peut inclure divers équipements, tels que des rovers ou des instruments scientifiques, selon les besoins de la mission.
La plateforme de chargement : servant de lien entre l’élément de descente et la charge utile, cette plateforme facilite le déploiement et la gestion des équipements.
Pour soutenir ses missions, l’ESA a également attribué un contrat à Redwire Corporation, une entreprise floridienne, pour le développement d’un bras robotisé. Ce bras jouera un rôle crucial dans les opérations logistiques d’Argonaut, notamment en déchargeant, en récupérant et en positionnant les objets sur la surface lunaire.
Schéma de l’atterrisseur lunaire robotisé Argonaut de l’ESA, dont le lancement est prévu pour la première fois en 2031. Crédits : ESA
Une station de recharge
En parallèle, l’ESA développe un concept innovant : la Station de Recharge européenne pour la Lune. Lancée en même temps qu’Argonaut, elle a pour but de compléter et de soutenir les opérations lunaires de manière significative. Contrairement à l’atterrisseur, dont la principale tâche est la livraison ponctuelle de ressources et d’équipements, cette station sera conçue pour stocker et gérer ces ressources sur la Lune. Elle servira de station-service où les ressources nécessaires pour les missions futures pourront être stockées, rechargées ou redistribuées.
En outre, tandis qu’Argonaut est un véhicule robotisé qui se rend sur la Lune pour des missions spécifiques, la station de recharge aura une présence continue sur la surface lunaire. Elle sera un point d’ancrage pour les futures missions, ce qui facilitera la logistique de manière plus stable et durable.
Enfin, cette station pourrait inclure des technologies pour recharger ou maintenir les équipements et les modules utilisés sur la Lune, ce qui rendra les opérations sur place plus simples. Par exemple, elle pourrait fournir des services de maintenance ou de réparation pour les rovers et d’autres instruments.
La planification des missions et des objectifs
L’ESA envisage de lancer cinq missions avec Argonaut au cours des années 2030. Chaque mission, qui durera entre une semaine et un mois, sera conçue pour effectuer des livraisons spécifiques et réaliser des opérations scientifiques sur la surface lunaire. Cette série de missions devrait non seulement renforcer la capacité de l’Europe à mener des opérations autonomes sur la Lune, mais aussi contribuer aux connaissances scientifiques sur notre satellite naturel.
Un aspect innovant de ce programme est la capacité d’Argonaut à intégrer des systèmes de navigation et de communication avancés, tels que le système Moonlight. Ce dernier permettra une connexion à haut débit avec la station spatiale Gateway, un projet dirigé par la NASA dans le cadre du programme Artemis. Cette connexion sera essentielle pour coordonner les missions lunaires et permettre une communication continue entre la Lune et les centres de contrôle au sol.
L’atterrisseur Argonaut représente ainsi une avancée significative dans la stratégie européenne pour l’exploration spatiale. En développant une capacité autonome d’atterrissage et de livraison sur la Lune, l’ESA ouvre en effet la voie à des missions plus complexes et à une présence humaine plus soutenue sur la surface lunaire. La collaboration internationale et les innovations technologiques intégrées dans ce projet témoignent également de l’engagement de l’Europe à jouer un rôle de premier plan dans l’exploration spatiale future.