sceptique a écrit :
Avec le déclin c'est le travail qui va disparaître progressivement, avec son corollaire : tous les biens et services que l'on peut acheter avec le salaire correspondant.
Bof, pas evident. Vrai si on reste dans la vision de la meme societe' qu'auparavant. Mais ce n'est pas ineluctable. Avec moins de mecanisation dans l'agriculture, il faudra davantage de main d'oeuvre dans les champs. Avec une vision sur le partage du travail et une taxation de ceux qui depassent un certain horaire, on peut repartir le travail disponible. Beaucoup d'inconnues sur ce point. Bien malin qui peut dire qui des facteurs positifs lie's a la desindustrialisation ou des facteurs negatifs lie's aux ruptures du systeme l'emportera.
Car il faut bien voir que c'est l'économie moderne avec ses flux, ses transports, économies d'échelle qui permet par exemple d'avoir 1 kg de vis ou clous pour un prix dérisoire. Ou encore des planches bien rabotées.
Evidemment, si la question est de produire la meme quantite' qu'aujourd'hui avec les memes buts, la reponse est non. Puisqu'on sera dans un contexte different, la societe sera differente. La question n'est pas de produire autant de clous qu'aujourd'hui, elle est de produire le nombre de clous correspondant a nos besoins, sans s'arracher au travail du matin au soir.
Sur les clous, c'est interessant, parce qu'Adam Smith en parle au debut de son livre "La richesse de nations". C'est donc avant les fossiles. On apprend qu'un ouvrier peut produire plusieurs milliers de clous par jour (je cite de memoire, a verifier). Ca correspond a mon avis a des productivites suffisantes pour vivre confortablement. Payer l'equivalent de 2 ou 3 jours de travail pour un millier de clous me semble tout a fait correct.
Le problème avec le déclin du pétrole c'est le double effet de ciseau : les salaires vont disparaitre, au minimum baisser, et les produits manufacturés augmenter en repassant du stade industriel au stade artisanal. Un exemple entre mille : un frigo exprimé en mois de salaire moyen a vu son prix divisé par 10 en qq dizaines d'années grâce à l'économie moderne. il faut s'attendre à refaire le chemin en sens inverse ...
Evidemment, on n'aura plus de frigo. Mais ce dont on a besoin, c'est de conserver sa nourriture, pas d'avoir un frigo. Un empilement de vieux pneus rempli de terre fait une tres bonne cave. Les conserves tiennent un an sans frigo.
C'est de la sans doute que vient notre desaccord sur le niveau de vie. Tu sous-entends par niveau de vie la consommation materielle d'aujourd'hui. Pour moi, le niveau de vie veut dire combien de temps on passe pour satisfaire nos besoins : nourriture, logement, transport pour voir nos amis, culture(livres ou autres).
Je ne suis pas certain que ce sera pire demain qu'aujourd'hui. En Roumanie, avant l'augmentation du niveau de vie selon tes criteres, chacun avait un logement. Aujourd'hui, a Bucarest, malgre l'augmentation du niveau de vie selon la comptabilite' officielle, la majorite' des gens ne peuvent simplement plus acheter un logement du tout.
Ce ne sont pas les ENR low-cost qui vont permettre de prendre le relais pour la fabrication de masse des produits manufacturés. Comment fabriquer 1000 (même une) locomotives avec ?
Toujours la meme reponse. Le probleme pour moi n'est pas de produire des locomotives, il est de permettre aux gens d'avoir suffisamment de mobilite' pour voir les gens auxquels ils sont attache's. Tant qu'on choisi d'identifier un besoin immateriel (=voir ses amis) a un besoin materiel (=avoir une locomotive), on est foutu. Il faut changer de logique, penser a une societe qui permette de satisfaire les besoins immateriels en utilisant le minimum de consommation materielle.