AJH a écrit :"il n’y a plus assez d’argent « réel » à la disposition des États"
C'est quoi l'argent réel à disposition des États ?
Anselm Jappe oublie que l'Etat est un redistributeur (bon ou mauvais là n'est pas le problème) des recettes perçues lesquelles sont possibles par la production, laquelle est (actuellement) seulement possible par le crédit.
L'argent réel, ça n'existe tout simplement pas: tout "argent" est la monétisation d'une dette (qui sera ou non remboursée)
Sur l'argent "réel", qui existe ou non, je voudrais me "confier" un peu, pour essayer de comprendre pourquoi "On" nous ment, pourquoi "ON" est incompétent (je crois que c'est plus lié à des œillères qu'à une mauvaise foi caractérisée)
En fait, la véritable richesse - m^me si elle est parfois mal mesurée, et m^me si on oublie, AJH a raison de le rappeler lorsqu'il parle d'ecococietalisme, certaines externalités négatives ou nuisances diverses - est la production de biens et services. Plus exactement, ce devrait être la capacité de production de biens et services, richesse réelle comme le dit Douglas (celui du crédit social), elle m^me égale à la consommation et à l'investissement, SI la pouvoir d'achat était correctement réparti.
Et c'est là le "grand secret".
En tant que prof à HEC, je me suis intéressé essentiellement - du moins dans mes cours de management - au problème de l'efficacité de la production et de la vente: pour faire court, aux coûts de production, à réduire, et à l'orientation clients (le marketing).
Dans les coûts de production, les frais de personnel - et les téaxes diverses - sont évidemment importantes.
En s'intéressant ainsi au côté offre (plutôt micro-économique, ou partiel) on oublie, ou on laisse de côté, la notion de pouvoir d'achat.
Bien sûr, au niveau macro-économique, on sait, ou on devrait savoir (en tant qu'économiste, je ne l'avais pas oublié, mais je l'avais laissé de côté) que m^me si une équation comptable (ex post) dit que les Revenus sont nécessairement égaux à la Production (dès lors que l'on met dans la Production les stocks d'invendus, pas de problème

, il peut y avoir quelques "menus" problèmes de répartition des richesses.
Mais de là à remettre en cause la façon de "distribuer" ce pouvoir d'achat, non: quelle horreur.
Face à ce "petit" oubli, il y a un oubli bien plus grave, je dirais même colossal, c'est celui du rôle de la monnaie. La plupart des économistes ne s'intéressent pas vraiment à la monnaie - qui n'existe pas vraiment en tant que telle dans les théories "orthodoxes" de l'équilibre général. On fait le plus souvent "comme si" la monnaie était un voile, parfois un peu perturbateur.
Il a vraiment fallu que je me penche - avec d'autres - sur la crise actuelle ("heureusement" qu'elle est partie du monde bancaire, sinon je serais resté aussi idiot, et je ne me serais pas intéressé aux écrits de A.J. H) pour aborder, d'abord, le problème des intérêts, puis des revenus, et enfin de la monnaie.
Hier, Bertrand et Hollande se sont plus ou moins écharpés sur ce que la France devrait faire: la monnaie n'a pas été abordée (du moins je crois).
On est revenu aux solutions classiques:
a) réduction de la dépense publique (j'y étais presque favorable il y a 2 ans, lorsque j'ai voté Sarkozy: je sais, c'est pas bien, mais vu les débats actuels, je ne suis pas sûr que je voterai différemment: peut être que je ne voterai pas du tout).
Cela diminuera peut être le déficit, mais au niveau du pouvoir d'achat des fonctionnaires, cela pose problème, je pense
b) partage du travail: tout dépend dans quelles conditions c'est fait
c) "relance" de la croissance.
On parle de méthodes "volontaristes", mais rien n'a été dit à ce sujet.
Quand j'étais "marxo-keynésien", en 1980, je parlais de la relance de la consommation populaire: je me suis fait étendre à l'agrég. d'économie à cause de cela, je m'en souviens donc cruellement.
Maintenant que je suis "créditiste" (à la suite de Douglas et de Louis Even) je comprends un peu mieux la piste qu'il faut suivre.
1) s'attaquer au problème des dettes, privées et publiques, et en premier lieu régler le problème des dettes et des surendettés: imposer un taux d'intérêt "éthique", c'est à dire jamais supérieur au taux de croissance anticipé (corrigé de l'inflation envisagée, et à réactualiser ex post, après coup)
2) faire financer les investissements supplémentaires par l'état, jamais par les consommateurs (Douglas est plus clair sur ce sujet, on en reparlera sans doute)
3) faire en sorte que les capacités inutilisées, lorsqu'elles sont respectueuses de l'environnement et lorsqu'elles correspondent à de véritables besoins, soient remises en route, et que le pouvoir d'achat (octroyé éventuellement grâvce à un Revenu Minimu de Dignité, un "Dividende Social" ou un "Revenu d'Existence") permette d'avoir, en face, une demande solvable
4) tenter d'éviter un dumping social venant d'Europe de l'Est ou d'Asie, de deux façons possibles:
4.a) Faire une liste grise ou noire des pays "dumpants", et taxant les produits venant de ces contrées avec une tva sociale spécifique, pour éviter, ou freiner, les délocalisations (à l'image des paradis fiscaux, il y a des paradis sociaux, bien plus perturbateurs encore)
4.b) Emettre une monnaie "complémentaire", spécifique au REvenu Minimum de Dignité, ne permettant d'éacheter que des produits "made in France", voire "maade in Zone Euro" si Bruxelles nous laisse faire. On peut oujours émettre des billets de monopoly (monnaiepoly" et demander 'gentiment' aux fabricannts et aux commerçants de les accepter. Ce n'est pas contraire à l'Europe, dès que l'on n'appele pas cela "euros": "eurospoly" serait bien
En résumé provisoire, il y a des solutions:
5) si on met le
pouvoir d'achat au cœur de nos préoccupations
6) si on comprend que la vraie richesse, ce sont les biens et services "achetables", et il faut aussi que la monnaie soit "nationalisée", c'est à dire mise au service du bien commun.(deux solutions d'envergure, la
solution créditiste du crédit social - qu'il faudrait peut être rebaptiser "argent social" ou "monnaie sociale"-
la solution "mutualiste" du crédit mutuel - proche des expériences de type sel ou sol. Maurice Allais a aussi suggéré des solutions moins extrêmes, fort intéressantes aussi: AJH pourra mieux en parler que moi)
Cordialement, Bruno,
un libéral-social anti-capitaliste et anti-communiste, qui est pour la "libre-entreprise" TRES encadrée, et pour une réforme monétaire d'envergure, et pour un état transparent, régulateur. Voilà, vous savez presque tout maintenant