Xinjiang : l'énergie attise le conflit.
Détenant d’importantes richesses en énergie et voie de transit incontournable pour les importations en provenance d’Asie Centrale, la région autonome ouïgoure du Xinjiang est vitale pour l’économie chinoise.
Le 08 juillet 2009 par Daniel Krajka Usine Nouvelle
Des émeutes et une répression particulièrement brutale ont mis à la une la province autonome du Xinjiang, marche au nord-ouest de la Chine. Contrairement au Tibet le Xinjiang recèle des ressources naturelles indispensables au développement du dragon industriel chinois. De l’énergie, avec les plus importantes ressources en hydrocarbures des provinces chinoises mais aussi 40% de son charbon, ses plus importants gisements cuivreux et de nombreux minerais et métaux, sans oublier des réserves aurifères conséquentes.
En 2008 le Xinjiang est devenu la deuxième région productrice de pétrole en Chine avec 27,4 millions de tonnes (Mt) de brut extraits, derrière la province d’Heilongjiang (40,2 Mt) et son complexe historique de Daqing. La hausse régulière de sa production devrait porter celle-ci à 28 Mt en 2009. A terme le Xinjiang devrait surpasser l’Heilongjiang dont les gisements matures s’épuisent.
Les réserves prouvées en hydrocarbures de la région ouïgoure atteignent 3,9 milliards de tonnes de pétroles et 1,4 trillion de m³ de gaz naturel. Ses réserves estimées sont de respectivement 20,9 milliards de tonnes de brut et 10,8 trillions de m³ de gaz. La région détient donc un quart des réserves de gaz de la Chine continentale, mais sa production actuelle ne dépasse pas 14% de son offre globale.
Deux grands champs pétrolifères de la région autonome Xinjiang projettent de développer leurs réserves d’hydrocarbures et d’augmenter leur capacité de production dans les années à venir. Le champ pétrolifère de Karamar pourra produire 16 Mt de pétrole brut et 10 milliards de m³ de gaz naturel par an d'ici à 2015, a déclaré Chen Xinfa, Pdg de Xinjiang Oilfield, filiale de China National Petroleum Corporation, raporte l’agence Xinhua. Ce champ, dont la production s’accroit régulièrement, a produit 12,2 millions de tonnes de pétrole en 2008.
Le champ pétrolifère de Tahe, détenu par Sinopec, l’autre grand des hydrocarbures en Chine, sera capable de produire plus de 10 Mt de brut d'ici à 2010, contre 6 Mt actuellement.
Sinopec projette d'y investir 1,43 milliard de dollars en 2009 afin d’y porter sa production à 6,59 Mt de pétrole brut et 1,21 milliard de m³ de gaz naturel. Ces deux projets sont situés dans le Bassin Junggar, dont les réserves de pétrole et de gaz sont estimées à 10,7 milliards de tonnes.
Le Xinjiang est aussi la première région charbonnière (toutes qualités confondues) de Chine. Elle détient 40% de ses réserves de charbon, soit 2,2 trillions de tonnes. Sa production devrait atteindre 80 Mt en 2009 pour grimper à 150 Mt en 2010, affirme Xinhua. Shenhua, la première société chinoise du secteur, va consacrer 5,5 milliards de dollars à un plan de 5 ans destiné à porter sa production annuelle de 16,8 Mt en 2008 à plus de 60 Mt. Ce charbon alimentera des centrales thermiques et un centre de liquéfaction. Le numéro deux chinois du charbon, China National Coal Group, a abandonné un projet en Heilongjiang pour investir prés de 15 milliards de dollars dans le Xinjiang. Ce programme de 5 ans visera, outre l’augmentation de la production de charbon, la production d’énergie, de produits chimiques et de méthane.
Un lieu de transit stratégique
Outre les richesses de son sous-sol le Xinjiang est un lieu stratégique pour l’importation d’hydrocarbures en Chine. Le pipeline qui amène du brut en provenance du Kazakhstan passe par son territoire, comme d’autres tuyaux délivrant des hydrocarbures en provenance du Turkménistan et de l’Ouzbékistan. En cas de problème majeur dans la mer de Chine, ou de fermeture prolongée du détroit de Malacca, le pétrole du Moyen-Orient pourrait transiter par l’Asie Centrale et donc par le Xinjiang. Un pipeline de 4 000 Km alimente ensuite directement Shanghai.
Pour transporter la houille noire de la région l’Etat chinois a annoncé la construction d’une ligne de chemin de fer à destination de l’est du pays. Les travaux devraient durer 3 ans.
La région développe également l’énergie éolienne. Avec l’une des plus importantes fermes éoliennes du pays, Dabancheng, le Xinjiang représente 20% de l’énergie éolienne chinoise.
Des richesses minérales importantes
La région autonome dispose également de vastes réserves minérales dont certaines, comme le béryllium, sont les plus importantes du pays. Sur les 171 minerais répertoriés en Chine, 138 sont exploitables dans la région (y compris de l’or et des diamants). Les principaux non ferreux, cuivre, nickel, plomb et zinc sont exploitables à grande échelle. Ses gisements connus de minerai de fer représentent selon les autorités un quart des réserves du pays.