Béton/Ciment et production de CO2

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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Re: Béton/Ciment et production de CO2

Message par energy_isere » 13 juil. 2024, 21:35

Industrie: dans le Poitou, chantier "pharaonique" pour du ciment moins carboné

AFP le 13 juill. 2024

Flanquée de 13 grues, la "tour à cyclones" en béton domine d'une centaine de mètres la campagne du Poitou, élément-clé d'une cimenterie ultramoderne en construction à Airvault (Deux-Sèvres), censée produire un ciment moins carboné sur fond de réchauffement climatique.

Quelque 500 ouvriers s'affairent sur ce chantier "pharaonique" du géant allemand Heidelberg Materials qui investit environ 350 millions d'euros pour réduire de moitié, d'ici 2030, les émissions de CO2 du site.

Cette cimenterie de 21 hectares doit entrer en service courant 2025 et prendre le relais de son historique voisine, fondée en 1919, en conservant ses 150 salariés.

L'usine d'Airvault (549.000 tonnes de CO2 émises en 2022) a été classée comme le 12e site industriel le plus émetteur de gaz à effet de serre en France, dans un secteur qui représente à lui seul 7% des émissions mondiales de CO2.

"Nous sommes le deuxième cimentier mondial. Le fait qu'on se décarbone, c'est visible au niveau de la planète", plaide Bruno Pillon, président des activités France de Heidelberg Materials.

Le procédé traditionnel de fabrication du ciment nécessite beaucoup d'énergie et émet environ 800 kg de CO2 par tonne produite, ratio supérieur à celui du transport aérien.

Mais selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), le déploiement d'ici 2050 des meilleures technologies existantes "aboutit à 50% de baisse d'émissions, pour un surcoût de production compris entre 15 et 25%".

- Fours rotatifs -

À Airvault, les deux immenses fours rotatifs du site historique, tubes chauffés à 1.450°C, transforment en lave le "cru", granulé blanc de calcaire broyé. Après refroidissement, le "clinker", granulé noirci aux propriétés hydrauliques nouvelles, est prêt à être mélangé à d'autres matériaux pour former du ciment, ingrédient de base du béton.

Cette cuisson, dite calcination, génère par réaction chimique un CO2 incompressible qui représente les deux tiers des émissions d'une cimenterie, le reste correspondant à la dépense énergétique.

Avec sa nouvelle "tour à cyclones" et un refroidisseur "de dernière génération", Heidelberg cible cette dernière part en remplaçant 90% des combustibles fossiles par des combustibles alternatifs, comme des déchets non recyclables.

"La tour de préchauffage avec précalcinateur est vraiment le levier de la décarbonation", explique Bruno Manivet, directeur de la cimenterie. "À l'horizon 2030, ça correspond à un engagement du groupe, sur l'ensemble du globe, d'arriver à 400 kg de CO2 la tonne de ciment".

Un rapport du Réseau Action Climat reconnaissait en 2023 "une réduction des émissions globales [de Heidelberg France] depuis 2019", qui restait cependant "à confirmer".

Le groupe, qui investit 650 millions d'euros en France, vise la neutralité carbone en 2050.

Pour s'attaquer aux deux tiers d'émissions incompressibles, Heidelberg fait partie du consortium GOCO2 qui prévoit de capter et transporter le gaz carbonique d'origine industrielle vers des sites de stockage ou de valorisation.

Le groupe compte aussi réduire la proportion de "clinker" dans son ciment. Une voie explorée par la start-up française Hoffmann Green qui produit des ciments sans cuisson, composés de "laitiers de sidérurgie" (déchets de la fabrication de l'acier), de boues d'argile et de gypse.

- Objectif "peu crédible" -

L'organisation professionnelle France Ciment chiffre à 3,8 milliards d'euros le coût de décarbonation de la filière tricolore, deux fois son chiffre d'affaires annuel.

L'objectif de la neutralité semble néanmoins "peu crédible", selon Morgane Moullié, chargée de projet à l'Observatoire de l'immobilier durable (OID), qui questionne la méthodologie retenue - par exemple pour le laitier de sidérurgie, parfois compté "comme zéro" dans le bilan carbone du ciment car issu d'un réemploi.

"Je ne pense pas qu'on prenne le problème par le bon bout", poursuit-elle, citant la nécessité d'aller vers des matériaux biosourcés comme la pierre ou le bois, "plus prometteurs".

"Si l'on généralisait des matériaux à faible impact carbone dans le bâtiment neuf à l'horizon 2030, on aurait une réduction de 22% des émissions", confirme Andrés Litvak, responsable Bâtiment durable à la direction territoriale sud-ouest du Cerema, établissement public d'expertise sur la transition écologique.

Mais "si l'on regarde le marché, la solution de facilité, c'est le béton", faute d'offre suffisante de matériaux biosourcés, ajoute-t-il en soulignant aussi la nécessité de ce matériau pour la construction des fondations.
https://www.connaissancedesenergies.org ... e-240713-0

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la récupération, le recyclage dans le BTP

Message par kercoz » 25 oct. 2025, 17:10

Intéressante émission sur le béton et le bétonnage, ...un des plus gros polluant de la planète:
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... nt-5609816

Le béton est aujourd’hui le troisième plus grand émetteur de gaz à effet de serre et le matériau le plus utilisé par l’homme. Malgré l'impact écologique majeur, la bétonisation du monde ne cesse de s'amplifier depuis 1945. Peut-on imaginer un avenir sans béton ? Quelles sont les alternatives ?

La bétonisation du monde a commencé après-guerre, s’est accéléré dans le courant des années 1970, et cesse de s’amplifier depuis une dizaine d’années, malgré son indice de pollution. Quelles sont les conséquences écologiques de ce matériau ? Comment endiguer le problème du béton face à l’urgence climatique et à la mainmise des industries bétonnières ? Peut-on dépolluer le béton ? Quelles sont les alternatives possibles ? Les autres voies de construction sont-elles aussi assez résilientes dans le temps pour résister au réchauffement de la planète ? Par quels moyens doit s'opérer le changement de paradigme ?

Pour en discuter, l’architecte et activiste Léa Hobson analyse toute la filière bétonnière, et ses conséquences sur notre environnement, en proposant de nouvelles alternatives dans un essai publié aux éditions La Découverte intitulé, Désarmer le béton, ré-habiter la terre, paru dans la collection “zones”. A ses côtés, Clara Simay, est architecte, spécialiste en écologie urbaine et sociale, fondatrice de la coopérative Grand Huit.///////////
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Re: Béton/Ciment et production de CO2

Message par kercoz » 27 oct. 2025, 08:43

https://conseils.hellopro.fr/quels-sont ... -4228.html

Il faut ajouter à cette étude, l'épuisement des resources de sables et granulats.
J'ai controlé les installations d'une usine a fabrication de ciment durant des années....certains moteurs étaient situés tres loin ds les combles , ou personne n'allait jamais ...pour y jeter un oeil, j'avançais sur un sol couvert de 20 cm de poussière hyper fine : en posant le pied, aucune sensation de contact jusqu'au sol ! ....apres j'évitais de respirer le nuage qui remontait .....les vignes autours de l'usine, ttes blanches, touchaient des indemnités .
je récupérais les briques du four balancées ds une décharge voisine ...four rotatif d'une centaine de metre .
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Re: Béton/Ciment et production de CO2

Message par energy_isere » 14 nov. 2025, 22:44

Rhône décarbonation : l'ambitieux projet pour capter et stocker du CO2 de la plus grande cimenterie de France

Connaissance des Énergies avec AFP le 14 novembre 2025

Les millions de tonnes de CO2 qu'elle relâche dans l'atmosphère pourraient disparaître, enfouies sous la Méditerranée: la plus grande cimenterie de France, située en Isère (sud-est), prépare sa mue en industrie "zéro émission" à l'horizon 2030.

L'un des 50 sites industriels les plus émetteurs de CO2

L'usine du cimentier français Vicat, posée au bord du Rhône dans le village de Montalieu-Vercieu à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Lyon, se classe parmi les 50 sites industriels les plus émetteurs de dioxyde de carbone du pays.

Coiffée d'une haute cheminée, elle se compose de silos de toutes les tailles et d'un four rotatif atteignant les 1 450°C où se consume 24h/24 toute une variété de combustibles, charbon et biomasse mais aussi une part croissante de déchets: pneus broyés, vieux meubles ou farines animales. L'air y est imprégné de fine poussière grise, inlassablement lavée au sol par des camions balais.

Un vieux gazoduc reconverti en « carboduc »

Le site quasiment centenaire est aujourd'hui au cœur d'un vaste projet visant à capturer puis évacuer le CO2 lié à sa production via un vieux gazoduc reconverti en "carboduc" et offrir au passage le même service à d'autres entreprises tout au long de la vallée du Rhône.

Arrivé à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), le gaz serait liquéfié pour être transporté par bateau puis "définitivement" stocké dans des fosses géologiques exploitées par le groupe ENI au large de l'Italie.

Baptisé "Rhône décarbonation", le projet dont le coût est évalué entre 1 et 1,5 milliard d'euros a pour particularité d'offrir une nouvelle vie à des infrastructures déjà existantes, notamment une portion de gazoduc de quelque 300 km et un terminal méthanier à Fos-Tonkin.

Un « petit bonus » sur le marché des ciments bas carbone

Outre Vicat, le projet est porté par des co-maîtres d'ouvrage : la société de pipeline SPSE, l'exploitant du terminal de Fos-Tonkin Elengy et le gestionnaire du réseau de transport électrique RTE.

Ils ambitionnent de convoyer annuellement 4 millions de tonnes de CO2, dont 1,2 million pour Vicat. D'autres cimentiers préparent des projets similaires mais à l'heure actuelle, seule la Norvège dispose d'une unité déjà opérationnelle de ce type.

Vicat, qui prévoit d'investir entre 600 et 900 millions d'euros et mise aussi sur des financements français et européens, a lancé ses études il y a deux ans et prévoit une "décision d'investissement" fin 2027 pour une mise en service trois ans plus tard. "2030, à l'échelle industrielle, c'est demain. On ne va pas le cacher. C'est ambitieux", souligne Christian Daumarie, directeur du programme.

L'idée est d'arriver au plus vite sur le marché des ciments bas carbone car "les premiers auront un petit bonus" grâce à l'évolution attendue de la réglementation sur l'usage des bétons et ciments, explique-t-il à l'AFP.

Pas d'autre solution pour des industries difficiles à décarboner

Pour Jean-Michel Fourniau, l'un des trois garants de la Commission nationale du débat public (CNDP) pour la concertation préalable menée au printemps sur le projet Rhône décarbonation, l'industrie cimentière n'a de fait "pas d'autre solution que de se décarboner".

Une nécessité liée, selon lui, à la hausse attendue du coût des émissions sur le marché des quotas carbone et l'évolution des normes européennes qui "imposent d'ici 2031 une réduction massive de l'empreinte carbone dans la construction, et donc l'utilisation de bétons bas-carbone".

"On voit monter depuis deux ans cette question du captage, du stockage du carbone parce que, dans la perspective du zéro carbone en 2050, pour ce type d'industrie, il n'y a pas d'autre solution que de le capter et de l'enfouir", a-t-il dit à l'AFP.

7% des émissions mondiales de CO2

Le captage et stockage de dioxyde de carbone (CCS) est cité par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) parmi les solutions pour réduire l'empreinte d'industries difficiles à décarboner telles que les cimenteries, responsables à elles seules de 7% des émissions mondiales de CO2.

La zone industrialo-portuaire de Fos, deuxième zone industrielle la plus polluante de France après Dunkerque, a elle aussi amorcé une profonde transformation pour sauvegarder son tissu industriel tout en la décarbonant, et accueille des dizaines de projets.

Tel qu'annoncé, le chantier Rhône décarbonation apparaît "plutôt vertueux", estime Philippe Chamaret, directeur de l'Institut Ecocitoyen, implanté depuis 2010 à Fos-sur-Mer. Mais "qu'est-ce que ça va représenter en termes d'énergie de transporter tout ce dioxyde de carbone ? Il est issu de la production d'énergie et on va dépenser encore plus d'énergie pour s'en occuper", relève-t-il.
https://www.connaissancedesenergies.org ... nce-251114

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