Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

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Yves
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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Yves » 28 janv. 2011, 14:52

Philippe a écrit :Désolé si ma prose est rébarbative, mais on n’explique pas des choses compliquées en quelques lignes avec des mots simples.
Ou là là, ne t'excuse pas, n'hésite pas à intervenir autant que tu le souhaite, tu es parfaitement compréhensible, tu as vraiment répondu aux questions que je me posais, et n'importe qui en lisant ce fil peut constater que tu as fait avancer le schmilblick.
S'il y avait ne serait-ce que 10% de posts en plus comme les tiens !!!

Bravo Philippe et +1 pour energy_isere
(j'aime bien opposer ce "diable dans les détails" à des sentences telles que "l'intendance suivra" (Napoléon/De Gaulle))
Trop tard, trop peu, trop cher, il n'y aura pas de miracle !!
Notre futur sera d'être la banlieue ouest de la Russie alors que celle-ci aura le regard tourné vers la Chine...

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Alter Egaux » 28 janv. 2011, 15:57

Yves a écrit :(j'aime bien opposer ce "diable dans les détails" à des sentences telles que "l'intendance suivra" (Napoléon/De Gaulle)
Effectivement. Et j'imagine que l'intendance ne suit pas toujours, si tu cites Napoléon et De Gaulle ...

Une remarque quand même, Philippe. Une chose m'a échappé sur cette phrase :
Philippe a écrit :Ce ballet de camions ne dure que le temps du forage (et des fracturations hydrauliques pour les puits de shale gas), et la zone tombe ensuite durablement dans l’oubli pour les 25 ans qui suivent.
Et comment distribue t on la production de gaz ?
Gazoduc ou ballet de camions, non ?
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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Philippe » 28 janv. 2011, 18:46

Alter Egaux,

je suis désolé, j'ai zappé une question. Le gaz est absolument toujours transporté par gazoduc entre les puits producteurs et le centre de traitement (l'usine à gaz où on traite le gaz afin de le rendre compatible avec le réseau : pression, point de rosée eau, point de rosée hydrocarbures). Je n'ai pas connaissance de cas où on transporte le gaz par camion : il faudrait le comprimer à des pressions énormes (500 bars ou plus) pour ramener les volumes à des valeurs acceptables, ce qui exigerait des récipients invraisemblablement lourds, et créerait des problèmes de sécurité considérables sur les routes.

J'ai vu, en Equateur, un truc marrant : le gaz naturel était utilisé sur place, dans des véhicules de chantier très ordinaires (pick-ups). A l'arrière du pick-up, il y avait quelques bouteilles de plongée, ou le gaz était injecté après compression à 200 bars dans une sorte de station-service où les véhicules venaient refaire le plein, et les véhicules roulaient avec ça. C'est la seule exception que je connaisse, et ça portait sur des quantités insignifiantes...

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par energy_isere » 28 janv. 2011, 18:52

Je pense que Alter Egaux s' embrouille avec le transport de Gaz par camion citerne lorsque le Gaz en question n' est pas du Gaz Naturel "méthane" = CH4 mais des condensats GPL qui sont des molécules à plus de carbone (essentiellement butane et propane) et qui sont liquides avec une pression relativement faible.
C 'est le GPL des voitures, le gaz des bouteilles Butane et Propane,(j' en ai une dans ma cuisine) et le Gaz qui va dans les citernes de jardin chez les particulier.
Rien à voir avec le CH4, comme le rapelle Philippe.

Ca reste une erreur fréquence et tenace. :-$

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Alter Egaux » 28 janv. 2011, 19:27

Philippe a écrit :Le gaz est absolument toujours transporté par gazoduc entre les puits producteurs et le centre de traitement (l'usine à gaz où on traite le gaz afin de le rendre compatible avec le réseau : pression, point de rosée eau, point de rosée hydrocarbures).
Merci. Mon doute est levé. Gazoduc donc en plus dans le paysage :

Image

On en fait probablement de plus esthétique...
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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par energy_isere » 28 janv. 2011, 19:31

Alter Egaux a écrit : On en fait probablement de plus esthétique...

A ma connaissance, en Europe les gros tuyaux de Gaz sont enterrés.
;-)

Exemple ici en France à Crépy en Valois :

Image

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http ... HoOezspcUB

Image

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par andre » 28 janv. 2011, 21:36

Bonjour,

Et merci à Philippe pour les infos (qui ne me rassurent qu'un tout petit peu...). Mais j'ai encore une petite question :
On parle dans le documentaire de séismes qui pourraient etre induits par la fracturation hydraulique. D'autres, comme Rady Ananda en parlent également :
Fracturation hydraulique, produits chimiques toxiques et augmentation de l’activité tellurique http://www.mondialisation.ca/index.php? ... aid=228081
Est il possible de garantir l'étanchéité du forage en cas de tremblement de terre ?

Cordialement,
André

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Philippe » 28 janv. 2011, 22:28

André,

Je n’ai pas la réponse à la question sur les risques telluriques. Je ne suis pas du tout spécialiste de ces questions. Je n’ai pas pu ouvrir le lien (message « cet article n’est pas disponible »).

J’aurais tendance à penser que la fracturation hydraulique n’est pas une opération assez puissante pour déclencher un tremblement de terre. Il est possible que l’ouverture d’une fracture, à 2 500 mètres de profondeur, soit perceptible en surface. Je ne sais pas s’il y a eu des travaux scientifiques sur le sujet. Ce ne doit pas être difficile à faire (placer quelques capteurs pour enregistrer les éventuels mouvements du sol, suivant un maillage à définir au droit du drain horizontal est une opération simple et peu coûteuse). Je vais voir si la profession travaille là-dessus.

En revanche, l’exploitation des gisements peut, elle, causer des tremblements de terre. On soutire du sous-sol des produits, surtout du gaz, (parce qu’en général le pétrole soutiré est remplacé par de l’eau), dont la pression aidait à supporter le poids de toutes les couches géologiques situées au-dessus. La réorganisation, en sous-sol, des roches privées de leur soutien gazeux sous pression, peut engendrer des tremblements de terre. C’est, par exemple, le cas à Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Pour en savoir plus, tapez « séisme » et « Lacq » sur un moteur de recherches. J’ai vu écrit que ces séismes ne pouvaient pas dépasser une magnitude de 3,5 sur l’échelle de Richter, mais j’ignore le crédit qu’il faut apporter à cette affirmation. Le fait de savoir si un puits peut résister à un séisme est une question importante, surtout dans une région comme Lacq, où le gaz brut est extraordinairement meurtrier (15% d’hydrogène sulfuré dans le gaz brut). Les sociétés pétrolières et les services de l’Etat ont dû se pencher ardemment sur la question. Là encore, je n’ai pas d’informations, mais je pense qu’ils ont dû conclure à l’absence de risques.

De façon anecdotique, les pétroliers ont remarqué depuis longtemps que les puits de pétrole produisaient davantage après un tremblement de terre. C’est un phénomène connu, et bien étudié notamment par les Russes. Les scientifiques ont apporté des explications à ce phénomène. Ce sont les mêmes explications que l’on apporte au constat que les puits situés près des voies de chemin de fer produisent davantage que les autres (les vibrations induites par le passage des trains, notamment les basses fréquences de quelques dizaines de hertz, fournissent en sous-sol une énergie qui aide à la redistribution des liquides dans les pores de la roche).

Je suis pétrolier, mais je suis surtout citoyen. Je ne cherche ni à rassurer, ni à inquiéter. Il est normal de se poser toutes ces questions. Leur apporter des réponses exige énormément de temps. Mon message, tiré d’une longue expérience, est que les risques principaux, pour l’environnement, proviennent plutôt des vieux puits (disons datant d’avant les années 1960) que des forages actuels, quel que soit l’objectif géologique de ces derniers. Les puits les plus anciens, en particulier, ceux du XIXème siècle, présentent le maximum de risques : ils étaient peu profonds, et les tubes n’étaient pas cimentés. Heureusement, la nature est généralement bien faite : les argiles traversées en cours de forage finissent généralement, avec le temps, par se refermer sur les tubes, restaurant ainsi une étanchéité douteuse (les argiles, comme le sel, sont des matériaux meubles) ; d’autre part, le soutirage des hydrocarbures fait chuter la pression dans les réservoirs, ce qui contribue à y confiner les hydrocarbures qui restent : leur énergie potentielle est insuffisante pour permettre leur remontée vers la surface. Cela dit, on trouvera toujours des contre-exemples. La flaque de pétrole en forêt de Haguenau (Bas-Rhin), montrée dans un reportage de l’émission 100% MAG sur M6, provient d’un vieux forage de la fin du XIXème siècle, mal bouché, et n’est pas, comme c’était affirmé dans le reportage, un suintement naturel. On se console en se disant qu’elle fait le bonheur des sangliers et de tous ces animaux sauvages heureux de venir s’y déparasiter.

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par phyvette » 03 févr. 2011, 23:00

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Silenius » 04 févr. 2011, 02:39

Bonjour philippe, j'aimerai savoir comment sont transmise les informations des capteurs de fond de puits vers la surface, c'est filaire, hertzien ou autre technologie ?

Philippe
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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Philippe » 04 févr. 2011, 09:42

Silenius,

Vaste question. Tout dépend de quelles informations on parle, et de quelle phase de la vie d’un puits on parle.

Lors de la réalisation du puits (l’opération de forage), on recueille une masse d’informations, de façon différente :

- les paramètres lisibles en surface : la vitesse d’avancement (les profondeurs se mesurent facilement), le poids sur le trépan (même remarque pour les poids), le niveau dans les bassins de boue de forage (instantané à constater, mais important pour savoir si le puits absorbe ou débite), la teneur en gaz hydrocarbure dans la boue de forage (mesurée au chromatographe en phase gazeuse, en continu, par le géologue).
- on peut équiper la garniture de forage (l’ensemble des tiges descendu dans le trou) d’un système de « measurement while drilling ». Dans ce cas, on peut remonter des informations plus complètes depuis le front de taille : capteur Geiger (qui signale les matériaux argileux ou pas), profil du puits (déviation éventuelle : angle et azimut), ainsi que d’autres paramètres de la roche traversée. La limitation principale est le coût. Le coût relatif est infime pour les forages chers en offshore profond, il peut être prohibitif pour un petit forage à terre. Le signal remonte par des ondes électromagnétiques de fréquence bien précise qui se propagent dans la boue de forage (des ondes « acoustiques » mais en milieu liquide).
- le géologue récupère des copeaux de roche broyée, en continu, les examine, les décrit, et les stocke pour les générations futures. Il tient compte du décalage de temps entre le moment où ils ont été détachés par le trépan et le moment où ils arrivent en surface (une heure ou deux, en général).
- en fin de forage, on descend, au bout d’un câble électrique de 11 millimètres de diamètre, des outils sophistiqués qui permettent d’obtenir une foule d’informations sur les niveaux géologiques traversés : ce sont les diagraphies électriques (en français) ou les logs électriques (en anglais). Ces mêmes outils permettent de vérifier la cimentation des cuvelages intermédiaires, par des procédés acoustiques (on tape dessus et on étudie si ça sonne creux ou pas – je schématise, évidemment).

Une fois le puits en production, on recueille moins d’informations. Certains puits sont équipés de capteurs permanents (pression et température). Dans ce cas, la mesure est transmise en surface par un câble électrique, qui remonte le long des tubes, à l’extérieur de ceux-ci. Pour les puits équipés de pompes électriques de fond, le câble de puissance est utilisé pour remonter les signaux des capteurs de température et de pression par remontée d’une onde électromagnétique de fréquence bien précise, qui est lue en surface après élimination du « bruit ». Sur les puits en pompage mécanique, on peut mesurer le niveau de liquide par procédé acoustique : on envoie dans le puits une onde sonore et on mesure son temps de retour (de la même distance que l’on détermine la distance à une montagne par le temps de retour de l’écho). Enfin, lorsqu’on a besoin de valeurs de pression et de température dans un puits à un moment de son histoire, on descend au bout d’un câble en acier ordinaire (3 millimètres de diamètre), des capteurs de pression/température. On peut les poser dans un réceptacle prévu à cet effet dans le train de tubes maintenu en permanence dans le puits et les y laisser séjourner autant qu’on veut, et les repêcher au bout du temps prévu. On récupère ensuite les données en surface (ce ne sont pas des mesures en temps réel). On peut juste aussi, les laisser pendus au bout du câble, mais en général la mesure est de courte durée, quelques heures. On récupère les données de la même façon. Enfin, il est possible de descendre des capteurs de pression et de température au bout du câble électrique (le même câble de 11 millimètres cité plus haut), pour avoir des mesures en temps réel. C’est beaucoup plus cher, et dans certains cas, difficile à mettre en œuvre, car on sait mal faire une étanchéité parfaite sur un câble toronné comme ce câble électrique (le câble de 3 millimètres est parfois appelé câble lisse, et il ne pose pas ce problème).

La liste n’est pas exhaustive, et les sociétés de services pétroliers (SCHLUMBERGER, HALLIBURTON et quelques autres), qui offrent tous ces services, développent leur offre en permanence.

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par marc0 » 04 févr. 2011, 14:15

un petit article en lien avec les scenarios du GIEC pour quelqu'un qui se reconnaitra : http://www.climat-evolution.com/article ... 39269.html
:mrgreen: (beaucoup d'humour et d'intelligence ce meteor)

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par Alter Egaux » 04 févr. 2011, 16:36

marc0 a écrit :un petit article en lien avec les scenarios du GIEC pour quelqu'un qui se reconnaitra : http://www.climat-evolution.com/article ... 39269.html
:mrgreen: (beaucoup d'humour et d'intelligence ce meteor)
Mais mon but est de mettre en garde contre certaines sirènes sceptiques qui instillent constamment le doute sur les possibilités réelles d'atteindre les scénarios d'émissions les plus pessimistes du GIEC.

Et donc, par voie de conséquence, des augmentations de température pour la fin du siècle et les siècles suivants réellement dangereuses (plus de 4°C en global, plus de 6°C en France, plus de 10°C en Arctique) pour la planète et ses habitants.
Ce qui veut dire que le GIEC a malheureusement un scénario catastrophe qui tient la route...
Etape n°1 : Les africains nomment le pétrole : la "merde" du diable.
Etape n°2 : Restons cool, le PO arrive...
Etape n°3 : "Mais à cet endroit, en ce moment, l'humanité, c'est nous, que cela nous plaise ou non", Samuel Beckett

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par energy_isere » 04 févr. 2011, 22:09

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Re: Le shale gas (Gaz naturel de shistes)

Message par jml34 » 05 févr. 2011, 00:35

Merci beaucoup Philippe pour toutes ces explications =D>

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