Bonjour,
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La fumée noire qui s'échappe des ruines du bâtiment réacteur 3 ?
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Si personne ne veut se lancer dans les explications, je vais vous donner un ordre d'idées.
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TEPCO avait annoncé piteusement que les coeurs nucléaires 1 2 et 3 étaient "très probablement" en
cours de fusion. Bin voyons.
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Pour ce qui est du BR-3 (ou plutôt de ce qu'il en reste), il faut savoir que comme ces réacteurs
BWR/REB de General Electric se chargent par la partie supérieure (après avoir démonté un fond
hémisphérique qui "enferme" l'enceinte de confinement dite "Mark 1 - Drywell Torus", on accède au
fond supérieur du réacteur pour le recharger en combustible, il faut au passage retirer les
assécheurs de vapeur pour pouvoir accéder aux assemblages de combustibles. Pas pratique !
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Le réacteur est une enceinte de 5,5 mètres de diamètre pour 20 mètres de hauteur.
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Si le combustible a fondu (rupture de la 1ère barrière de confinement, celle en alliage de zirconium
de 0,86 mm d'épais seulement), on obtient une masse informe, liquide, compacte, de plus en plus
chaude : le "corium". Température de fusion 2800°C.
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La cuve du réacteur est en acier, épaisse de 140 mm (corps cylindrique), sûrement dans les 200 mm
d'épais pour le fond inférieur. Celui-ci est percé d'environ 150 trous, pour permettre le passage
étanche à l'eau surpressurisée (290°C à 90 bars) des barres de contrôles.
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L'acier fond à 1530°C, le fond du réacteur est en train de se transformer en passoire.
Deuxième barrière de confinement, sur quatre.
Pour moi, la fumée noire est le signe que le corium a perforé la cuve, et retombe sur...
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...le système de commande des barres de contrôle, qui est un système hydraulique. C'est donc des
centaines de litres d'huile à vérin qui sont très certainement en train de brûler.
Source :
http://i.imgur.com/CckjP.jpg
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L'HOMME DEBOUT DANS LE TORE DONNE UNE IDÉE DE L'ÉCHELLE ET DE L'ÉPAISSEUR DES MURS.
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"DÉTAIL D'IMPORTANCE" :
http://sciences.blogs.liberation.fr/.a/ ... ceb970d-pi
ABSOLUMENT PERSONNE N'A REMARQUÉ UN ÉNORME TROU DANS LA TOITURE DU BÂTIMENT DES MACHINES, CELUI
CÔTÉ MER, QUI JOUXTE LE DÉFUNT BR-3.
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Si on compare la taille et la forme du trou, avec une voiture garée sur le site, le trou mesure
environ 10 x 12 mètres d'ouverture. Pour plier les tôles du toit de la salle des machines de cette
façon, il faut un objet volumineux... Et comme par hasard, il faut un fond de forme "elliptique"
pour achever de cloisonner l'enceinte de confinement !
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Pour se faire une idée de la taille de cette pièce-maîtresse de chaudronnerie, allez voir ici :
http://www.tva.gov/75th/images/timeline/KX-8742.jpg
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IL EST BIEN ÉVIDENT QU'UN TEL COMPOSANT NE VA PAS FAIRE DES KILOMÈTRES DANS LES AIRS !
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Ceci pour dire que la colossale explosion du BR-3 N'EST PAS une "explosion d'hydrogène". Les BR-3
et 4 sont complètement soufflés, les parois verticales en béton armé ont été soufflées, découpées
par "l'effet de cisaillage" avec les murs et les étages attenants. Cette explosion là, c'est le
relâchement de la vapeur contenue dans le réacteur, rien d'autre.
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On est donc dans une catastrophe bien plus grave qu'à Tchernobyl : relâchement majeur de polluants
durables, réacteurs 3 et 4 éventrés, site à l'abandon, exiguïté et état des voies de communication
et de logistique...
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Le danger dans les jours à venir, c'est une explosion genre "super-bombe A" car si le combustible
est resté fondu, dans le fond du réacteur, la vapeur libérée a juste "soufflé" du béton, d'où la
couleur de la colonne. Tchernobyl-4 avait éjecté "mécaniquement" son combustible et son graphite.
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Ici, cette fumée noire montre que quelque chose de "combustible et de fuligineux" est en train de
brûler, ET SURTOUT qu'il y a de l'air : le BR-3 est complètement ruiné, inaccessible, mais laisse
passer de l'air : la fumée s'élève tranquillement, et de la manière la plus diffuse qui soit !
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Et comme personne ne chauffent les BR au fioul, c'est pas du fioul qui brûle ! :X
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Le danger, c'est que cette "flaque" se répande sur une surface, et que le temps laisse la
décantation des matériaux se faire : le PuO2 du MOX en dessous (11,5 grammes/cm3), puis le UO2
(11,0 g/cm3) qui "surnage", puis seulement après le poison de fission, du nitrate de gadolinium
(Gd2NO3, dans ces eaux là..., puis juste au dessus la couche vitrifiée de tricarbure de bore, ce
qui constituait l'essentiel des barres de contrôle. Si la fusion des assemblages se fait "au goutte
à goutte", nul doute que ces gouttes brûlantes traverseront ce cocktail, ajouter de la masse
fissile à la masse fissile... où les neutrons ne sont plus contrôlés ni absorbés !
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Jusqu'au jour où la réaction en chaîne sera si violente qu'une "super bombe-A" illuminera le ciel
japonais comme ces jours maudits d'Août 45, et fera "table rase" du site, à la manière de l'essai
nucléaire "Seminole", sur une plage en 1956 (opération Redwing, atoll d'Eniwetok, 14 kilotonnes);
sauf que l'explosion pourrait être beaucoup plus puissante, vu la quantité de combustible impliqué
dans chaque réacteur...